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Pourquoi Luka Doncic est le vrai premier choix de cette draft

Antoine Pimmel

Publié 20/06/2018 à 12:59 GMT+2

NBA – DeAndre Ayton sera probablement le premier joueur appelé par Adam Silver lors de la draft, dans la nuit de jeudi à vendredi. Si le talent et le potentiel excitant du géant des Bahamas sont indéniables, Phoenix ferait pourtant mieux de miser sur le génial Luka Doncic.

Real Madrid's Slovenian Luka Doncic reacts during the Euroleague Final Four finals basketball match between Real Madrid and Fenerbahce Dogus

Crédit: Getty Images

Une question. Parmi les futurs rookies, ces jeunes basketteurs qui seront draftés dans la nuit de jeudi à vendredi, combien d’entre eux auraient eu leur place sur le terrain pendant les dernières finales NBA ? Parmi les plus attendus de ces jeunes prospects, combien d’entre eux auraient vraiment eu l’occasion de peser dans les matches les plus importants de l’année, ceux pour le titre ? Probablement pas Marvin Bagley III. Ni même DeAndre Ayton, pourtant annoncé en première position de la draft. Alors, oui, ils auraient sans doute joué une vingtaine de minutes par-ci, un quart d’heure par-là. Mais qui aurait vraiment pu avoir un impact sur le résultat ? Un seul, Luka Doncic.
Bienvenue à l’époque du small ball. Ce basket moderne qui met en valeur les joueurs polyvalents, de plus en plus mobiles (et pas nécessairement de plus en plus petits, ce n’est pas réellement une question de taille). Les pivots n’ont pas disparu mais leur rôle a changé. Ils ne sont plus les points centraux en attaque. Le jeu ne passe presque plus par eux, contrairement aux années 90, quand chaque possession commençait avec un point de fixation dans la raquette. Aujourd’hui, le pouvoir est entre les mains des meneurs et des arrières. Ou quiconque est capable de créer du jeu. Les intérieurs au sens traditionnel du terme sont donc nettement moins utilisés dans les rencontres les plus chaudes de la saison – à savoir en playoffs.

Le ‘small ball’, une révolution qui ne fait que commencer

Le small ball est (trop) souvent assimilé au tir extérieur. Parce que les Golden State Warriors, leaders de la révolution car trois fois champions en quatre ans, disposent de plusieurs des meilleurs snipers de l’Histoire. Les coaches veulent des espaces pour faire briller leurs joueurs majeurs en attaque. Ils veulent étirer le jeu au maximum. Alors les grands se sont aussi mis à tous bombarder derrière la ligne à trois points.
Mais le small ball, ce n’est pas que ça. En fait, ce n’est même pas vraiment ça. Enfin un peu quand même, mais pas tellement : le small ball c’est d’abord… de la défense. Le jeu NBA repose sur une multitude d’écrans. Il est donc primordial de pouvoir contenir tous ces écrans en changeant de défenseur à chaque situation. Une technique qui se fait sur tous les playgrounds du globe. Mais qui était difficile à reproduire au plus haut niveau en raison des différences béantes de gabarits. Plus maintenant. Les meneurs font la taille des ailiers et les ailiers sont aussi longs que les pivots. C’est surtout la polyvalence qui est de mise : si un joueur est capable de défendre aussi bien sur un poste cinq qu’un poste un, il est presque sûr de faire une carrière en NBA.
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Draymond Green et Stephen Curry

Crédit: Getty Images

Et ça, peu de pivots actuels en sont capables. Ils sont mobiles mais pas assez pour contenir des joueurs beaucoup plus explosifs. Autant de points qu’ils concèdent sans forcément compenser de l’autre côté du parquet. Déjà parce qu’il est a priori plus facile de défendre sur un joueur arrêté dos au cercle. Ensuite parce que cette même possession dos au cercle prend généralement du temps à se mettre en place et elle limite les espaces des autres joueurs. Ce que Hakeem Olajuwon, Shaquille O’Neal ou encore Patrick Ewing faisaient dans leurs plus belles années n’est plus recherché aujourd’hui. La meilleure ligue du monde a évolué.
D’où l’inefficacité – relative – de certains pivots en playoffs. Les coaches adverses exploitent le duel jusqu’à la destruction de l’équipe d’en face à chaque fois qu’un intérieur est aligné sur le parquet. Rudy Gobert, probable meilleur défenseur de la saison, était le maillon faible défensif de son équipe contre Houston au second tour des playoffs. Ces mêmes Rockets ont préféré mettre P.J. Tucker, 1,98m, que Clint Capela, pourtant agile, en pivot lors des finales de Conférence contre les Warriors. Et c’est comme ça qu’ils ont décroché trois matches ! Même Joel Embiid, bon shooteur et véritable force de la nature, a montré ses limites contre Boston. Une équipe ne se construit plus autour d’un pivot. Et le premier choix de draft sert justement à se trouver une superstar de demain. Un joueur autour duquel bâtir les fondations d’une franchise.

Pourquoi Doncic plutôt qu'Ayton

C’est le moment donc d’en revenir à Luka Doncic. Posons déjà les bases : on parle là d'un génie de la balle orange. Son pedigree parle pour lui : à 19 ans, il a déjà été champion d’Europe avec la Slovénie en étant nommé dans le cinq majeur du tournoi, il a été élu MVP du championnat espagnol qu’il a remporté avec le Real Madrid et MVP de l’Euroleague qu’il a aussi gagnée ! Du jamais vu. C’est peut-être le meilleur joueur européen de l’Histoire, s’il venait évidemment à développer son plein potentiel.
Comment passer à côté d'un tel joueur pour rebâtir sa franchise ? C’est un superbe playmaker capable de faire briller tous ses coéquipiers. Il sait déjà tout faire. Il un arsenal offensif tellement varié qui lui permet de marquer dans plein de positions différentes. Il lit extrêmement bien le jeu pour son âge. Il est jeune, déjà expérimenté et dispose d’une marge de progression affolante. Contrairement à Ayton, Doncic se mesurait à des adultes, des vrais pros, depuis deux ans. Et il dominait ! DO-MI-NAIT !
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Luka Doncic, Real Madrid-CSKA, Eurolega, Getty Images

Crédit: Getty Images

Les supporters d’Ayton prennent position en anticipant une révolution inversée et un retour des pivots au contrôle. Car s’il y a bien un joueur qui a les armes pour contrer le small ball, c’est lui. Il est gigantesque (2,16m) mais court comme un ailier. Il est puissant, tracé, technique. Son shoot est en construction mais il n’est pas encore prêt à s’aventurer derrière l’arc NBA. Il sera fort, c’est évident. Mais peut-il faire gagner, pas seulement en saison régulière mais aussi en playoffs ? Les coaches le cibleront en défense, où il a d’ailleurs tendance à perdre en concentration. Peut-il vraiment rendre les autres meilleurs ?
Il aurait probablement été l’un des meilleurs à une époque… qui n’existe plus. Le drafter, c’est espérer un retour en arrière. Ce n’est pourtant pas au programme. Des gars comme Giannis Antetokounmpo ou Kevin Durant sont bien partis pour jouer de plus en plus pivots en playoffs (26 minutes par match sur ce poste pour le Grec au premier tour contre Boston). C’est comme le capitalisme finalement : une fois lancé, impossible de faire marche arrière. Il y aura simplement de plus en plus de small ball. Alors autant miser sur Doncic, un maestro capable de briller comme personne d’autre dans ce système.
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