France, et maintenant...

La montagne était trop haute. A l'image d'un Gaël Monfils à l'US Open confiant avant de défier Rafael Nadal en 8e de finale, l'équipe de France pensait croiser une Espagne diminuée, pleine de doutes, en un mot : prenable. La punition a été aussi explicite qu'elle vienne de New-York ou de Katowice. Le sport espagnol surfe sur une dynamique unique et la France ne peut que constater les dégâts. Question de génération, de joueurs dominants aussi...

En frôlant parfois le ridicule face à Pau Gasol (28 points) et ses coéquipiers, la bande à Parker a touché ses limites. Forte de six succès lors des tours précédents, on la pensait capable de relever le défi ibérique. Mais le basket impose sa logique aussi vite qu'elle impose ses centimètres dans la raquette. Sans pivot dominant, sans véritable artilleur à trois points, à l'inverse des champions du monde, la France avait tout axé dans cette compétition sur son jeu défensif, sensé la prémunir pour survivre le plus longtemps possible.

L'Espagne a fait voler en éclats la planche de salut française. Sans cette base sur laquelle les Bleus ont articulé chacun de leurs succès jusque-là, l'édifice s'est effrité petit à petit devant l'impact physique adversaire. "A partir du moment où nous n'avons pas la bonne attitude défensive dès le début, tout devient plus compliqué", avance avec lucidité Flo Piétrus. "Les Espagnols avaient parfaitement ciblé Tony et notre jeu offensif. On ne peut pas espérer grand chose quand on ne parvient pas à limiter le rayonnement d'un joueur comme Pau Gasol", explique Vincent Collet.

Pau Gasol responsable de tous les maux français ? Cela serait bien léger comme explication. Si le pivot des Lakers a écrasé de sa classe cette rencontre, le quart de finale a surtout pointé du doigt les lacunes d'une équipe qui, de compétition en compétition, ne comble pas ses carences. Athlétique mais pas si physique que ça, la France fait encore et toujours avec les moyens du bord. On s'interrogera un moment sur le fait d'avoir coupé Johan Petro, seul joueur de 2,14m, pour un Ian Manhinmi, blessé et donc totalement inutile dans la rotation. D'autres évoqueront les absences de Joakim Noah, combattant défensif émérite mais doté d'un jeu offensif limité ou bien encore de Mickaël Piétrus, capable de faire exploser quelques défenses de zone. Le frère de Flo a déjà joué en bleu sans que cela soit toujours salué de succès. L'excuse des absents ne tient donc pas.

Derrière la sensation d'avoir déjoué et surtout d'avoir réduit à néant deux mois de préparation, les Bleus ont encore une mission de la plus haute importance à remplir. "On n'a pas le droit de lâcher maintenant, clame Tony Parker. Ok, on venait jouer la médaille et pas une place de classement, mais 2007 (NDLR : Les Bleus avaient totalement déjoué, ratant les Jeux Olympiques) doit nous servir pour éviter de commettre les mêmes erreurs". Pour Vincent Collet : "Nous avons besoin d'enrichir notre jeu. On peut être confiant pour la suite mais à condition d'aller au Mondial. Ne pas se qualifier serait une catastrophe." Repartir au mastic sera évidemment la clé de la réussite des Français. En se servant de l'expérience passée et en revenant à des fondamentaux défensifs primordiaux pour exister, la France peut espérer voir la Turquie en 2010. Il reste deux matches à jouer et un seul à gagner, pas insurmontable pour une équipe qui doit désormais montrer qu'elle a du coeur et surtout de l'orgueil.