Le renouveau d'Orlando

C'est l'histoire d'une franchise NBA qui a mis quatorze ans à se remettre de quatre lancers francs ratés*. L'histoire d'une équipe à qui l'avenir appartenait. Armé du pivot le plus puissant de l'histoire de la Ligue, véritable terreur des raquettes, des arceaux et de leurs supports, Shaquille O'Neal, et d'un meneur scoreur aux jambes de feu, Anfernee Hardaway, "Penny" pour les intimes, le Magic d'Orlando avait tout pour devenir la franchise de la fin des 90's. Et accrocher plusieurs bannières au toit de sa salle. A quelques jours de sa deuxième apparition en Finales NBA, Orlando - qui a vu le rival floridien, Miami, décrocher la timbale avant lui - attend toujours son premier sacre.

Clin d'oeil de l'histoire, c'est face aux Lakers qui, indirectement, sont la cause de la chute de la maison Magic, que les hommes de Stan van Gundy vont essayer d'effacer ces quatorze années de frustration. Certes, ce n'est pas Los Angeles mais Houston qui avait "sweepé" Orlando lors des Finales 1995 (0-4). Les Californiens ont néanmoins volé le Shaq au Magic. A l'été 1996, jugeant Orlando trop petit pour lui et ayant envie d'aller exporter ses talents artistiques à Hollywood, "Diesel" a préféré couper les ponts avec la franchise de ses débuts. Sans le "Big Fella", l'édifice floridien est rentré dans le rang, a joué les faire-valoir. Jamais très haut, jamais tout en bas. Avant de s'effondrer durant la saison 2003/2004.

Pire équipe de la Ligue (21 victoires - 61 défaites), les Floridiens ont fait contre mauvaise fortune bon coeur et décroché le gros lot lors de la draft. Avec son numéro 1, Orlando a longtemps hésité entre Dwight Howard et Emeka Okafor. Et a finalement opté pour le premier nommé, un beau bébé de 18 ans à peine, 211 centimètres sous la toise et quelques 120 kilos sur la balance. Le pivot, chrétien jusqu'au bout des ongles, a vite été comparé à O'Neal en raison de sa puissance. S'il n'a pas immédiatement eu l'impact de son prédécesseur, Howard, plus jeune que le Shaq à son arrivée dans la Ligue, a trouvé ses marques petit à petit et, aujourd'hui, s'apprête à disputer les quatre, cinq, six voire sept matches les plus importants de sa carrière.

Pour faire place nette à Howard, Orlando a montré la porte de sortie à Tracy McGrady et le front office a patiemment construit une équipe performante. Saison après saison, le Magic a ajouté une pierre à son édifice : Nelson, Turkoglu puis Lewis sont arrivés. Et Orlando a changé. Jusqu'à sortir LeBron James et sa bande en finale de la Conférence Est. Et peut-être de frustrer Kobe une nouvelle fois. Le Magic y croit. "On peut battre n'importe qui si on joue notre basket habituel", assure Howard. Shaq et sa bande le croyaient aussi. Cette bande, qui a mal terminé, ressemblait d'ailleurs comme deux gouttes d'eau au Magic 2009. Un pivot dominant entouré de mitraillettes. "On a l'impression de regarder un miroir, reconnait Darrell Armstrong, membre du Magic entre 1995 et 2003. Offensivement, les deux équipes sont les mêmes. (...) Ont-ils un Shaq ? Oui. Des shooteurs au périmètre ? Oui." La différence entre le Magic 1995 et celui de 2009 ? Après les Finales, elle pourrait se situer au niveau de l'annulaire.