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NBA - Au revoir Manu Ginobili, et merci pour tout

Antoine Pimmel

Mis à jour 29/03/2019 à 17:52 GMT+1

NBA - Les San Antonio Spurs ont honoré Manu Ginobili en retirant son maillot hier soir. L'occasion de rendre hommage à un basketteur fantasque qui nous a fait vibrer pendant des années.

Manu Ginobili

Crédit: Getty Images

"Sans Manu, il n’y a pas de titres.” Gregg Popovich a rendu un vibrant hommage à Manu Ginobili à l’occasion de la soirée spécialement organisé par les Spurs en l’honneur de l’Argentin hier. Retraité depuis juillet après une longue et glorieuse carrière NBA, la légende de San Antonio a vu son numéro 20 être retiré par les éperons. Il ne sera plus jamais porté par un joueur de la franchise et il restera accroché au plafond de l’AT&T Center. Si Pop a eu des mots pour son ancien joueur, c’est parce qu’il sait à quel point il est chanceux d’avoir pu le coacher. Chanceux d’avoir eu dans ses rangs un basketteur fabuleux mais aussi un homme intelligent et altruiste qui a su mettre son ego de côté pour le bien de l’équipe.
En août 2006, alors que Gino s’affirmait comme une star NBA en puissance, Popovich lui a demandé de sortir du banc avant le coup d’envoi de la saison. Inimaginable pour un joueur de son talent. Les Spurs excellaient avec Tim Duncan, Tony Parker et Ginobili à l’époque. Mais ils étaient dépassés dès que les trois stars rejoignaient le banc. Dans un souci d’équilibre, le staff se résigne à faire passer un cador dans le deuxième cinq. Duncan était intouchable. Et les entraîneurs ont su le sentiment que l’Argentin accepterait de se sacrifier plus facilement que le Français.

Sans lui, rien de tout ça ne serait arrivé

Le natif de Bahia Blanca ne voulait pas au début. C’était même hors de question. Mais il a compris qu’il s’agissait de quelque-chose qui le dépassait. Quelque-chose de plus grand que lui. Alors il a accepté. Plus de dix ans après, il n’a été All-Star que deux fois et il n’est même pas classé parmi les cent-cinquante meilleurs marqueurs de tous les temps. Mais il a gagné quatre titres avec les Spurs. Et ça, ce ne serait pas arrivé sans lui. “L’équipe et moi avons été chanceux“, admet Popovich. “Il sera admis au Hall Of Fame en sortant du banc.” Il n’a pas eu les récompenses individuelles qu’il méritait mais il restera comme l’un des meilleurs sixièmes hommes de l’Histoire.
Mais ne vous y trompez pas, c’était l’un des basketteurs les plus doués de sa génération. Puis peu importe. Avec lui, il ne s’agit pas de statistiques ou de distinctions personnelles. Il est bien plus haut. Bien loin de ça. Bien sûr qu’il voulait être titulaire. Mais il apprécie le partage. La camaraderie. C’est ce qui a rythmé sa carrière, à San Antonio - où il formait un groupe hilarant avec Boris Diaw, Patty Mills et Tiago Splitter - ou avec sa sélection nationale.
Le basket était une passion sans frontières. Il a mis l’Argentine sur la carte mondiale dans la balle orange. Malgré les vols interminables pour aller jouer des matches de qualifications (33 heures pour rejoindre Buenos Aires à Mexico, faute de moyens). En 2002, avant d’arriver en NBA, il est le patron d’une équipe inconnue qui terrasse les Américains, chez eux, aux championnats du monde d’Indianapolis. L’Albiceleste finira deuxième de la compétition après avoir perdu contre la Serbie en finale. Mais ce n’était que partie remise. Deux ans plus tard, il exulte. La génération dorée argentine - les Ginobili, Pablo Prigioni, Carlos Delfino, Fabrizio Oberto et autres Carlos Delfino - éliminent (encore !) Team USA en demi-finale avec 29 points de Ginobili. Sauf que cette fois-ci, ils décrochent l’or olympiques à Athènes. La consécration.
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Manu Ginobili en 2004 aux JO d'Athènes

Crédit: Getty Images

Popovich a fini par se résigner

Leader au pays, Manu devait se contenter d’un autre rôle à San Antonio. La consigne : donner la gonfle à Duncan et attendre. “J’étais tellement frustré d’attendre la balle dans le corner. Je voulais prendre les décisions. J’avais 25 ans et je voulais croquer le monde. Je pensais tout savoir“, avoue l’intéressé. Alors, il a défié Popovich. Plus d’une fois. Le coach voulait le faire entrer dans un moule. Son moule. Mais il a fini par abandonner l’idée. “J’ai compris que ce serait sa manière qui allait l’emporter. Il y avait plus de positif que de négatif“, concède Pop. Ginobili prend une autre ampleur pendant les finales 2005.
Chevelu à l’époque (s’il a fini avec une calvitie légendaire, c’est Popovich qui s’arrachait les cheveux), il courait d’un bout à l’autre du terrain avec sa tignasse qui lui revenait dans la figure à chaque fois qu’il attaquait le panier. Un artiste. Un brin de folie dans le jeu bien huilé, trop bien huilé, de San Antonio. Le brin de folie qui a fait la différence lors des finales défensives, intenses et serrées en 2005. Les Spurs ont battu les Pistons sur le fil, 4 manches à 3, et Manu était le seul éclair de génie de ce duel tout sauf spectaculaire. Avec 19 points de moyenne, il a aussi porté les Texans, notamment dans les moments chauds de la série. “Il aurait dû être élu MVP des finales“, reconnaît Mike Budenholzer, assistant-coach de San Antonio à l’époque.
Duncan a hérité du trophée, hiérarchie oblige. La NBA n’était pas encore prête. Pas prête pour un joueur unique comme Ginobili. Et dire qu’il a bien failli ne jamais rejoindre le championnat américain. En 1997, R.C. Buford, dirigeant des éperons, se rend en Australie pour la Coupe du Monde U22. Il ne connaissait pas l’Argentin à l’époque. Ce n’est pas lui qu’il était venu voir. Mais il est bluffé devant le culot du bonhomme : “Il faisait des trucs dingues. Certains qui avaient du sens, d’autres non.” Deux ans après, les Spurs ont misé le 57ème choix de la draft sur le joueur de Bologne. Il a traversé l’Atlantique trois saisons plus tard et San Antonio s’est immédiatement remis à gagner.
Ah ça, c’est sûr, la légende des Spurs aurait été bien différente sans lui. La NBA aussi. Parce qu’il était un joueur unique. Imprévisible. Humble. Créatif. Décisif. Fantasque. Fou. Irritant. Passionné et passionnant. Il était Manu Ginobili.
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Manu Ginobili (San Antonio Spurs)

Crédit: Getty Images

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