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NBA - Les Philadelphie Sixers, autopsie d’un échec qui annonce une grande explosion

Antoine Pimmel

Mis à jour 21/06/2021 à 13:36 GMT+2

NBA – Les Philadelphie Sixers ont été éliminés par les Atlanta Hawks dimanche soir. Une désillusion terrible pour la franchise de Pennsylvanie. Ce nouvel échec entraîne de nombreuses questions et des changements au sein de la firme qui semblent désormais inévitables.

Ben Simmons et Joel Embiid (Philadelphie Sixers)

Crédit: AFP

"L’hiver arrive" en plein été à Philadelphie. Cette période sombre semblait inévitable même quand les Sixers célébraient encore leur première place à l’Est à l’issue de la saison régulière. En réalité, "l’hiver arrive" depuis plusieurs saisons déjà. Cette nouvelle bataille perdue, ce nouvel échec, cette sortie de route au second tour après une défaite à domicile lors du Match 7 contre les Hawks dimanche soir, est peut-être enfin annonciatrice d’un grand chambardement en Pennsylvanie pendant l’inter saison. Cette élimination douloureuse doit amener la franchise, ses dirigeants, ses coaches et ses stars à se remettre en question.
Et les questions, justement, sont nombreuses. Avec des choix à faire pour la suite. Pour l’instant, à chaud, c’est Ben Simmons qui se retrouve au cœur de toutes les interrogations. L’Australien est désigné comme le bouc-émissaire après son match à 5 points, 8 rebonds et 13 passes. Encore une fois, il n’a pas su peser au scoring. Notamment dans les moments les plus importants de la partie. Trop fébrile, pas assez agressif, il n’a pas tenté sa chance dans le quatrième quart temps. Et ce pour la quatrième fois de suite dans cette série.

Ben Simmons au centre des critiques

Le moment le plus marquant reste cette possession où il s’est retrouvé dos au panier, avec Danilo Gallinari sur lui, à un peu plus de 3 minutes de la sirène. Il l’a facilement enfoncé pour se frayer un chemin jusqu’au cercle. Sauf que plutôt que de dunker franchement, Simmons a visiblement eu peur du retour de… Trae Young, qui mesure pourtant 20 centimètres de moins que lui. Il a donc fait la passe à Matisse Thybulle. Ce dernier a obtenu deux lancers en montant au cercle, pour finalement n’en convertir qu’un seul.
"Je vais être honnête. Pour moi, le tournant du match, c’est le moment où – je ne sais pas comment dire ça – on a laissé passer un dunk ouvert et on n’a mis qu’un lancer-franc au final", confiait Joel Embiid en ciblant donc son coéquipier. Les Sixers n’ont pas perdu là-dessus. Mais cette action illustre parfaitement les difficultés de Simmons depuis son arrivée en NBA. Il aurait pu y aller. La perspective de se retrouver sur la ligne réparatrice, où il ne converti que 34% de ses tentatives, l’a tétanisé. "Il galère sur la ligne des lancers-francs et c’est devenu un poids dans cette série, sans aucun doute. Je crois toujours en lui mais on a du boulot. On va devoir aller à la salle et travailler dur", soulignait aussi Doc Rivers.
En mettant en avant ce problème, qui du coup, venant de la bouche du coach, devient LE problème de la série et non plus juste un problème parmi d’autres, l’entraîneur de Philadelphie désigne lui aussi son ailier All-Star comme le bouc-émissaire. Un journaliste lui a alors demandé si Simmons pouvait devenir le meneur d’impact d’une équipe qui joue le titre. Là encore, la réponse de Rivers est sans appel : "Comment voulez-vous que je sache ? Je n’ai pas la réponse à cette question pour l’instant." Certains mettront en avant un sursaut d’honnêteté. La réalité, c’est que le discours du coach vient de complètement changer après cette sortie de route. Il a défendu Simmons avec acharnement pendant toute la saison. Parfois aveuglement. Il a assuré constamment que son apport au scoring n’était pas si important, que son poulain gardait un impact considérable sur un terrain de basket. Et là, après ce Match 7, il le lâche. Il change son fusil d’épaule et le braque sur son propre joueur, déjà ciblé par une majeure partie des supporters.

