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Les Clippers sont-ils toujours vraiment favoris pour le titre ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 28/02/2020 à 14:27 GMT+1

NBA – Irrégulière, souvent incomplète et parfois même inquiétante, l’autre armada de Los Angeles aborde la dernière ligne de la saison régulière dans l’incertitude. Focus sur des Clippers toujours très dangereux sur le papier mais qui sont loin de montrer leur meilleur visage.

Kawhi Leonard, Los Angeles Clippers

Crédit: Eurosport

C’est une tradition en NBA. Aux alentours du mois de février, les grandes équipes du championnat montent en puissance afin de faire le plein de confiance juste avant les playoffs. Peut-être peu habitués à se retrouver dans cette situation, les Clippers n’ont visiblement pas reçu le mémo. Déjà quatre défaites – dont trois de suite – depuis le début du mois : contre des Timberwolves pourtant à côté de la plaque, l’un des deux seuls succès de Minnesota depuis vingt matches, deux déplacements soldés par des échecs contre des places fortes de la Conférence Est, Boston et Philadelphie, mais aussi un revers contre Sacramento à domicile. La formation de Los Angeles est cette équipe capable de battre Dallas un soir puis de prendre une rouste contre Atlanta le lendemain. Pas vraiment le propre des favoris pour le titre. Ainsi jonglent les hommes de Doc Rivers entre le bon, les quelques éclairs de dominance, le plus souvent le minimum syndical et le parfois catastrophique. Mais le coach a déjà son excuse.
"Je ne pense pas que nous sommes une équipe branchée sur courant alternatif. Ceux qui disent ça ne savent pas de quoi ils parlent. Les équipes qui jouent avec l’interrupteur ON/OFF sont celles qui sont en bonne santé mais qui font le choix de ne pas se donner à fond. Je dirai que c’est dangereux de faire ça. Mais certaines équipes comme Golden State l’ont fait et ont été champions. Ce n’est pas incompatible."
Rivers commence par assurer que son groupe ne rentre pas dans cette catégorie en rappelant que les Clippers ont rarement pu compter sur l’ensemble de leur effectif. La faute aux différentes blessures. En effet, il n’y a que cinq matches disputés au complet. Mais après ça, le tacticien tient à mettre l’accent sur le fait que jouer de la sorte, un coup sérieusement, un coup relâché, n’empêche pas d’aller au bout en juin. Ce qui revient, en quelque sorte, à avouer que L.A. tend à tomber dans ce piège. Sauf qu’il oublie une précision importante : ce sont normalement les équipes déjà sacrées par le passé qui sacrifient une partie de la saison régulière. Pas celles qui courent après leur première bague. Les Warriors, pour reprendre son exemple, avaient déjà un vécu et des acquis collectifs avant de se permettre de flirter avec le bouton ON/OFF.

Les Clippers victimes de leur propre tactique

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Paul George, Kawhi Leonard, Eurosport

Crédit: Eurosport

Surtout que les Clippers ont souvent été en sous-nombre… de leur plein-gré. Enfin presque. La franchise californienne a adopté une politique de prudence poussée à l’extrême avec ses deux superstars Kawhi Leonard et Paul George. Pour exagérer (à peine) les traits, chaque star joue, allez, deux matches sur trois. Et elles sont rarement alignées ensemble : seulement 26 matches sur 58. Le but de la manœuvre consiste à reposer les meilleurs joueurs, notamment ceux qui reviennent d’une blessure. Leurs genoux, épaules, ou autres chevilles ne subissent pas l’extrême fatigue que peut provoquer une longue saison régulière de 82 matches. Et cette tactique a désormais son propre terme : le « load management ». Sauf que les dirigeants de Los Angeles l’ont un peu poussé à son paroxysme cette saison. Au point où ça devient presque négatif. Négatif pour le reste de l’équipe.
Les insiders américains de The Athletic avaient relayé notamment les rumeurs de conflits au sein du vestiaire. Des tensions justement liées au traitement de faveur accordé par la franchise à ses deux All-Stars. Certains joueurs auraient même considéré Leonard et George comme responsables de séances d’entraînement annulées. Les Clippers ont évidemment démenti depuis. Et pourtant, Montrezl Harrell, l’un des cadres de l’effectif, évoquait en janvier des problèmes en interne après une lourde défaite contre les Grizzlies tout en insistant sur le fait que Los Angeles n’était « pas une grande équipe ». Il manque éventuellement d’un patron, d’une voix dans le vestiaire pour remettre de l’ordre. Même Leonard s’était lâché à l’époque. "Il n'y a pas de défense, pas de communication, pas d'énergie. On a eu plein de piqûres de rappel... On est presque au milieu de la saison et j'ai le sentiment qu'on ne devrait pas faire des erreurs comme ça maintenant."
Ce sentiment d’urgence, il est toujours d’actualité. Le MVP des finales 2019 est revenu dessus après la rencontre perdue contre les Kings, sans masquer son agacement. Les Clippers ne sont pas prêts. Et c’est peut-être justement à cause de leur « load management » intensif. Il y a quand même deux pièces maîtresses qui ont été ajoutées à l’effectif pendant l’intersaison. Ça demande un temps d’adaptation. Mais pour ça, il faut jouer ! Créer des automatismes, apprendre des erreurs en répétant les matches. Ce sont des acquis que les joueurs de Doc Rivers n’ont pas encore, à l’inverse des Bucks (qui commencent vraiment à se trouver les yeux fermés) et même des Lakers ! Mettre en place une machine à gagner n’est pas facile – le Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh est le meilleur exemple – mais encore moins avec si peu de vécu à mi-saison. Surtout que Paul George peine à retrouver son rythme depuis son retour de blessure. Il est un peu en dedans et l’équipe en pâtie.

Une équipe de playoffs ?

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Patrick Beverley and Kawhi Leonard, Los Angeles Clippers

Crédit: Eurosport

On a parfois tendance à dire que tous les compteurs sont remis à zéro en playoffs. Mais ce n’est pas tout à fait vrai ! Sinon autant vraiment zapper la saison régulière pour de bon. Les bases de la saison régulière ne pèsent pas toujours par rapport à l’association de talents, c’est vrai. En playoffs, c’est quand même très souvent l’équipe qui a le meilleur joueur sur le terrain qui finit par gagner la série. Mais un titre se décroche aussi en jouant sur les marges, surtout dans un championnat bien plus ouvert que les cinq années passées.
Les Clippers ont une vraie marge de progression d’ailleurs. Mais de moins en moins de temps. Peuvent-ils toujours aller au bout ? Oui, ça semble évident. L’effectif est l’un des plus profonds de la ligue, voire même le plus profond depuis les signatures de Marcus Morris et Reggie Jackson. Deux recrues qui peuvent aussi être interprétées comme un besoin urgent de se renforcer pour lancer désespérément la machine. Les Californiens seront de toute façon en position de l’emporter aussi longtemps que Leonard, l’un des deux meilleurs basketteurs du monde, porte leurs couleurs. Peut-être qu'ils seront encore plus dangereux dans la peau des outsiders. Sauf que pour l’instant, ils n’ont pas vraiment montré le visage de futurs champions.
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