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NBA : LeBron James aux Lakers, le dernier défi d’une immense carrière

Antoine Pimmel

Mis à jour 03/07/2018 à 11:45 GMT+2

NBA – Attendue et anticipée, la décision de LeBron James de rejoindre les Los Angeles Lakers a tout de même fait l’effet d’une bombe. Car le King peut écrire l’une des plus belles pages de sa carrière dans l’une des franchises les plus cultes du sport US.

LeBron James (Cleveland)

Crédit: Getty Images

Il y a un an, à l’été 2017, j’avais annoncé un départ de LeBron James aux Lakers à l’issue de la saison à venir. Los Angeles paraissait, selon moi, la meilleure destination possible pour la fin de carrière du King… et pour ce qui suivra ensuite, une fois qu’il aura pris sa retraite. Juillet 2018, et le voilà officiellement un joueur des mauve et or depuis un peu plus de vingt-quatre heures. Sa décision, finalement très vite annoncée, a pu surprendre. Parce que sa nouvelle équipe est très jeune et sans doute pas en mesure de jouer le titre dans les prochains mois. Mais justement. Le choix de rejoindre la cité des anges dépasse largement le cadre sportif et cette logique de la course permanente aux bagues de champion NBA.
Pensez d’abord au contexte : le basketteur le plus fort de la planète, l’un des plus grands joueurs de tous les temps mais aussi le produit marketing phare de l’une des ligues les plus suivies aux quatre coins du globe va donc rejoindre l’une des franchises sportives les plus populaires au monde et au passage l’une des plus glorieuses de l’Histoire. Waouh. Ça, c’est un séisme. La promesse d’un record absolu de maillots vendus floqués du numéro 23. Des places vendues pour des milliers de dollars, des émissions de télévision, de l’audimat… un véritable boom économique.
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LeBron James (Cleveland Cavaliers)

Crédit: Getty Images

La NBA sort (déjà) en grand vainqueur de cette signature. Comme si la réunion de James et des Lakers était écrite. Le destin. Le parcours du prodige d’Akron est romancé depuis sa sortie du lycée, de sa première couverture de Sports Illustrated, à son retour orchestré aux Cavaliers et à son premier titre apporté à sa Cleveland et à son Ohio. Son arrivée aux Lakers est peut-être finalement simplement le dernier chapitre, peut-être le plus fantasque, d’une carrière brillante sur le terrain mais aussi extrêmement bien mise en scène en coulisses.

Moins d'urgence, moins de pression

L'arrivée de LeBron à L.A. représente un nouveau challenge, sans doute le dernier d’une icône obnubilée par l’idée de laisser une trace indélébile dans les annales. Il a désormais pour défi, ultime, de ramener sur le devant de la scène l’organisation la plus culte du championnat. Une équipe à la dérive qui a perdu en attractivité jusqu’à ce 2 juillet 2018. Il va suivre les pas des plus grandes légendes comme Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar ou Kobe Bryant. Ça en jette, déjà. Et il n’a même pas encore posé un pied sur le parquet du Staples Center.
Alors, est-il venu seul ? Les passionnés attendent avec impatience la deuxième star qui l’accompagnera à Los Angeles. Parce que c’est ce à quoi James nous a habitués. Il exporte ses talents et les associe à ceux de l’un des quinze autres meilleurs joueurs du monde. Il l’a fait à Miami (Dwyane Wade, Chris Bosh). Puis à Cleveland (Kyrie Irving, Kevin Love). Mais peut-être pas cette fois. Il faut bien comprendre que l’optique est - légèrement seulement – différente. Il y a moins d’urgence. Moins de pression. Il a signé pour 154 millions de dollars sur quatre ans. C’est un engagement, il donne du temps à ses dirigeants alors qu’il multipliait les contrats d’une saison (avec une seconde option) pour maintenir ses employeurs sous tension à Cleveland. Le quadruple MVP a même confié à Magic, le Président des Lakers, qu’il était patient. L’heure n’est pas à la panique.
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LeBron James (Cavaliers) lors du match 4 de la demi-finale de Conférence contre les Raptors.

Crédit: Getty Images

Qui pour l'accompagner ?

