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NBA - Phoenix Suns - Milwaukee Bucks, le duel qu'on n'attendait pas (et qui nous intrigue)

Antoine Pimmel

Mis à jour 06/07/2021 à 21:18 GMT+2

NBA – Les Phoenix Suns et les Milwaukee Bucks s’affrontent ce mardi soir en ouverture des finales NBA 2021. La série s'annonce passionnante et intrigante même si elle sort de l’ordinaire. Les raisons sont multiples. Et tout porte à croire qu'après cette affiche quelque peu exceptionnelle, les "super teams" devraient de nouveau reprendre le dessus.

Chris Paul lors du match opposant les Phoenix Suns aux Milwaukee Bucks, le 10 février 2021 en NBA

Crédit: Getty Images

"Des villes horribles." C’est ainsi que quatre animateurs et journalistes d’ESPN, l’une des plus grandes chaînes de sports américaines, décrivaient Phoenix et Milwaukee il y a quelques jours. Une manière un poil plus polie de dire que les deux métropoles sont dégoûtantes aux yeux de certains médias implantés à Los Angeles ou New York. La définition même des petits marchés, appellation qui masque à peine une forme de dédain.
Ni les Bucks ni les Suns n’avaient remporté leur série à ce moment-là. Mais Stephen A. Smith et ses compères craignaient déjà de devoir y mettre les pieds pour couvrir les finales NBA. Et peu importe le niveau de jeu des deux équipes, parmi les plus séduisantes du championnat cette saison. La discussion portait donc sur les plus grandes villes de l’Arizona et du Wisconsin et de leur manque d’attractivité.
Les télévisions n’y échapperont pas. Ce sont bel et bien les Suns et les Bucks qui vont se défier pour le titre cette saison. Une affiche surprenante et rafraîchissante. Peu nombreux sont ceux qui auraient misé un kopeck sur un tel duel en début de saison. Et les rares qui ont parié ce même kopeck sont désormais très riches. Si l’équipe de Milwaukee s’est invitée parmi le gratin NBA depuis l’avènement de Giannis Antetokounmpo, elle peinait à passer le cap depuis plusieurs saisons. Avec toujours les mêmes problèmes structurels, en plus de la blessure de son meilleur joueur au troisième tour.
Surtout, c’est une organisation qui n’avait plus atteint ce stade de la compétition depuis 1974. Ce sont seulement les troisièmes finales pour les Bucks (vainqueurs en 1971). Idem pour les Suns, battus en 1976 et 1993. Leur dernier passage est plus récent mais ils reviennent pourtant d’encore plus loin. Ça faisait onze ans que Phoenix n’avait plus disputé… les playoffs ! Il y a deux saisons, les Suns terminaient encore avec le plus mauvais bilan de la Conférence Ouest (19 victoires – 63 défaites).
La draft est censée apporter une forme d’équité entre les différents clubs NBA. Un principe "communiste" dans une ligue profondément "capitaliste." Mais pourtant, au bout du compte, ce sont toujours les plus riches et les plus prestigieux qui gagnent. Seules 12 villes ont été sacrées au cours des 40 dernières années. Avec 11 sacres dans le lot pour Los Angeles… Là, ces deux cités "horribles" seront portées par tout un peuple peu habitué à voir défiler des parades de champion. Même constat du côté des acteurs sur le parquet. Un seul d’entre eux a déjà participé à des finales ! Il s’agit de Jae Crowder des Suns, présent avec le Heat l’an dernier. Quelle que soit l’équipe qui finit par l’emporter, tous ses athlètes décrocheront leur première bague. Un renouveau qui fait du bien !

Moins de superstars, plus de plaisir ?

