Giannis Antetokounmpo, James Harden : réactions de MVP attendues

Sur le coup, le Greek Freak ressemblait plutôt à un petit enfant. Contré deux fois de suite par Al Horford, Giannis Antetokounmpo a fini sur les fesses, samedi face à Boston. Une action qui a symbolisé la prestation en demi-teinte du franchise player des Bucks, piétinés dans leur salle par les Celtics (90-112), lors du premier match de la demi-finale de conférence Est qui les oppose. Antetokounmpo a bien marqué 22 points et pris 8 rebonds, mais en réussissant seulement 7 des 21 tirs qu'il a tentés, et sans peser comme il a l'habitude de le faire sur une rencontre.

"C'est l'une de nos pires défaites de la saison, surtout devant notre public", a estimé la star de Milwaukee, après la rencontre. Difficile de lui donner tort. Il n'avait jamais mis un pied au 2e tour des playoffs NBA, et cela s'est vu. Surtout face à une équipe dont le go-to-guy a déjà planté l'un des shoots les plus décisifs de l'histoire des finales NBA, sur la tête de Stephen Curry en 2016. Kyrie Irving, parfaitement secondé par Horford (20 points, 11 rebonds), a livré une copie bien plus aboutie que celle d'Antetokounmpo, inscrivant 26 points à 12/21 et délivrant 11 passes décisives. "On voulait envoyer un message fort, je crois qu'on a réussi du bon boulot", a-t-il eu le loisir de fanfaronner.

Le changement de braquet a été difficile pour Giannis et sa bande. Après avoir balayé des Pistons incapables de leur offrir une sérieuse résistance au tour précédent, ils sont tombés face à des Celtics dont la saison régulière décevante (4e place à l'Est, 49-33) n'a pas entamé la confiance. Les Bucks, détenteurs du meilleur bilan de la ligue cette saison (60 victoires - 22 défaites), ont perdu l'avantage du terrain qu'ils s'étaient brillamment octroyé dès que les choses sérieuses ont commencé. Le constat est cinglant.

Questionné lundi sur la tactique à adopter lors du deuxième match, qui se tiendra dans la nuit de mardi à mercredi, Antetokounmpo a réfuté l'idée d'un changement de stratégie, dans des propos rapportés par ESPN. "Nous allons simplement continuer à faire ce que nous avons fait toute l'année, a répondu le favori pour le titre de MVP de la saison régulière. Pourquoi devrait-il y avoir un changement après un match que nous avons perdu ?"

Son coach, Mike Budenholzer, aime à utiliser Giannis en créateur entouré de snipers. Mais il le fait aussi parfois jouer comme un pivot, par séquences, pour exploiter différemment son envergure de 2m21 (pour une taille de 2m11). Interrogé sur un éventuel ajustement, il a répondu sur le même mode que sa superstar, évoquant des améliorations nécessaires, mais pas de changement particulier. Entêtement, bluff ou confiance légitime ? Les Bucks n'ont en tout cas (quasiment) plus le droit à l'erreur.

103-100 pour Golden State, balle dans les mains de Houston et de James Harden. Pour un joueur de ce calibre, la situation, à défaut d'être idéale, n'a rien de désespérée. Dix secondes plus tard, les Warriors ont toujours un avantage de 3 points et récupèrent la possession du ballon. Entre temps, Harden a raté un shoot à 3-pts qui a, depuis, beaucoup fait parler. "Je veux juste que les matches soient arbitrés comme ils devraient l'être et dans ce cas, j'accepterai les résultats", a déclaré le MVP 2018, à l'issue de la défaite 104-100 des siens, samedi sur le parquet des doubles champions en titre, qui mènent 1-0 en demi-finale de la conférence Ouest.

Harden a ainsi reproché ouvertement aux arbitres de ne pas lui avoir accordé trois lancers, sur ce fameux tir. Plus globalement, la grogne des Rockets (Chris Paul ayant lui aussi manifesté son mécontentement) concerne des fautes prétendues non-sifflées sur plusieurs de leurs tirs. Le débat agite depuis la NBA. Pour certains, Harden n'a pas à se plaindre parce qu'il saute vers l'avant pour forcer le contact. Pour d'autres, les Warriors ont eu tendance à entrer dans le cylindre virtuel de leurs adversaires ce samedi, pendant qu'ils tentaient des jump shots, ce qui est répréhensible.

Mais Harden ne s'est pas arrêté là, durant la conférence de presse d'après-match. Il a évoqué la blessure de Kawhi Leonard, provoquée il y a deux ans en finale de la conférence Ouest par Zaza Pachulia (alors joueur de Golden State). Le pivot géorgien avait placé son pied gauche sous celui de l'ailier qui défendait alors les couleurs des Spurs, pendant que celui-ci était en l'air. "Nous savons tous ce qui s'est passé il y a quelques années avec Kawhi (Leonard), a déclaré Harden. Cela peut changer toute la série." Cela avait effectivement changé la série, les Warriors "sweepant" une équipe de San Antonio qui menait de 21 points dans le premier match de la série avant d'être privée de son meilleur joueur.

Au-delà de juger de la pertinence des critiques exposées - chaque action étant à analyser au cas par cas -, on peut s'interroger sur le fait de les formuler. D'un côté, Harden devrait peut-être se remettre en question, se pencher sur la sélection de shoots qui l'a conduit à tirer à 9/28 lors de ce premier match, certes bouclé avec 35 pions au compteur. D'un autre, que l'on considère cela moral ou non, il n'est pas le premier grand joueur à tenter de mettre la pression sur les arbitres, qui seront autant scrutés que les joueurs, dans la nuit de mardi à mercredi à l'Oracle Arena.

Reste que, statistiquement, son début de playoffs n'est pas à la hauteur de sa saison régulière, de calibre MVP. Après six rencontres de postseason, il tourne à 29 points de moyenne par match (contre 36,1 en régulière)... mais surtout à 36,4% de réussite (contre 44,2%). Un pourcentage qui ferait de sa campagne de playoffs, si elle s'arrêtait ce jour, sa plus mauvaise en carrière en la matière. Un tel manque de précision n'était pas rédhibitoire face au Jazz, qui ne disposait pas des mêmes armes que les Warriors. Il risque de l'être face à ces derniers. À lui d'y remédier.