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Une autre saison comme ça de Russell Westbrook (Oklahoma City) ? Non, merci !

Antoine Pimmel

Mis à jour 27/04/2017 à 12:37 GMT+2

NBA - La saison de Russell Westbrook restera comme l'une des plus époustouflantes de l'histoire sur le plan individuel. Mais au-delà des performances légendaires, le meneur du Thunder a consummé sa propre équipe de l'intérieur.

Russell Westbrook sous le maillot d'Oklahoma City en 2017.

Crédit: Getty Images

Let Westbrook be Westbrook… En français et dans un langage un peu plus grossier : foutons-lui la paix. Ce slogan, je l’ai serré fort, je l’ai défendu, je l’ai partagé. C’était une mentalité. C’était en 2014. Oklahoma City affrontait San Antonio en finale de Conférence. Une série de rêve. Si le basket est un art, toutes ses formes étaient représentées à travers cette affiche.
D’un côté, la symphonie rythmée, méticuleuse et parfaitement orchestrée des Spurs. De l’autre, les performances individuelles époustouflantes de deux des meilleurs joueurs du monde. Un constat saisissant. La force du collectif opposée aux individualités géniales mais, presque par définition, égoïstes. C’était tellement plus facile de prendre parti pour les Spurs. Le partage, la rigueur… des valeurs appréciées par la société. Oklahoma City était une équipe imparfaite mais c’est justement ce qui faisait son charme. Elle était à l’image de Westbrook. Frustrante, parfois. Excitante, souvent. Imprévisible, tout le temps. J’adorais.
C’était épique, quelle qu’en soit la finalité. Peu importe le résultat, finale, demi-finale, ça ne comptait presque plus. J’avais le sentiment que le public ne se rendait pas compte de la chance que nous avions, nous, fans de basket, d’être témoins des exploits uniques de deux superstars absolument phénoménales. Je voulais inciter les amateurs à profiter de ces moments, de les chérir avant qu’il soit trop tard… et je n’aurais jamais imaginé que tout ça allait se terminer par une signature de Kevin Durant à Golden State.
J’avais beau me douter que le Thunder n’allait pas gagner, je continuais à y croire à fond à chaque fois. Parce que regarder Westbrook, c’était comme être pris à la gorge. Tu ne savais jamais ce qui allait se passer. Juste que ça allait être cataclysmique pour l’adversaire ou sa propre équipe. Aujourd’hui, le regarder, c’est comme être pris en otage.
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Russell Westbrook et James Harden à l'issue de la série de playoffs entre le Thunder et les Rockets

Crédit: AFP

Russell Westbrook, le culte de l’excès

C’est devenu beaucoup trop prévisible. Autant pour les défenseurs adverses que pour le spectateur. Russ vient, il prend ses quarante tirs, marque ses 35 points, compile son triple-double et repart. Parfois ça passe, parfois ça casse. Et en playoffs, ça ne marche évidemment pas.
La saison du Thunder s’est officiellement terminée cette nuit. La fin d’un long one-man-show. Une tournée légendaire mais épuisante à suivre. Les statistiques sont historiques. OK, il est le deuxième joueur de l’histoire à finir avec un triple-double de moyenne. OK, il a battu le record d’Oscar Robertson en compilant 42 triples. OK, il sera sans doute élu MVP. Bravo. Mais Oklahoma City est sortie par la petite porte. Sans briller autrement qu’à travers son guide suprême. Westbrook est le meilleur mais il ne rend pas les autres meilleurs. C’est évident qu’il n’est pas le joueur le mieux entouré de la NBA.
Steven Adams et Victor Oladipo ont par exemple beaucoup déçu pendant les playoffs. Gagner avec André Roberson en deuxième option offensive sonne plus comme une blague et non comme une stratégie crédible. Sur ce point encore, les chiffres parlent en sa faveur. Sans sa seule superstar, le Thunder a pris l’eau à chaque fois. Mais c’est justement peut-être parce qu’il vampirise le jeu de son équipe que ses coéquipiers en perdent leurs moyens une fois livrés à eux-mêmes. A force de jouer pour lui et seulement pour lui, ils semblent en avoir oublié leurs propres qualités.
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Russell Westbrook, Oklahoma City Thunder, NBA 2016-17 (Getty)

Crédit: Getty Images

Toute la faute n’est pas sur Westbrook ou sur ses équipiers. Sean Fennessey, éditeur pour site US The Ringer, a su mettre les mots sur le paradoxe qui synthétise bien la saison d’OKC : “C’est possible d’être extraordinaire et d’avoir tort. C’est possible d’être une icône et d’être malavisé, d’être une source d’inspiration et d’échouer. C’est possible d’aimer Russell Westbrook et d’accepter qu’il est le problème.
J’étais un partisan du bonhomme à l’époque où il était la cible des critiques. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Oser remettre en doute sa façon de faire est devenu un exercice risqué. Car ses adorateurs sont de plus en plus nombreux et, comme leur idole, ils ne laissent pas la place aux reproches. Let Westbrook be Westbrook… Mais quel était le but de cette saison au final ? Elle restera à jamais dans les annales, certes, mais quel est le message à en retenir ? Quelle conclusion, si ce n’est que, oui, il peut faire tout, tout seul, sur un terrain de basket ? Quel est le projet pour la suite ?
Quand Kevin Durant est parti, personne ne voyait son ancien frère d’arme rester à Oklahoma City plus d’un an. Désormais, il est presque impossible de le voir jouer ailleurs. Très difficilement concevable de l’imaginer s’intégrer dans un autre système. Au Thunder, il est le système. Mais la franchise n’a pas fait un pas en avant dans son entreprise de reconstruction. Elle n’est plus imparfaite, elle est bourrée de défauts et de questions existentielles auxquelles elle n’a obtenu aucune réponse cette année. Parce que ses membres, dirigeants, coaches, joueurs, ont passé toute la saison à regarder un seul homme. Moi, perso, je ne peux plus.
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