"Me bonifier comme un bon vin français" : Mahinmi (s’)éclate enfin en NBA

Ça plane pour Ian Mahinmi. Promu titulaire chez les Indiana Pacers, le pivot français (29 ans) réalise actuellement le meilleur début de saison de sa carrière NBA. Il l’a confirmé mercredi, lors de la probante victoire de son équipe sur le parquet de Boston (91-102), permettant à son équipe d’engranger un cinquième succès en neuf matches et de se replacer dans la Conférence Est (7e). Ce succès, il y a grandement participé, avec ses 11 points (record égalé en 2015-16), 2 rebonds et 3 contres (autre record en saison égalé). Des stats dans la lignée de moyennes plus qu’honorables (7,3 points à 57,4% aux tirs, 5,1 rebonds et 1,8 contres en 23 minutes).

C’est armé du sentiment du devoir accompli que Mahinmi nous a ainsi répondu, quelques minutes seulement après le match, dans les vestiaires du TD Garden, comme il est de coutume en NBA. Les genoux glacés, le visage encore marqué par un match intense, il irradie tout de même la pièce. Le Rouennais se sent bien avec Indiana et ça se voit. "Je suis le pilier de notre défense. J’ai toujours été un bon intérieur défensif, sur les écrans ou les un-contre-un. Je base mon jeu là-dessus. Je trouve aussi des situations offensivement. Je suis sur un bon rythme", se félicite-t-il, tout en ne cessant de valoriser un collectif sans lequel il aurait bien du mal à exister et dont il vante les qualités. "L’effectif est vivant, on s’entend tous bien."

Si Mahinmi explose enfin au sein d’une NBA qui ne le reconnait pas depuis le début de la saison, c’est le résultat d’un été qui a bouleversé ses horizons et ceux de son équipe. Les dirigeants ont procédé à une profonde refonte de l’effectif. Exit Roy Hibbert, David West et Luis Scola, trois intérieurs expérimentés qui limitaient le temps de jeu de Mahinmi à la portion congrue. Alors si l’ancien intérieur du Havre et de Pau-Lacq-Orthez a regretté le départ de ceux qui "étaient devenus des frères après trois ans de vie commune", il a aussi immédiatement compris les perspectives qui s’offraient maintenant à lui. "Le coach m’a tout de suite indiqué que j’allais débuter la saison comme titulaire. L’été a été difficile au niveau affectif, mais sur le basket, ça a été intéressant pour moi."

Sans que cela ait un lien de cause à effet, puisqu’il avait déjà un programme musclé en tête, Mahinmi a bossé dur pendant l’intersaison. Accompagné notamment de George Hill, son voisin dans le vestiaire qu’il côtoie depuis leurs années communes à San Antonio, l’ex-joueur de Dallas a néanmoins adapté son travail à son nouveau rôle. "Quand j’ai su que j’allais débuter les matches, j’ai voulu ajouter du poids pour pouvoir assumer de jouer davantage de minutes. Mon corps est dur." Installé comme titulaire pour la toute première fois de sa carrière en NBA, Mahinmi croque dans cette occasion à pleines dents.

D’autant qu’avec l’arrivée de Monta Ellis et le repositionnement de Paul George en ailier-fort, Indiana joue à toute allure, ce qui tranche avec le jeu demi-terrain qui était sa marque de fabrique auparavant. Et ce n’est pas pour déplaire au numéro 28 des Pacers. "Ca convient parfaitement à mes qualités. C’est le jour et la nuit en comparaison avec la saison dernière. Il y a moins de jeu dos au panier, c’est tout face au cercle. On court, on court, on court." Lui le premier. "Je ne sais pas si je suis dans la forme de ma vie, mais c’est peut-être bien le cas (sourire)." A le voir enchaîner les allers-retours, claquer un dunk puissant sur la défense des Celtics ou se démultiplier en défense, il y a vraiment de quoi se poser la question.

Visiblement épanoui, Mahinmi ne se fixe désormais aucune limite pour la suite. "Il y a des voitures qui ont beaucoup de kilomètres au compteur. Moi, au contraire, j’ai l’impression d’en avoir peu. J’ai le sentiment que mes meilleures années sont à venir. Mon objectif est de me bonifier comme un bon vin français." De quoi aborder sereinement une échéance importante : son contrat avec Indiana arrive à son terme à l’issue de la saison. "J’ai ça dans un coin de ma tête, mais c’est loin en même temps." Loin, comme l’éventualité d’un retour en équipe de France auquel il ne croit plus vraiment. "Après l’été dernier, je n’y pense pas trop." Mais ça, c’était avant. Avant que Mahinmi n’entame sa métamorphose. Une mue qui n’a certainement pas échappé au staff des Bleus.