Golden State, rouleau-compresseur infernal dans le troisième quart temps

Un premier trois-points de Stephen Curry. Puis un autre. Et un troisième, cette fois-ci en première intention, le ballon à peine réceptionné. Le double-MVP a pris feu en moins de deux minutes, débloquant ainsi la situation. Les deux équipes étaient à égalité 61 partout et les Warriors se sont soudainement retrouvés au contrôle, 72-63, quelques secondes et une pluie de paniers de Curry plus tard. Une situation absolument pas inédite. Les champions en titre nous ont habitués à de tels coups de chaleur. Notamment à des moments précis des matches et principalement dans les troisièmes quart temps.

C’est encore dans cette période clé, au retour des vestiaires, qu’ils ont fait la différence cette nuit. Un 33-15 passé en douze minutes pour recoller au score et reprendre l’avantage. Ils étaient effectivement menés de 11 points à la pause (de 54-43 à 69-76). Un scénario similaire à celui du match 6, quand les Californiens ont sonné la révolte en deuxième mi-temps. Avec un éclat du même ordre (33-16) dans le troisième quart temps. Ils avaient alors repris les devants pour finalement s’imposer. Exactement comme cette nuit. Et comme si souvent cette saison… et même les précédentes !

Golden State a la meilleure équipe du championnat et c’est particulièrement vrai à partir du troisième quart temps. C’est presque à croire que les hommes de Steve Kerr attendent la reprise du match pour vraiment exploiter leur plein potentiel et pratiquer leur basket le plus efficace. Les Warriors marquent 30,5 points en moyenne dans les troisièmes quarts depuis le début des playoffs. Seuls les Wizards font mieux (31) mais ils n’ont joué que six matches. Surtout, Kevin Durant et ses partenaires ont une marge nettement plus positive : +7,6 dans cette période. Soit nettement plus que n’importe quelle autre formation (à titre de comparaison, les Cavaliers pointent à -0,1). C’était déjà le cas pendant la saison régulière (30,2 points sur les troisièmes quarts temps avec +4,5 de différentiel, les références NBA). Ils sont aussi les plus efficaces en seconde mi-temps (+8,2) depuis le début des playoffs.

C’est donc Curry qui a sonné la révolte ce lundi. Il a inscrit 14 de ses 27 points dans le troisième quart temps. Soit à peine un de moins que les Rockets. Il a pris feu et Houston a coulé au même moment. Submergé par les tirs lointains de la superstar adverse. Les Texans n’étaient eux pas capables de mettre un panier à plus de sept mètres. Peut-être ont-ils craqué sous la pression. Ou sous la fatigue, à force de dribbler éternellement sur des longues possessions où James Harden a joué isolation sur isolation. Toujours est-il qu’ils ont raté 27 tentatives à trois-points consécutive. Pendant que les Warriors glaçaient le public du Toyota Center. Un cauchemar.

Alors comment expliquer les réveils soudains des joueurs d’Oakland ? Veulent-ils seulement jouer les deuxièmes mi-temps ? La question peut sembler absurde – et elle est volontairement exagérée – mais elle se pose. De plus en plus. Les Warriors sont trop forts. Sans doute trop au-dessus quand ils évoluent vraiment à leur meilleur niveau, même s’ils se sont fait peur sur ces finales de Conférence. En réalité, ils se sont surtout compliqué la tâche. Ça n’enlève rien au talent des Rockets. Mais les Dubs ont parfois juste manqué d’envie.

Jouer trois finales de suite (maintenant quatre), c’est éreintant. Routinier. Il peut être difficile de continuer à se motiver. Les joueurs eux-mêmes le reconnaissent. Cela demande un mental d’acier et c’est pour cela qu’il est aussi difficile d’accéder aussi souvent en finales. C’est pour ça que même les équipes les plus dominantes finissent par chuter. Les Warriors ont de plus en plus tendance à céder à la facilité. Même lors d’un match 7 décisif. Ils ont très mal attaqué la rencontre. Steve Kerr était même vraiment en colère. Il les a remis dedans. Ils se sont remis dedans. Ce groupe arrive à se mettre en confiance avec simplement une ou deux actions. Par exemple deux paniers à trois-points de Curry comme cette nuit. Derrière, ça va très vite. Ils défendent plus durement. Avec plus d’intensité, comme porté par leur propre euphorie. Ils provoquent des ballons perdus et marquent facilement en contre-attaque.

Le double MVP et son acolyte Klay Thompson sont peut-être les deux joueurs qui prennent feu le plus rapidement en NBA. Dès qu’ils commencent à marquer, le cercle triple de diamètre. Tout semble plus facile. Et c’est souvent dans le troisième quart temps qu’ils se mettent en jambes. Un jour, les Warriors chuteront comme ça. Un jour, ce sera trop tard. Mais pas pour l’instant. Parce que pour l’instant, il y a beaucoup trop d’écart entre Golden State et la concurrence.