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Pourquoi il ne faut pas s’inquiéter pour les Warriors

Antoine Pimmel

Mis à jour 14/03/2019 à 12:45 GMT+1

NBA - Bien que moins dominants depuis le début de la saison régulière, les Warriors sont plus que jamais les grands favoris à leur propre succession. Rien ni personne ne peut les arrêter, si ce n'est eux-mêmes.

Klay Thompson félicité par Stephen Curry et Draymond Green (Golden State Warriors)

Crédit: Getty Images

Une victoire et ça repart. Les Warriors ont remporté le choc de la nuit contre les Rockets (106-104), sans Kevin Durant mais avec un excellent DeMarcus Cousins (27 pts, 7 pds). Un succès qui rassure après une série de résultats en demi-teinte. La NBA va tellement vite à l’ère d’internet et des réseaux sociaux. Une victoire marquante et voilà que les six défaites en dix matches – dont un revers à domicile contre les modestes Suns – sont oubliées aussi tôt. La saison régulière est encore une fois tout sauf un long fleuve tranquille pour les doubles-champions en titre.
Les Californiens ont gagné 73 matches, évidemment un record, au cours d’un exercice absolument fabuleux et historique juste avant l’arrivée de KD en 2016. Ils en ont remporté 67 avec leur nouvelle superstar en 2017. Puis 58 l’an dernier, leur première saison sous la barre des 60 depuis la nomination de Steve Kerr sur le banc en 2014. Ils n’ont toujours pas atteint les 50 (46 depuis hier soir) et finiront sans doute un peu-dessus des 55 victoires en fin de saison. Une régression constante dans les chiffres… mais toujours des titres à célébrer en juin.
Y a-t-il finalement une raison de penser que la ligue n’est pas aussi déséquilibrée que ce que tout le monde le prétend depuis trois ans ? La domination des Warriors est-elle toujours aussi écrasante, voire toujours aussi évidente ? Il y a tout de même quelques facteurs qui laissent penser que la marge s’est réduite pour ce groupe incroyablement talentueux. Il y a d’abord l’intégration d’un joueur comme DeMarcus Cousins. Kerr n’a jamais disposé d’un pivot avec un tel profil – capable de prendre le dessus… sous l’arceau – et il reconnaît lui-même qu’il "apprend encore à l’utiliser correctement."
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DeMarcus Cousins sous le maillot des Warriors.

Crédit: Getty Images

Son adaptation est délicate parce que l’intérieur All-Star reprend seulement le rythme après un an d’absence en raison d’une blessure au tendon d’Achille. Il est encore un peu rouillé. Mais ça reste un ego de plus à gérer au sein de l’équipe, avec un joueur qui n’a pas forcément envie de rester trop longuement sur le banc malgré quelques difficultés passagères. Notamment en défense. Le match de cette nuit démontre ce que Cousins peut aussi apporter à son équipe : une force dominante près du cercle.

Les Warriors favoris avec une marge réduite

Il y a aussi un banc dont les cadres sont de plus en plus vieillissants. Andre Iguodala, 35 ans, et Shaun Livingston, 33, peuvent toujours rendre servir mais nettement moins fréquemment qu’avant. Sur une série sur sept matches, ils feront peut-être la différence sur une rencontre, là où ils le faisaient sur deux ou trois par le passé. Là aussi, la marge se réduit. Mais il y a des facteurs encore plus importants. Par exemple l’incertitude autour de l’avenir de Kevin Durant, une donnée forcément pesante au sein de l’effectif. C’était même le principal point balancé sur le tapis par Draymond Green lors de sa discussion musclée avec son coéquipier plus tôt cette saison. Plusieurs joueurs des Warriors prendraient de plus en plus conscience qu’un départ du double-MVP des finales semble de plus en plus probable, voire presque inévitable. Ça peut jouer sur le moral des troupes. Sur la solidarité.
D’ailleurs, à force de se fréquenter tous les jours depuis des années, les joueurs et le staff commencent parfois à être fatigués les uns des autres. C’est exactement le terme employé par Steve Kerr, coupable d’avoir été grillé par une caméra quand il confiait à son assistant Mike Brown qu’il était "lassé de Draymond" dans un langage bien plus fleuri. Les disputes n’ont pas forcément été plus nombreuses que les saisons précédentes – nous ne sommes pas dans le vestiaire, nous n’en savons rien – mais ce qui est certain c’est qu’elles ont été exposés publiquement. Et ça c’est nouveau. Les Warriors semblent éreintés. Et ça c’est incontestable. Fatigués physiquement par quatre campagnes absolument folles, épuisés mentalement par tout ce qui entoure la vie des champions NBA, à commencer par une exposition médiatique de tous les instants.
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Draymond Green

