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TOKYO 2020 - Pourquoi les chaussures de Karsten Warholm posent question après son record du monde détonnant

Glenn Ceillier

Publié 03/08/2021 à 13:01 GMT+2

TOKYO 2020 - Mardi, Karsten Warholm a explosé le record du monde du 400 m haies (45"94) pour s'offrir l'or aux Jeux Olympiques de Tokyo. Une performance explosive qui pose question, notamment sur ses chaussures. A quel point les modèles de nouvelle génération composés d'une plaque de carbone changent la donne ?

Karsten Warholm (premier plan) devient champion olympique du 400m haies en finale des Jeux, à Tokyo.

Crédit: Getty Images

Quand un record tombe, les questions suivent. Et elles peuvent être plus ou moins obscures. Tout dépend de l'athlète. De son passé. Son potentiel. Mais aussi maintenant de ses moyens techniques. Avec Karsten Warholm, tout le monde sait que l'on parle d'un phénomène. Le Norvégien est la référence du 400m haies depuis des années maintenant. Mais pour s'offrir l'or, le double champion du monde a quand même étonné en détruisant son record du monde avec un chrono de 45''94 (contre 46''70, établi le 2 juillet). Et si la rapidité de la piste tokyoïte y est peut-être pour quelque chose, les regards se tournent cette fois vers ses… chaussures.
Comme nombre d'athlètes, depuis que Nike a ouvert la boîte de Pandore en 2016 avec sa Vaporfly - qualifiée de "magique" après avoir cassé des barrières sur la route -, Karsten Warholm bénéficie de la nouvelle génération de chaussures, composées d'une plaque de fibre de carbone et d'une mousse ultralégère. Le Norvégien a ainsi travaillé avec Puma, son équipementier, mais aussi l'équipe de Formule 1 de Mercedes pour penser ses nouvelles pointes et la lame de carbone qui la composent. "C'est génial d'avoir pu bénéficier de l'expertise de Puma pour la fabrication des chaussures et de la science de Mercedes pour l'utilisation des matériaux", avait-il glissé mi-juillet au média norvégien VG. Mais il s'est mis quelques limites quand même.
Je pensais qu'il était important de garder une chaussure qui rende les résultats crédibles
A Tokyo, Warholm porte ainsi un modèle avec une plaque de carbone mais sans la mousse nouvelle génération, qui apporte un effet rebond. "Certes j'ai une lame de carbone mais on a voulu les rendre les plus fines possibles, ce que j'aime. Je pensais qu'il était important de garder une chaussure qui rende les résultats crédibles, ne pas rajouter une sorte de trampoline en dessous qui s'éloigne des valeurs de notre sport", a-t-il encore glissé.
Cependant, il est aujourd'hui difficile de mesurer l'impact réel de ces chaussures sur son record détonnant. "Il a couru avec les mêmes chaussures que lorsqu'il a battu le record du monde à Oslo le 1er juillet. Ces chaussures ont été approuvées après ce premier record. Et je ne pense pas que Puma a fait mieux que Nike", nous a d'ailleurs confié l'ancienne spécialiste du 800 m Ingvill Måkestad Bovim, qui est aujourd'hui l'expert athlétisme d'Eurosport Norvège.
Comme le confirment les athlètes, cette nouvelle génération de chaussures change toutefois la donne. Depuis leur apparition, une nouvelle ère s'est ouverte. Les chronos descendent. Et les records tombent. Pour les performances sur route, les études ont ainsi confirmé un gain en efficacité d'environ 4%. Et sur la piste, il n'y a pas encore assez de recul pour avoir des données parlantes. Mais les temps ne mentent pas.
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Bolt : "J’aurais certainement couru beaucoup plus vite. Sous les 9"5 secondes sûrement"

Interrogé sur le sujet en juillet dernier par le Guardian, Usain Bolt a été clair. "J’aurais certainement couru beaucoup plus vite. Sous les 9"5 secondes sûrement. Sans aucun doute !", a lancé l'ancienne star du sprint mondial. "Sur 800, mon record personnel est de 2'05 mais quand je mets mes spikes, je peux gagner 5 secondes", a encore lancé le Jamaïcain.
Confronté à cette révolution technologique et incapable de tout stopper à quelques mois des Jeux, la fédération internationale d'athlétisme (World Athletics), qui devrait se pencher à nouveau sur la question après Tokyo 2020, a tenté tout de même de légiférer pour ne pas voir de trop de différences entre les athlètes. Elle a ainsi limité le nombre de lames de carbones et la taille des semelles (ndlr : 20 mm d'épaisseur pour les sprints et sauts, sauf le triple, 25 mm pour fond et demi-fond, et triple saut ou 40 mm pour la route).
Toutes les marques ayant suivi l'exemple de Nike, les modèles "next gen" sont cependant très nombreux, avec des caractéristiques propres qui rendent les choses difficiles à analyser. "C'est flou, c'est un truc quasiment mystique, on ne sait plus qui porte quoi, qu'est-ce qu'il y a dans la chaussure. On va vers une individualisation de la chaussure. Au départ, je pensais analyser la plupart des courses pour savoir qui portait quoi, j'ai laissé tomber, il y a trop de références, ça va trop vite", a reconnu à l'AFP Vincent Guyot, étudiant-chercheur à l'Insep spécialisé dans le domaine.
Avec ces nouvelles pointes sur le tartan, l'athlétisme est donc bien entré dans une zone floue comme l'a confirmé la finale de Karsten Warholm. Ce qui ne nous a pas empêchés de vibrer devant sa performance dingue. Même s'il y a quelques questions sans réponse suite à son record.
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