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NBA - Irrésistible, efficace et impressionnant, le Utah Jazz peut-il vraiment aller au bout ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 18/02/2021 à 21:03 GMT+1

NBA – Utah caracole en tête de la ligue avec un bilan de 24 victoires pour seulement 5 défaites. Le Jazz fait sensation en ce début de saison. Mais même si ils doivent être pris au sérieux, les coéquipiers de Rudy Gobert et Donovan Mitchell ne sont peut-être pas tout à fait prêts pour décrocher une bague en 2021.

Rudy Gobert

Crédit: Getty Images

Et de vingt. En battant les Clippers (114-96), certes privés de Kawhi Leonard et Paul George, le Jazz a décroché mercredi soir sa vingtième victoire en vingt-et-une rencontre. La formation implantée à Salt Lake City caracole en tête de la ligue, avec vingt-quatre succès en vingt-neuf sorties. Si elle tient ce rythme infernal, elle pourrait boucler l’exercice avec le meilleur bilan de son Histoire au pourcentage de victoires. En faisant encore mieux que Karl Malone, John Stockton et ses coéquipiers en 1997 et 1998. Utah avait disputé les finales NBA ces deux années-là.
S’ils ne se satisfont évidemment pas de ces résultats, les joueurs de Quin Snyder reviennent de loin. Le Jazz est passé proche de l’implosion ces derniers mois. Tout a commencé avec le test positif de Rudy Gobert au COVID-19, il y a bientôt un an maintenant. Un premier cas du virus au sein du championnat qui a entraîné une coupure de plus de cinq mois. Surtout, après le Français, c’est aussi Donovan Mitchell qui s’est retrouvé contaminé – sans que l’on sache réellement qui a contracté la maladie en premier. Bien qu’asymptomatique, la star a mal vécu cet épisode stressant. En reprochant à son coéquipier de ne pas avoir assez pris ses précautions.
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Rudy Gobert et Donovan Mitchell

Crédit: Getty Images

Un groupe en pleine confiance, de plus en plus fort

Des tensions sont nées. Et elles ont persisté dans le temps. Si bien qu’à la reprise du basket, dans la bulle Disney, Gobert et Mitchell n’étaient pas encore complètement sur la même longueur d’ondes. De quoi précipiter l’élimination du Jazz dès le premier tour des playoffs. En subissant l’affront de se faire remonter un avantage de trois manches à une par les Nuggets. "Ça nous a vraiment fait grandir en tant qu’équipe", assure désormais le pivot tricolore. "Chaque moment difficile de la vie vous aide généralement à évoluer. J’ai vraiment le sentiment que nous sommes revenus cette saison avec un but précis." Les joueurs ne s’en cachent pas : ils ne veulent pas faire de la figuration. Ils se sentent à même d’aller haut, très haut. "Nous sommes déterminés à gagner un titre", promet Mitchell. En sont-ils vraiment capables ?
Le bilan parle en leur faveur pour le moment. Mais pas seulement la colonne victoires ou défaites. Le Jazz pratique un basket très léché, qui repose sur un collectif fort et s’affirme comme la seule équipe qui brille réellement des deux côtés du parquet. Elle est quatrième à l’efficacité offensive et deuxième en défense. Aucune autre franchise ne peut se vanter de figurer dans le top-cinq des deux classements. Il y a du mouvement en attaque. Une balle qui circule. Des coéquipiers qui se connaissent de mieux en mieux et se trouvent parfaitement. Une envie de faire briller l’autre. De l’altruisme. Et ça permet à Utah de planter un paquet de tirs à trois-points chaque soir (16,8, premier en NBA).
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Rudy Gobert

Crédit: Getty Images

La renaissance de Mike Conley, l’implication de Joe Ingles, les exploits de Donovan Mitchell, la solidité de Rudy Gobert ou encore les cartons de Jordan Clarkson en sortie de banc sont autant d’éléments qui expliquent la montée en puissance de ce groupe complet. "Ils sont vraiment très forts. Peu importe la manière dont vous décidez de défendre, ils ont une solution pour tout. (…) Je pense que c’est l’équipe qui se rapproche le plus des Spurs de 2014 au vue de leur circulation de balle et de leur prise de décision en attaque", notait Brad Stevens, le coach des Celtics. Steve Kerr voyait lui un rapprochement avec ses Warriors. Ceux qui étaient allés au bout en 2015.
Le Jazz a déjà battu du beau monde cette saison. Les Clippers (+6), les Celtics (+14), le Heat (+18), les Sixers (+11) ou encore les Bucks par deux fois (+13 et +14), ce qui a même poussé Giannis Antetokounmpo à en faire "la meilleure équipe de la Conférence Ouest." Alors autant ne pas contredire des génies de la balle orange comme Kerr ou Stevens, si ?

