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EUROBASKET - Avant France - Italie - "Que tout le monde la ferme" : Rudy Gobert, les critiques comme essence

Glenn Ceillier

Mis à jour 14/09/2022 à 15:11 GMT+2

EUROBASKET - Rudy Gobert a sorti un match mémorable face à la Turquie pour permettre aux Bleus de retrouver l'Italie en quarts. Mais s'il monte en puissance, certaines critiques demeurent. Le pivot des Bleus reste cependant focus. Conscient de son apport et de ses qualités tout en laissant les autres mettre les points sur les i devant les micros, à l'image de la sortie de Timothé Luwawu-Cabarrot.

Rudy Gobert tra Nicolò Melli e Achille Polonara, Italia-Francia, Olimpiadi di Tokyo 2020

Crédit: Getty Images

20 points et 17 rebonds ! Un chantier contre la Turquie marqué par une claquette décisive. Un double-double de moyenne depuis le début du tournoi (14 pts, 10.3 rbds). Et un rôle de leader dans cette équipe de France pour compenser l'absence de cadres d'envergure. Malgré cette performance remarquée et des statistiques ronflantes après des premières sorties plus discrètes (ndlr : 11 pts contre l'Allemagne, 8 pts contre la Lituanie), Rudy Gobert ne fait toujours pas l'unanimité. "Il y a énormément de pression sur lui. Son match nous rend tous fiers, a lancé Timothé Luwawu-Cabarrot après le huitième de finale dans des propos repris par l'AFP. Que tout le monde la ferme, ceux qui parlent, disent qu'il ne mérite pas".
Sur les réseaux sociaux ou sur des plateaux aux Etats-Unis notamment, la star des Bleus voit encore des critiques fleurir. Aux yeux de certains, son début de compétition était trop timide. Et son jeu offensif reste trop limité. "Oui, Rudy doit progresser dans certains aspects. Mais he-ureusement qu'il a des progrès à faire, répond Jacques Monclar, consultant de BeIn Sport notamment sur la NBA. Je le trouve aussi plus 'copain' avec le ballon en NBA que ce que je vois cet été. Car il y a moins de place ici. C'est dur à expliquer mais il faut prendre en compte les trucages défensifs adverses, les dimensions du terrain, le rythme, les habitudes du jeu… (..) Dans le basket FIBA, on a parfois l'impression que le terrain est trop petit pour les 'Big Men'".
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Rudy Gobert et les Bleus sont passés tout proches de l'élimination face à la Turquie

Crédit: Imago

Il faut le considérer des deux côtés individuellement
Si les caractéristiques du jeu FIBA n'aident pas forcément Rudy Gobert à s'exprimer au mieux - même si Vincent Collet tente de mettre en place des systèmes pour lui permettre aussi de s'illustrer de l'autre côté du parquet -, tout le monde n'a pas conscience de cela. Et certains en attendent plus. Rudy Gobert n'est pourtant pas l'ovni Nikola Jokic, un géant de 2m11 aux mains en or et à la vision du jeu d'un meneur. Il n'a pas non plus l'alliage unique fait de puissance, fluidité et dextérité du phénomène Giannis Antetokounmpo, qui a cependant mis quelques années à avoir le même impact des deux côtés de l'Atlantique. Et il n'est pas non plus aussi fin techniquement qu'un Jonas Valančiūnas par exemple. Mais il ne faut surtout pas oublier tout le reste. Tout ce que la présence de Rudy Gobert change pour l'équipe de France.
Si les vice-champions olympiques possèdent la troisième défense des équipes encore qualifiées tout en étant la formation qui perd le plus de ballons (15,8 par match), ce n'est en effet pas pour rien. Avec sa science hors norme de la protection du cercle, le natif de Saint-Quentin force les équipes adverses à s'adapter. C'est vrai en NBA. Et c'est évidemment le cas avec les Bleus. "Il faut le considérer des deux côtés (ndlr : du terrain) individuellement, explique Jacques Monclar. Il n'y a pas débat mais il y a oubli. La défense est une partie du jeu. Souvent en basket, on ne considère le jeu que par le prisme de l'attaque. Il faut rappeler l'utilité d'un joueur de 2m16 avec 2m35 d'envergure défensivement. Dans la dissuasion, la prise de rebonds, les contres…".
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Rudy Gobert

Crédit: Getty Images

Je peux faire beaucoup mieux
Alors pourquoi certains continuent d'être si "exigeants" avec lui et ne se contentent pas de son apport déjà si précieux ? "Il y a peut-être sa communication et la compréhension des Français dont les références sont plus celles des highlights, de Michael (ndlr: Jordan) et de Kobe (Bryant). Des joueurs dominants de ce type-là", glisse encore Jacques Monclar qui a suivi la préparation des Bleus pour cet Euro pour BeIn Sport. Or avec son CV, fort de ses trois trophées de défenseur de l'année en NBA (2018, 2019 et 2021), et ses trois sélections à la grande messe des stars NBA – le All Star Game –, le natif de Saint-Quentin a changé de dimension. Ce qui peut expliquer les attentes énormes du grand public sur sa personne. Tout comme son contrat monstrueux (205 millions de dollars sur 5 ans) l'a mis encore un peu plus sous le feu des projecteurs et engendré des critiques encore plus acerbes à l'instar des sorties par exemple de Shaquille O'Neal ou plus récemment Tracy McGrady.
Alors qu'il annonce toujours haut et fort ses ambitions ("Je n'ai pas de médaille d'or encore. C'est notre but" lance-t-il sur le site de la FIBA), Rudy Gobert passe cependant outre. Focus sur son jeu et son équipe, le nouveau pivot des Minnesota Timberwolves se concentre sur ses objectifs et ses points forts pour tracer sa route. "Mon but est seulement de gagner. Les critiques sont là et le seront toujours", balaie ainsi l'ancien Choletais. Mais il reste perfectionniste. Et ne veut pas se satisfaire totalement de ce qu'il fait actuellement, comme il l'a reconnu après sa sortie contre la Turquie : "Je peux faire beaucoup mieux. Je ne suis pas vraiment content de mon match, j'ai 20 points mais je trouve que j'aurais pu en mettre 30, j'ai laissé trop de lancers francs (6/11 réussi, ndlr)".
Au fil du tournoi, Rudy est en train de devenir dominant
Faisant fi des mauvaises langues, Gobert avance donc toujours. Et compte bien confirmer sa montée en puissance face à l'Italie, qu'il avait dominée aux Jeux Olympiques l'été dernier au même stade de la compétition (22 pts, 9 rbds) tout en jouant son rôle de cadre dans cette équipe de France : "Quand tu bats une équipe trois fois en l'espace d'un an. Plus tu avances, plus tu peux te dire, inconsciemment, que ces matches vont être les mêmes, prévient ainsi "Gobzilla". Alors que non: on l'a appris à nos dépens contre l'Argentine à la Coupe du monde (2019)".
Si l'Italie peut poser quelques problèmes aux Bleus qui devront défendre plus large pour ne pas laisser les Azzurri prendre feu de loin comme face à la Serbie, Vincent Collet sait dans tous les cas qu'il pourra compter sur l'abattage de son pivot, bien épaulé sous les cercles par Moustapha Fall et Vincent Poirier. Un Gobert de plus en plus son avantage. "Au fil du tournoi, Rudy est en train de devenir dominant. Et ça fait partie de l'expression d'un Big Man", estime Jacques Monclar avant de conclure : "On peut dire tout ce que l'on veut de notre équipe et de Rudy. Mais en perdant 16 ballons par match, je constate qu'on est encore là. Et si on arrive à résoudre ça…"
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