Les Sixers, une équipe sans patron

C’est gonflé. C’est gonflé et c’est une manière de diriger les conversations sur Simmons plutôt que sur lui. Parce que Doc Rivers vient encore une fois d’essuyer un échec cuisant. Ses équipes ont la fâcheuse manie de s’écrouler. Autant à Orlando qu’à Los Angeles ou maintenant Philadelphie. Il est présenté comme un meneur d’hommes mais cette réputation est obsolète, voire fausse. Quel meneur d’hommes aurait laissé ses joueurs dilapider une avance de 26 points dans le Match 5 dans réussir à les remotiver ? Son manque constant d’ajustements tactiques a coulé les Sixers. Et pourtant, il ne sera sans doute pas le premier à sauter cet été. Parce que les dirigeants lui ont offert un contrat juteux sur cinq saisons… il y a un an seulement.
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Joel Embiid (Philadelphie 76ers)

Crédit: Getty Images

Les rumeurs seront donc à nouveau centrées sur Ben Simmons. Cela fait déjà un moment que son incompatibilité avec Joel Embiid a été pointé du doigt. Mais les Sixers ont voulu continuer à tenter le coup et ça se comprend. Il est difficile de tirer une croix sur une association entre deux jeunes stars. Parce que, oui, le premier choix de la draft 2016 reste un excellent basketteur. Le problème, en revanche, c’est qu’il ne peut pas exploiter au mieux ses qualités de percussion en étant aligné avec Embiid. Simmons doit jouer vite, remonter la balle à 200 à l’heure et être entouré de snipers qui compensent ses lacunes abyssales au tir. Embiid doit jouer plus lentement et sur demi-terrain pour écraser ses adversaires dos au panier. C’est plus complexe que ça, bien évidemment, mais il est clair que ça ne colle pas.

Un manque de caractère

Le pire, c’est que le management aurait pu récupérer un joueur d’élite au moment où la valeur de l’Australien était encore très élevée. Les dirigeants auraient pu pousser pour avoir James Harden quand il réclamait son départ des Rockets ! Ils ont hésité longuement à inclure leur deuxième meilleur joueur. Ce qui ressemble à une terrible erreur aujourd’hui (et même à l’époque) même si le propriétaire de Houston n’aurait probablement jamais accepté de refiler sa superstar à Daryl Morey, le GM des Sixers qui officiait encore aux Rockets la saison dernière. Maintenant, qui sera vraiment prêt à mettre le pactole pour récupérer Simmons ? Sa cote a forcément chuté.
Mais tous les maux de cette formation ne se résument pas à lui. Ni même à Doc Rivers. Les Sixers font preuve d’un sérieux manque de caractère. Toute l’année, ils ont réclamé du respect parce qu’ils caracolaient en tête de la saison régulière. Ils se sont plaints que Ben Simmons ne soit pas élu DPOY. Ils se sont plaints que Joel Embiid ne soit pas élu MVP. Tout ça pour se faire sortir par une équipe surprise, inexpérimentée à ce niveau. Le tout en ayant l’avantage du terrain et en perdant trois matches à domicile. Embiid a tout donné malgré une blessure au genou et c’est tout à son honneur. Mais au-delà de son état de santé et de ses performances, le pivot All-Star n’a toujours pas montré des qualités de leader. C’est un excellent joueur individuellement mais ce n’est pas celui qui va constamment porter son équipe dans les moments difficiles en guidant le groupe. D’ailleurs, ça fait un moment que les franchises menées par un intérieur dominant n’ont pas été au bout. La question se pose sur sa capacité à le faire. Les Sixers continueront sans doute à miser sur lui plutôt que Simmons. Mais les problèmes de l’organisation sont sans doute plus profonds. "L’hiver arrive" et il sera chaud.
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