Les Bleus ont oublié

Les revoilà ! Un an après sa cinglante défaite en demi-finale de l'Euro 2005, la France retrouve la Grèce. Avec en tête, l'un des épisodes les plus marquants de toute l'histoire du basket tricolore. Petit retour en arrière. Après leurs exploits contre la Serbie-Monténégro et la Lituanie, les Bleus de Tony Parker s'offrent une demi-finale contre la Grèce à Belgrade. Ils ont même un pied en finale continentale à 40 secondes du terme avec sept points d'avance. Puis tout s'écroule ! Incapables de mettre leurs lancer-francs, les Bleus craquent et laissent les Hellènes filer vers leur titre européen.

Tous les joueurs s'écroulent en larmes. La France du basket a son Séville (France-Allemagne 1982). Aujourd'hui, les Grecs sont de retour sur la route des Tricolores. Et tout le monde se demande dans quel état d'esprit nos jeunes bleus vont aborder ce nouveau match couperet. Les réactions sont très diverses. Certains des six survivants n'hésitent pas à feindre l'amnésie. "Qu'est-ce qui s'est passé l'année dernière? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler", lance Frédéric Weis. "La Grèce, oui c'est joli, il y a de belles plages", ajoute Boris Diaw.

Mais cela ne cache rien, personne n'a vraiment oublié. Les protégés de Claude Bergeaud, qui acceptent l'idée de revanche, sont surtout passés à autre chose. "J'ai digéré ça rapidement , avance Mickaël Gelabale. On va juste tout faire pour gagner ce match. Ca reste même une bonne expérience, car si on a sept points d'avance à une minute de la fin mercredi, je suis sûr qu'on ne va pas laisser filer." Et chacun veut se projeter vers l'avenir. "L'Euro c'est fini, embraye Diaw, c'était il y a un an, on ne va pas en parler tous les jours. C'est peut-être différent pour mes coéquipiers, mais moi je ne vis pas dans le passé."

Les jeunes tricolores ont donc tourné la page. A l'image de leur génération, ils ne restent jamais sur des détails et préfèrent avancer plutôt que de rester dans le passé. "C'est la structure sociale des jeunes d'aujourd'hui, pas seulement des basketteurs, qui fait ça, analyse le sélectionneur. Il y a ce côté zapping, allez on passe à autre chose. Quelque part c'est bien, car ça permet de rebondir. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait l'année dernière contre l'Espagne." Claude Bergeaud voit donc cela de manière positive.

Cette capacité à ne pas se soucier de l'avenir permettra peut-être aux coéquipiers de Florent Pietrus d'arriver sereinement sur le parquet. Car ils ont également un triste record à effacer. Voilà tout simplement 23 ans que les Tricolores n'ont pas battu les Grecs en compétition officielle ! La plupart des Bleus n'ont donc jamais vu une victoire française contre les Hellènes lors d'un tournoi. "Quand on rentre sur le terrain, on ne pense pas à tout ça, affirme pourtant le co-capitaine des Bleus. On pense d'abord à gagner pour nous. Après, si d'autres gens sont concernés, si on peut venger les anciennes générations, tant mieux." Décidément la France-Grèce de mercredi n'a rien d'une revanche...