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Finales NBA - Défaites, trahisons et cinéma : Cleveland, la ville maudite du sport américain

Alain Mattei

Publié 01/06/2016 à 23:40 GMT+2

FINALES NBA - Lors des NBA Finals, qui débutent dans la nuit de jeudi à vendredi, les Cavaliers ne vont pas seulement jouer pour le titre. Ils vont tenter de briser une malédiction aussi cruelle que solide pour la ville de Cleveland.

LeBron James avec Cleveland - 2016

Crédit: AFP

Il y a 1000 manières pour un supporter de se faire briser le coeur. À Cleveland, on a tout essayé. Tout ! Aucune équipe professionnelle de la ville n’a soulevé un trophée depuis 1964. Les Browns (NFL), Cavaliers (NBA) et Indians (MLB) cumulent 159 saisons sans le moindre titre. Mais le pire, c’est sûrement la manière. Entre ballons qui glissent, adversaires impitoyables, erreurs de casting et crises de couple, revue de détail de la malédiction qui plane sur l’Ohio.

"The drive", "The Fumble" et "The Shot"

Les équipes de la Forest City ne se contentent pas de perdre. Elles s’approchent d’abord du but, pour mieux briser le cœur de leurs fidèles. En 1981, les Browns sont à bonne distance pour marquer un coup de pied à 3 points et se qualifier pour le Super Bowl. Sauf qu’ils tentent une passe, qui est interceptée, alors qu’il restait moins d’une minute à jouer.
En 1987, c’est pire. L’équipe de football américain mène face à la mythique franchise de Denver. Cette fois, c’est John Elway qui les crucifie. Son équipe remonte 98 yards pour décrocher la prolongation, avant de s’imposer. La séquence est baptisée "The Drive". La saison suivante, même adversaire, nouveau scénario cruel. Cette fois, le coureur Earnest Byner laisse échapper le ballon alors qu’il allait égaliser. La ville est traumatisée par "The Fumble".
Sur les parquets, la vie est également cruelle. En 1989, au premier tour des playoffs, les Cavs tiennent leur qualification face aux Bulls. Sauf qu’il reste trois secondes à jouer, ce qui suffit largement à Michael Jordan pour signer “The Shot“, une des plus grandes actions de sa carrière.

Déménagements subis

À Cleveland, la tristesse ne s’arrête pas au coup de sifflet final. Tout commence en 1960, avec le départ de Rocky Colavito, échangé par la franchise de baseball des Indians alors qu’il avait réussi le plus de home runs en MLB l’année précédente. Depuis, “la malédiction de Rock Colavito” a scotché l’équipe au fond du classement. On parle aussi d’une malédition du Chef Wahoo, la caricature contestée par certaines tribus indiennes qui sert de logo à la franchise. Même s’il y a eu du mieux ces dernières saisons, le titre se refuse toujours aux Indians.
Le plus célèbre des Indians reste d’ailleurs… Charlie Sheen, qui a incarné un joueur dans deux films mettant l’équipe de Cleveland en scène !
En 1996, ce n’est pas un joueur, mais leur équipe que les supporters des Browns ont perdu. Mécontent de ne pas obtenir de l’argent public pour rénover le stade, le propriétaire de la franchise a emmené tout le monde avec lui du côté de Baltimore. Avec les joueurs et dirigeants piqués à Cleveland, ceux qui sont au passage devenus les Ravens ont depuis remporté deux Super Bowls. Les Browns, eux, sont revenus à la vie en 1999, mais ils n’ont pas gagné un seul match de playoffs depuis cette date.

"The Decision"

Mais le déménagement le plus violent et douloureux de cette histoire est peut-être celui que LeBron James a mis en scène le 8 juillet 2010, en direct sur ESPN, dans une séquence désormais légendaire et tout simplement appelée "The Decision". Ce soir-là, libre de tout contrat, le MVP annonce qu’il file à South Beach pour rejoindre son pote Dwyane Wade et le Miami Heat. Les réactions sont à la hauteur de l’affront subi sur une chaîne nationale.
Et bien entendu, encore une fois, loin de Cleveland (avec qui LBJ avait perdu une finale avant de partir), James remporte deux titres.

La quête du sauveur

Le quarterback est le joueur le plus important du football américain. Les Browns cherchent le leur depuis longtemps. Très longtemps. Cette quête a même donné naissance à un maillot aussi drôle que triste.
En tout, Cleveland a vu défiler 24 quarterbacks titulaires depuis 1999 ! Sélectionné au premier tour de la Draft 2014, Johnny Manziel, aka "Johnny Football", était le dernier sauveur annoncé. Résultat : deux saisons décevantes, des problèmes d’alcool, des accusations de violences domestiques, un licenciement, et une tournée des bars qui n’en finit plus... Au suivant.

Sauvés par le traître ?

Si le départ de LeBron James a fait si mal, c’est parce qu’il était l'Elu. D'un pays, d'un sport, mais surtout d'une ville. Natif de l’Ohio, premier choix de la Draft 2003, en Finals dès 2007, le King était le “Chosen One” ! C’est même tatoué sur son dos ! Sauf qu’être l’Elu ne garantit pas de prendre le bon chemin.
Ce sens de la destinée a rendu le départ difficile, mais elle a aussi accéléré le pardon. Car il y avait bien du bon en lui. À l’été 2014, James a appris de ses erreurs. Pas d’émission, mais un texte précis et complet pour annoncer son retour.
A photo posted by LeBron James (@kingjames) on Jul 11, 2014 at 9:29am PDT
Épaulé par Kyrie Irving et Kevin Love, il atteint les Finals dès sa première campagne. Mais la malédiction n’est jamais loin, et ses lieutenants finissent à l’infirmerie, le laissant trop seul en finale face à Golden State.
Mais cette saison est une nouvelle étape, peut-être enfin la bonne. Maintenant, il faut franchir une marche de plus et remporter les Finals 2016. Une marche énorme, puisque les Warriors sont peut-être la meilleure équipe de l’histoire. Finalement, c’est assez logique. Une malédiction si terrible a besoin d’un exploit épique pour être brisée.
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