Pourquoi ça peut coincer en playoffs

Et bien… nous sommes quand même tentés d’émettre certains bémols. Les succès en saison régulière ne se traduisent pas toujours par des victoires en playoffs et le double-MVP de Milwaukee est suffisamment bien placé pour en parler. Aujourd’hui, même en dominant la ligue, Utah ne boxe pas dans la même catégorie que les deux équipes de Los Angeles par exemple. Ils semblent en cran en-dessous des Lakers, mais aussi des Clippers. En supposant que les deux clubs hollywoodiens soient au complet bien sûr (Anthony Davis et Paul George sont actuellement blessés).
Des éléments forts des bonnes performances du Jazz risquent d’être amoindris au printemps. Peuvent-ils continuer à tirer à presque 40% de réussite à trois-points tout en prenant plus de 42 tirs lointains par match ? Peu probable a priori. Encore plus quand les défenses seront mieux préparées et plus resserrées comme c’est le cas en playoffs. Avec moins d’angles ouverts, les snipers de Salt Lake City seront peut-être un peu moins adroits. Et feront donc un peu moins la différence. "Les gens pensent que l’on gagne des matches parce que l’on marque beaucoup de trois-points. Mais en réalité, c’est grâce à notre défense", rétorque Derrick Favors.
La défense, parlons-en ! Utah se repose notamment sur Gobert, la tour de contrôle la plus crainte de la NBA. Mais en playoffs, le Français a déjà montré des limites face à des joueurs plus mobiles. Notamment quand les adversaires misent sur des cinq de petite taille. Le Jazz encaissait seulement 106 points sur 100 possessions avec son géant sur le terrain lors de la dernière saison régulière. Mais ce chiffre est monté à… 119 pendant les playoffs ! Même constat l’exercice encore avant (de 103 à 114) et même encore celui d’avant (de 98 à 106). Parce que même s’il est très fort pour intimider les attaquants près du panier, "Gobzilla" peine à les chasser au-delà de la raquette.

Le Jazz, plus Hawks 2015 que Spurs 2014

On peut aussi se demander dans quelle mesure Donovan Mitchell et Jordan Clarkson ne montreront pas certaines limites quand les défenses se concentreront encore plus sur eux. Le premier nommé a prouvé qu’il était capable de scorer à profusion, même en playoffs. Mais sans forcément faire gagner. Son manque d’explosivité et de réussite près du panier le rendent dépendant de son adresse extérieure. C’est aussi ce qui le sépare des superstars sur sa position.
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Donovan Mitchell (Utah Jazz)

Crédit: Getty Images

Les Warriors de 2015 avaient Stephen Curry. Les Spurs de 2014 comptaient encore trois Hall Of Famers – Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili – dans leurs rangs en plus d’un Kawhi Leonard en pleine ascension. Le Jazz n’a pas ce joueur, top-dix ou top-douze, capable de les sortir de n’importe quelle situation délicate. Les comparaisons avec ces anciens champions sont flatteuses mais elles sont peut-être exagérées. Cette équipe nous fait plus penser à une version plus forte des Hawks de 2015, avec Al Horford, Paul Millsap, Kyle Korver et Jeff Teague. Une formidable formation de saison régulière finalement balayée en finale de Conférence.
Un groupe bien rodé, talentueux et sans superstar. Très solide mais pas assez pour rafler le jackpot. En soi, aller jusqu’au troisième tour à l’Ouest serait déjà une superbe récompense pour l’organisation qui n’a plus connu ce niveau de la compétition depuis 2007. En revanche, les progrès sont réels depuis l’arrivée de Snyder sur le banc. Ses hommes passent continuellement des caps. Et là, ils ont le mérite d’être au moins dans la course. Un fait de jeu, une défaillance, une blessure ou une suspension sont si vite arrivées une fois le premier tour passé. Ils ont raison d’y croire. Après tout, c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens. Et pour l’instant, le Jazz mène la danse.
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