Draft 2017 : Frank Ntilikina, le jeune Français déjà prêt à briller en NBA

Pour Frank Ntilikina et son agent Olivier Mazet, c’est un marathon inédit de cinq jours qui a débuté dans la nuit de lundi à mardi. Dans la foulée du match 4 des finales de Pro A remporté par Strasbourg, le jeune homme a pris la route pour Nancy avant de rejoindre Paris en TGV. De là, il s’est envolé pour New York dans l’optique d’enfin préparer la draft NBA qui aura lieu jeudi soir. Une fois le nom de sa franchise connue, il devrait faire le chemin inverse afin de disputer le match 5 décisif contre Chalon. Avec pour objectif de terminer champion de France avant de traverser l’Atlantique pour de bon. Un calendrier complètement dingue.

Markelle Fultz, Lonzo Ball ou encore De’Aaron Fox... Des jeunes joueurs américains très talentueux présentés comme les meneurs de demain, ont eu l’opportunité de rencontrer plusieurs franchises, de passer des entretiens ou encore d’effectuer des essais ces dernières semaines. Pas lui. Ces gars-là seront très probablement sélectionnés avant le Français. Et pourtant, il est peut-être le mieux à même de réaliser une (très) grande carrière… qui a déjà débutée depuis deux ans chez les professionnels !

Car c’est là toute la différence entre le jeune prodige de la SIG et ses concurrents d'outre-Atlantique. Pendant que ces derniers défiaient des universitaires qui ne joueront, pour la plupart, jamais dans une ligue majeure, lui se faisait les dents en affrontant de vrais pros. Des vrais hommes, même. Tous les jours depuis ses 16 ans, âge auquel il a foulé le parquet de la Pro A pour la première fois, en avril 2015.

"On avait plein de joueurs blessés. Vincent [Collet, le coach de la SIG, NDLR] avait besoin de quelqu’un. Je me souviens qu’on jouait Boulogne-sur-Mer. Le gars est rentré sur le terrain comme s’il était avec nous depuis toujours. Honnêtement, c’était impressionnant", se remémorait son coéquipier Paul Lacombe lors d’un reportage diffusé sur SFR Sports.

Pour tous ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer Ntilikina (coachs, coéquipiers, agent), la maturité est le mot clé. A 12 ans, il visionnait déjà des discours évoquant la réussite et les efforts qu’elle implique. Il a suivi le modèle de ses grands frères, contraints d’assumer très tôt des responsabilités pour épauler leur mère qui élevait seule ses trois garçons. Elle leur a donné des principes, ils les ont repris à l’unisson. Aujourd’hui, le plus âgé est chirurgien, le cadet a ouvert son propre cabinet de kinésithérapeute et le petit dernier s’apprête donc à découvrir la NBA.

Ses qualités athlétiques et ses dimensions physiques sont les atouts les plus visibles. Avec son mètre quatre-vingt-seize et une envergure unique pour un arrière, même en NBA, Ntilikina a le profil parfait pour la ligue actuelle. C’est un meneur de grande taille capable de défendre sur plusieurs positions différentes. Un luxe. Mais ce qui le fait vraiment sortir du lot, c’est justement sa personnalité. Car elle le définit en tant qu’homme et donc en tant que basketteur. Sa maturité, par exemple, se retrouve sur le terrain.

Contrairement à la plupart des prospects de son âge, Ntilikina ne cherche pas à être juste bon ou à se montrer. Lui préfère faire gagner son équipe. Ses statistiques sont moins flatteuses (environ 5 points par match en Pro A) que celles des principales têtes d’affiche de la draft. Et c’est sans doute ce qui explique la cote plus élevée de jeunes joueurs comme Fox ou Malik Monk. Mais le Français est déjà prêt à contribuer au succès de sa future franchise des deux côtés du parquet. Rien que pour ça, il est peut-être l’une des plus belles affaires à saisir le soir de la draft.

Son (relatif) déficit d’agressivité en attaque lui a valu de rester un peu dans l’ombre des stars de cette cuvée de futurs rookies. Mais même sur ce point, il a fait des progrès. Sa confiance grandit jour après jour, match après match, et il monte en puissance. Il a par exemple parfaitement su assumer son rôle de patron lors de l’Eurobasket U18 remporté en décembre dernier. Tournoi qu’il a survolé à partir des quarts de finale pour s’octroyer le trophée de MVP en prime (31 points lors du match pour le sacre des Bleus). Aujourd’hui, son influence est telle sur le jeu de son équipe que certains estiment que les finales de Pro A dépendent de lui.

Peu importe l’organisation qui misera sur lui (il est pressenti aux New York Knicks en huitième position ou aux Dallas Mavericks, titulaires du neuvième choix), il ne sera sans doute pas une force offensive de premier plan dès ses premiers mois dans le championnat le plus relevé du monde. Mais peu importe. L’équipe qui osera tenter le coup fera le bon choix. La draft n’est qu’une étape pour Frank Ntilikina. Un tremplin vers d’autres objectifs, pas un aboutissement. Il est déjà structuré pour le très haut niveau. Il sait où il en est, qui il est et ce qui lui reste à accomplir pour vraiment réaliser son rêve : devenir un joueur majeur en NBA et en équipe de France.