L'inquiétude Jeanneau

La mission la plus dure est peut-être celle d'Aymeric Jeanneau ! Depuis la blessure de Tony Parker, le néo-Villeurbannais a la lourde responsabilité de faire oublier la star de l'équipe de France. Pour soulager ses joueurs, Claude Bergeaud n'a cessé de le répéter : personne ne peut remplacer Parker car Parker est unique. Pourtant, sur le parquet, le poste de point-guard est évidemment le plus regardé. Tout le monde se demande, comment les Bleus vont gérer le départ de leur maître à jouer ?

Sous le feu des projecteurs, Aymeric Jeanneau est rentré difficilement dans son Mondial. Après l'Argentine, on ne savait même pas s'il fallait le maintenir dans le cinq majeur. Incapable de trouver son rythme, trop timide en attaque et dépassé en défense, il semblait avoir dû mal à supporter la pression de son nouveau rôle de meneur titulaire. La rentrée convaincante de Yannick Bokolo paraissait annoncer son inévitable déclin. Mais sur un parquet, Jeanneau fait du Jeanneau. Et Bergeaud aime ça. Le sélectionneur des Bleus a décidé de maintenir sa confiance au Vendéen, malgré sa performance mitigée contre les champions olympiques.

Aujourd'hui, on comprend mieux pourquoi. Car c'est en son absence que l'on voit l'impact du joueur formé à Cholet. Ainsi, son forfait contre le Liban s'est fait cruellement ressentir. Sans lui, les Bleus n'ont pas su gérer le tempo du match et ont sombré. Jeudi pour son retour, il a remis tout le monde sur de bons rails. Dès les premières minutes de la rencontre face au Venezuela, il donné le ton. Lors de son premier retour sur le banc, les Bleus avaient déjà fait le trou (22 à 8). "C'est mon job. Je cherche à ce que l'équipe tourne bien. Je réfléchis. S'il faut courir je vais courir. Et inversement. Ma carrière s'est basée là-dessus et je continuerai à le faire", confie dans L'Equipe celui qui devait être la doublure de Tony Parker.

A l'approche des matches couperets, Aymeric Jeanneau a maintenant un rôle primordial en Bleu. Avec sa percussion et son sens du jeu, il est devenu indispensable. Malgré son manque d'adresse habituel (21% sur le tournoi), le seul meneur-organisateur de l'EdF a gagné sa place à la mène dans le cinq. Grâce à son expérience en Euroligue, il surclasse largement Bokolo, un arrière reconverti depuis un an, et Gomis. "Aujourd'hui, il faut qu'Aymeric soit sur le terrain. On est très handicapés à ce poste", avoue le sélectionneur tricolore.

Ce constat fait, Claude Bergeaud va passer sûrement des nuits agitées. Car son meneur n'est pas au sommet de sa forme. Loin de là ! Souffrant d'une inflammation au niveau de l'insertion de l'adducteur droit, le natif de la Roche-sur-Yon est toujours incertain pour le match des Bleus contre l'Angola, en huitièmes de finale. Et son absence pourrait peser lourd. "Nous espérons qu'il pourra jouer. Il a seulement pu faire des tirs vendredi. Nous déciderons dimanche de sa participation", annonce l'ancien coach de l'ASVEL.

En cas de nouveau forfait du futur Villeurbannais, le staff tricolore va devoir se décarcasser. Et ils n'auront pas beaucoup de choix. Surtout que Bergeaud refuse encore de repositionner Joseph Gomis en poste 1. A 21 ans, Yannick Bokolo est encore juste pour diriger une équipe au niveau international. Le dernier recours pourrait donc être Boris Diaw. Utilisé à la mène par moment lors des deux derniers matches, le meilleur passeur des Bleus pourrait évoluer plus longtemps que prévu en tête de raquette. "On sait qu'il peut jouer à tous les postes. C'est de la bonne concurrence", s'amusait Jeanneau jeudi.