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Boston, qu’est-ce qui coince ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 14/01/2019 à 12:22 GMT+1

NBA - Attendus aux sommets de la Conférence Est, les Celtics traînent à la cinquième place, loin derrière Toronto ou Milwaukee. Plus inquiétant encore, le vestiaire montre quelques signes de tensions depuis plusieurs matches.

Jason Tatum avec les Boston Celtics - 2019

Crédit: Getty Images

Le weekend a été pénible et mouvementé pour les Celtics et leur organisation. Le samedi soir, l’équipe s’inclinait une nouvelle fois contre un adversaire a priori plus modeste. Une défaite sur le fil, 103-105, contre le Magic. La deuxième de rang après un revers contre l’autre formation floridienne, le Heat. Là encore un match que Boston, armada phare à l’Est, est censé gagner. Des résultats décevants qui finissent par jouer sur les nerfs des cadres du groupe.
Kyrie Irving paraissait particulièrement agacé après la dernière possession de la partie à Orlando. Il n’a pas pu s’empêcher d’exprimer cette frustration, dès la sirène retentie, devant les caméras encore braquées sur les joueurs, en faisant de grands gestes en direction de Gordon Hayward. Son coéquipier, auteur de la dernière remise en jeu, avait servi Jayson Tatum. Le joueur de 20 ans a raté son ultime tentative pour arracher la prolongation tandis qu’Irving assistait à l’action, impuissant. Hayward a déclaré après coup que son meneur aurait souhaité que la gonfle arrive entre les mains du vétéran Al Horford.
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Gordon Hayward avec Kyrie Irving - Boston Celtics 2019

Crédit: Getty Images

Des vétérans et des jeunes talents pas sur la même longueur d’ondes

Toujours remonté après le match, l’ancienne star des Cavaliers a carrément vidé son sac devant les micros des journalistes. “Les jeunes joueurs ne savent pas ce qu’il faut faire pour gagner un titre. Ils ne savent pas ce que ça demande comme charge de travail au quotidien. Et s’ils pensent que c’est difficile en ce moment, alors que vont-ils penser que nous allons essayer d’atteindre les finales NBA ?” Une déclaration honnête et brutale qui illustre les différences – parler de division serait trop fort – entre les membres plus ou moins expérimentés de l’effectif.
Il n’y a peut-être pas (pas encore ?) de cassure dans ce vestiaire. C’est précipité. Mais les tensions sont-elles vraiment juste les conséquences des résultats… ou l’inverse ? Parce qu’il y a effectivement quelque chose qui ne marche pas pour l’instant. Les Celtics ne sont que cinquièmes à l’Est alors qu’ils étaient attendus beaucoup plus haut. Ils manquent de constance et alternent le bon et le nettement moins bon. Avec donc des petits signes de frictions qui se multiplient. Marcus Morris et Jaylen Brown s’étaient déjà pris le bec lors du match contre Miami. Au point où leurs camarades ont été contraints de les séparer sur le banc pour éviter que la discussion, devenue musclée, ne dégénère. Encore une fois une brouille entre un vétéran (Morris, 29 ans et 9 saisons NBA) et un jeune (Brown, 22 printemps).
Rien de très méchant. Les tensions sont logiques à ce niveau. Mais les joueurs les plus expérimentés de Boston ont critiqué – publiquement – les ambitions personnelles de leurs coéquipiers moins âgés à plusieurs reprises depuis le début de la saison. Ça a commencé dès octobre et ça continue encore aujourd’hui. “L’an dernier, il n’y avait aucune attente et tout le monde jouait de manière libéré“, poursuit Irving. “Mais cette saison, tout le monde en veut plus. (…) On manque d’expérience.” Il y a quelques semaines, il réclamait à ses dirigeants un ancien capable de s’imposer comme un cadre dans le vestiaire et à même de faire comprendre aux jeunes que “la saison est un marathon et non un sprint.” Il accuse, et il n’est pas le seul, certains de ses camarades de jouer un peu trop leur carte personnelle. Un peu comme quand il regrettait que chacun cherche à sortir de son rôle et à en faire plus.