Crédit: Getty Images

Le GM du Jazz Dennis Lindsey a lui aussi ce sentiment que l’armada la plus redoutable du championnat accuse légèrement le coup. "Il y a quatre ans, quand les Warriors sont arrivés au sommet, ça faisait penser à la façon dont Tiger Woods dominait le circuit de golf quand il était à son apogée. Vous aviez le sentiment qu’il allait gagner tous les tournois. Je pense que toute la ligue ressentait la même chose avec Golden State. Mais j’ai le sentiment qu’il pourrait vraiment y avoir de la compétition cette saison." Le dirigeant ajoute tout de même que les Warriors forment toujours la meilleure équipe et qu’ils sont évidemment favoris. En fait, personne ne s’inquiète réellement pour Stephen Curry et compagnie. Eux-mêmes n’ont pas l’air troublés. C’est peut-être presque un problème. Leur sérénité est leur force mais aussi leur faiblesse par moment.
Ils ont tendance à trop jouer avec l’interrupteur ON/OFF. Et à force, la machine infernale peine parfois à se remettre en route. Ils étaient finalement proches de se faire sortir en finales de Conférence l’an dernier : une victoire 4-3 contre Houston avec un Chris Paul forfait sur les deux derniers matches (perdus par les Rockets) et des Texans qui ont manqué 27 tirs à trois-points consécutifs sur une rencontre décisive. Trouver la motivation n’est pas toujours facile. Car, oui, il est possible de se lasser du succès. L’Histoire le montre dans tous les sports à toutes les époques.

Qui peut vraiment contester leur supériorité ?

Il n’empêche, et ça reste le point primordial, que les Warriors ont fini par gagner à chaque fois depuis deux ans. Et ils étaient à deux ou trois fautes flagrantes en moins de Green de décrocher quatre titres de suite. Ils ont peut-être moins de marge selon leurs propres standards. Mais la réalité, c’est que la concurrence est aussi moins relevée cette saison. Il n’y a pas de deuxième mastodonte à affronter. Les quatre grandes équipes de l’Est – Milwaukee, Toronto, Boston et Philadelphie – sont fortes mais aucune d’entre elles ne possède un LeBron James. Ce dernier est d’ailleurs très probablement hors-course avec ses Lakers. Les Rockets sont moins performants que l’an dernier et le Thunder est peut-être encore un peu trop juste.
Comme nous l’écrivions avant le début de la saison, les Warriors sont leurs premiers adversaires. S’ils appliquent leurs principes, rien ne peut les arrêter. Le constat semble toujours vrai, même après une saison régulière faite de hauts et de bas. Des mois de compétition presque inutiles pour eux à ce stade de leur développement. Pas assez significatifs. Ils vont aborder les playoffs avec non pas l’un mais bien les deux meilleurs basketteurs du tournoi : Kevin Durant (le meilleur joueur du monde à l’heure actuelle) et Stephen Curry. S’ils mettent leur ego de côté, si KD se concentre sur le présent et non le futur très proche (juillet), ils iront chercher un titre. Avant de sans doute tourner la page de cette dynastie impressionnante.
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Golden State Warriors Champions NBA

Crédit: Getty Images

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