Il y a évidemment toujours l’option Kawhi Leonard. Troisième du MVP en 2016, la superstar des Spurs tient absolument à quitter San Antonio. Et Leonard aurait déjà donné sa priorité aux Lakers. Il ne veut jouer que pour l’une des équipes de Los Angeles, sa ville natale. Il est facile de l’imaginer au côté de James. Leurs profils sont complémentaires. Mais les discussions entre les Californiens et les Texans ont pris du plomb dans l’aile. Les éperons demandent beaucoup – beaucoup trop – tandis que les Hollywoodiens proposent de moins en moins à chaque round de négociations.
Et ils ont effectivement intérêts à ne pas se précipiter. Le MVP des finales sera de toute façon libre de signer où bon lui semble dès 2019. Si vraiment il veut jouer pour les Lakers, il sera en mesure d’y aller sans que la franchise ne lâche le moindre atout. Oui, la situation était censée être similaire pour Paul George et l’ailier All-Star a finalement prolongé au Thunder après avoir été envoyé à Oklahoma City. Mais Leonard et PG sont deux personnes différentes, avec des caractères différents.
Il y aura d’ailleurs d’autres joueurs majeurs à aller chercher lors de la prochaine intersaison : Jimmy Butler, Kyrie Irving, Klay Thompson, Kawhi donc mais aussi Kevin Durant, une piste à ne pas écarter complètement… Sans même compter sur un éventuel transfert d’un All-Star déjà sous contrat comme Damian Lillard. Les Lakers ont de nombreuses options. Il semble même que le management vise déjà 2019 et non 2018. Les dirigeants ont complété l’effectif avec des contrats d’un an (Kentavious Caldwell-Pope, Lance Stephenson, Rajon Rondo, JaVale McGee) pour garder le maximum de flexibilité financière d’ici les douze prochains mois.

Une nouvelle étape

LeBron James est-il moins obsédé par la gagne ? Il a 33 ans, c’est le moment ou jamais pour enrichir son palmarès. Mais peut-être a-t-il compris qu’il avait désormais atteint une nouvelle étape de sa carrière. Rejoindre la Californie est aussi faire le choix d’adopter un certain style de vie. Le soleil, un état progressiste et démocrate pour un sportif très engagé politiquement parlant (il avait notamment soutenu Hillary Clinton lors de l’élection présidentielle américaine), l’endroit idéal pour faire fructifier les investissements d’un homme d’affaire multimillionnaire et de nombreuses écoles privées pour ses trois enfants. Son fils aîné, Bronny, sera d’ailleurs en mesure de rejoindre la NBA... dans quatre ans, pile au moment où le contrat de son père arrivera à expiration. Avec une éventuelle union des deux, une première dans l’Histoire et un objectif avoué par James.
Pour en revenir au terrain, l’héritage de LeBron est déjà immense. Sa carrière est sous cellophane. Shaquille O’Neal expliquait récemment que sa place parmi les plus grands est déjà acquise. Gagner une bague de plus ne changera pas grand-chose : les défenseurs de Michael Jordan continueront de soutenir sa cause, et inversement. James peut donner une autre saveur à sa légende autrement qu’en gagnant des titres. D'une part, en faisant ses statistiques. Il est bien placé pour devenir le meilleur marqueur de tous les temps en NBA, lui qui l’est déjà en playoffs. Avec aussi une quantité de nouveaux records à aller chercher. Il les efface les uns après les autres. Les réaliser sous les couleurs des Lakers apporterait une dimension supplémentaire à l’exploit. Il sera plus suivi que jamais.

Faire tomber Golden State, devenir encore plus grand ?

Rester à Cleveland n’avait pas beaucoup plus de sens sur le plan strictement compétitif. Les Warriors sont de toute manière bien au-dessus de tout le monde et ils ont carrément signé DeMarcus Cousins cette nuit. Ils auraient été les grands favoris en 2019, même si Leonard et George avaient rejoint James à Los Angeles. Le King aurait pu continuer à rouler sur la Conférence Est (au passage dévastée depuis son départ et laissée au contrôle des jeunes loups des Celtics, des Sixers et des Wolves). Mais perdre encore une fois en finales ne faisait pas forcément ses affaires. Son bilan à ce stade de la compétition – trois victoires et déjà six défaites – est fortement raillé sur la toile. Chaque nouvelle défaite pèse plus lourd que l’accomplissement, pourtant énorme, de se qualifier en finales année après année. Autrement dit : mieux vaut pour lui perdre en finales de Conférence (ça s’oublie) que d’ajouter un sept à la colonne des échecs au dernier tour.
Puis imaginez maintenant un autre tableau : renforcé par l’arrivée d’une ou deux autres stars en 2019, LeBron James, qui a enfin osé aller s’aventurer à l’Ouest, finit par faire tomber Golden State en mettant fin à la dynastie des Warriors avant d’aller battre Boston, rival historique de Los Angeles, offrant ainsi à une troisième ville différente un sacre NBA et devenant du même coup l’un des plus grands joueurs (le plus grand ?) à avoir enfilé le maillot des Lakers. Ça fait rêver. C’est presque de la fiction. Mais ça peut devenir réalité. Le défi est immense, même si exagéré et scénarisé à l’extrême. Finalement bien à l’image de la carrière du bonhomme.
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LeBron James et Stephen Curry, NBA Finals 2018

Crédit: Getty Images

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