Une équipe, plusieurs objectifs individuels

C’est vrai qu’il y a bien trop d’ambition individuelle au sein de cette équipe. Jayson Tatum cherche à montrer qu’il est déjà prêt à s’affirmer comme une superstar NBA après avoir bossé tout l’été avec Kobe Bryant (ce qu’il en a surtout retenu ? “Kobe m’a dit de shooter tout le temps“, avouait le troisième choix de la draft 2017). Jaylen Brown était perçu comme une valeur montante de la ligue et il doit confirmer. Terry Rozier, qui sera libre cet été (mais les Celtics pourront s’aligner sur les offres) veut prouver qu’il a le niveau pour jouer titulaire. Gordon Hayward est en quête de rythme pour assurer (ou se rassurer ?) qu’il est toujours l’ailier All-Star qu’il était avant sa grave blessure à la cheville. Al Horford, Kyrie Irving et Marcus Morris sont tous susceptibles de signer un nouveau contrat en juillet et ils ont donc tous intérêts à briller afin d’être en position de force lors des négociations. Ça fait beaucoup, non ?
Quasiment tous les joueurs majeurs du vestiaire sont concernés. Il y a comme une forme de lutte pour le pouvoir entre ceux qui ont déjà un statut en NBA (Irving, Hayward) et ceux qui cherchent à en avoir un (Tatum, Brown, Rozier). Les anciens veulent montrer aux jeunes comment cette ligue fonctionne mais les jeunes peuvent toujours leur rappeler que ce sont eux, en l’absence des cadres, qui ont mené cette équipe en finales de Conférence l’an passé. Sans Irving et sans Hayward. C’est d’ailleurs parce que Boston était allé aussi loin – défaite en sept manches contre les Cavaliers aux portes des finales NBA – sans ses stars que l’équipe était perçue comme la puissante dominante à l’Est.
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Terry Rozier, Marcus Smart et Jayson Tatum (Boston Celtics) à la fête lors du match 7 face aux Bucks de Milwaukee

Crédit: Getty Images

Des Celtics encore plus dangeureux quand ils sont outsiders ?

Parce que sur le papier, il y a énormément de talents. Et c’est exactement pour ça qu’il ne faut pas tirer un trait sur les Celtics. Il est trop tôt pour arrêter de croire à un effectif aussi chargé. Surtout avec un excellent coach, Brad Stevens, aux commandes. Et ce malgré la saison en demi-teinte de la franchise jusqu’à présent. Après tout, c’est d’abord une question de perspectives. Les Sacramento Kings font une excellente saison en étant à 22 victoires et 21 défaites. Parce qu’ils n’étaient pas attendus. Leurs résultats sont donc surprenants. Boston paraît en retrait avec un bilan de 25 victoires et 17 défaites. Question de point de vue.
Alors attention tout de même à la jurisprudence des Los Angeles Clippers de Chris Paul et Blake Griffin. Il y avait déjà là-bas une division – une vraie pour le coup – entre les jeunes et moins jeunes. CP3, plus âgé, tenait le même genre de discours que Kyrie Irving. La déchirure s’est faite progressivement, avec le temps, et les Californiens n’ont jamais atteint leur plein potentiel. Les stars ont fini par se détester. Chaque situation est différente. Ce n’est peut-être pas ce qui arrivera à Boston. Il y a tout de même déjà du mieux aux Celtics. Avant ces deux défaites, ils restaient d’ailleurs sur sept victoires en neuf matches. Une belle série qui avait justement été lancée par une énième réunion entre les joueurs pour mettre les choses à plat… N’empêche qu’Hayward continue de monter doucement en puissance (il a claqué quelques bons matches) et que la formation de Stevens a gagné 15 des 21 matches que Marcus Morris a disputé dans la peau d’un titulaire ! Il lui reste encore quelques mois pour trouver un équilibre et exploiter son énorme potentiel. En revanche, dans le cas contraire, une désillusion en playoffs pourrait marquer un peu plus les différences au sein du vestiaire. Dans tous les cas, le futur des Celtics s’annonce intrigant, excitant et parfois inquiétant.
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