Une inconstance cruelle

A quel moment la France va-t-elle se réveiller et enfin comprendre qu'il faut jouer un match pendant 40 minutes pour mettre toutes ses chances de son côté ? On pensait que les matches couperets permettraient aux Bleus de se mettre un peu de plomb dans la tête. Lors des premières phases, les défaites contre la Slovénie et face à la Lituanie avaient déjà été un bon rappel à l'ordre. C'était présumer de la capacité des Français à apprendre de leurs erreurs.

En deux jours, la Russie et surtout la Croatie sont encore venus profiter des errements tricolores dans le domaine de la concentration pour leur donner une leçon. Inexorablement, les Bleus continuent de jouer de la même manière. Par séquences. Cinq minutes intéressantes suivent bien souvent cinq minutes plus critiques. Au grand bonheur de leurs adversaires. Car si les Français ne savent toujours pas se mettre à l'abri en appuyant au moment où ça fait mal, les autres formations européennes le font à la perfection.

Samedi, la Croatie a ainsi profité de la mise en route catastrophique française pour retourner aux vestiaires avec 16 points d'avance. Après, la réaction ne suffisait plus. "C'est une très grosse déception, avoue Florent Pietrus. On pensait qu'on pouvait faire mieux aujourd'hui, montrer un meilleur visage. Mais encore une fois, l'envie était chez l'équipe adverse". Un constat plus qu'inquiétant. Et qui amène une question : Comment les Bleus ont-ils pu manquer d'envie sur un match qui pouvait pourtant les envoyer aux Jeux ?

La réponse est toujours en suspens. Personne n'ose avancer d'idée. Pourtant, le comportement français commence visiblement à créer certaines distensions dans le groupe. "C'est une honte, a ainsi réagi l'ailier naturalisé Tariq Kirksay. Lorsqu'on représente le pays, on se doit de tout donner, ça n'a pas été le cas, c'est très décevant. Je ne comprends pas, chacun a sa propre façon de faire pour se motiver, je ne peux pas parler pour les autres mais je ne comprends pas." "Je suis désabusé, renchérit Yahouhba Diawara. A mon avis, il vaut mieux mettre de l'intensité à 0-0 que lorsque l'on a 15 points de retard. Surtout que l'on sait que nous possédons une capacité physique supérieure à tous nos adversaires".

Des déclarations qui en disent long de la part de deux joueurs qui découvrent l'équipe de France cet été et le profil mental atypique du groupe. Cette équipe manque d'ailleurs cruellement d'un joueur d'expérience capable de montrer le chemin à suivre dans les moments difficiles. A la Antoine Rigaudeau en 2005. Mais voilà, au bord du fiasco, la France n'a plus le temps de faire une analyse psychologique. Dans l'expectative ("Je pense pourtant que les joueurs entrent déterminés dans le match. Il n'y a pas de comportement de fuite.") et peut-être menacé en cas d'échec dans sa quête des Jeux, Claude Bergeaud va devoir vite trouvé un électrochoc pour remobiliser son équipe. Car rien ne dit que la bande à TP est suffisamment traumatisée pour enfin passer la vitesse supérieure sur 40 minutes...