Même sur le terrain – et peut-être surtout sur le terrain – ces finales ne s’annoncent pas comme les autres. Après des années de batailles rangées entre superstars, les Suns et les Bucks vont proposer une notion différente : une lutte entre deux collectifs. Bien sûr, Phoenix aligne tout de même Devin Booker et Chris Paul quand Milwaukee peut compter sur Giannis Antetokounmpo (incertain après sa blessure au genou) et Khris Middleton. Mais ça reste loin des chocs entre Stephen Curry, Kevin Durant, Klay Thompson, LeBron James, Kyrie Irving et compagnie.
Entre le "Big 3" à Miami, celui à Cleveland ou l’armada des Warriors, les finales avaient des allures de guerres titanesques. Ça ne veut pas dire que celles de cette année seront nécessairement moins excitantes. Elles sont peut-être même plus intrigantes. Et certainement différentes. Les Bucks et les Suns ont des grands joueurs, bien entendu. Aucune franchise ne va au bout sans être guidée par un talent hors du commun. Mais ces deux formations ont la particularité d’avoir d’abord été bâties en tant que groupe. Les joueurs n’ont pas d’autres choix que de gagner ensemble.
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Giannis Antetokounmpo lors du match opposant les Milwaukee Bucks aux Phoenix Suns, le 19 avril 2021 en NBA

Crédit: Getty Images

Paul peut marquer des paniers décisifs à la pelle mais il ne sauvera pas les Suns soir après soir du haut de son mètre quatre-vingt. Il arrive qu’il soit gêné par des défenseurs plus grands et plus costauds que lui, ce qui l’a de toute façon poussé à développer encore plus son intelligence de jeu et son sens de la passe. Mais CP3 ne fera jamais du Kevin Durant. Il ne pourra jamais tirer par-dessus tout le monde à n’importe quel moment. Il a besoin des autres.
Antetokounmpo aussi, pour des raisons différentes bien évidemment. Il lui manque cette adresse et cette rapidité dans le dribble – lui, pour le coup, est trop grand – pour s’imposer seul en permanence. Ils n’ont pas d’autres choix que de s’inscrire dans le collectif. C’est encore plus vrai pour les Bucks quand le Grec manque à l’appel. Les hommes de Mike Budenholzer ont fait front en prouvant qu’ils ne se résumaient pas qu’à leur double MVP pour gagner les deux derniers matches de la série contre les Hawks sans lui. Ils sont tous unis. Unis derrière Khris Middleton, certes, mais unis.
Tout comme les Suns qui suivent Paul et s’impliquent constamment les uns pour les autres. Un sacrifice nécessaire pour en arriver là. C’est aussi le cas des "super teams" mais ça se ressent évidemment moins quand une superstar plante 40 points sur quatre matches pour plier l’histoire.

Le retour de l'art noble

Autre aspect "vintage" de ces finales : le retour en grâce du tir à mi-distance ! Il n’avait évidemment jamais vraiment disparu. Mais c’est ironique de voir Chris Paul, Devin Booker ou Khris Middleton désosser des défenses en s’appuyant principalement sur une arme noble mais proscrite par les analytiques. Un long deux points vaut moins qu’un trois-points pour un niveau de difficulté à peine plus aisée. Il est aussi moins facile à rentrer qu’un layup. C'est la raison pour laquelle les défenses ont tendance à laisser énormément d’espace dans cette zone intermédiaire. Les stars des Suns et des Bucks en ont profité tout au long des playoffs. En exploitant ce trou pour dégainer à cinq ou six mètres.
C’est même l’une des clés de cette affiche entre Phoenix et Milwaukee. Les Bucks jouent avec un pivot traditionnel – Brook Lopez – qui recule constamment sur les picks-and-roll. Laissant ainsi des libertés aux tireurs adverses. Paul et surtout Booker, disciple (et héritier… enfin d’une certaine manière) de Kobe Bryant, risquent de s’en donner à cœur joie. Les défenseurs auront intérêt à être très agressifs et physiques pour empêcher les maestros des Suns de manœuvrer trop librement.
Cette série s’annonce vraiment intéressante. Maintenant, ne soyons pas dupes. Elle reste une anomalie. Le fruit de blessures encore plus fréquentes que d’habitude du côté des superstars. James Harden. Kyrie Irving. LeBron James pendant la saison. Anthony Davis. Kawhi Leonard. Joel Embiid diminué. Maintenant Giannis Antetokounmpo. C’est peut-être même presque leur… seule chance de gagner. Les fenêtres de tir pour décrocher une bague sont souvent plus réduites qu’il n’y paraît. Même pour les équipes jeunes.
Les Suns sont prometteurs mais Paul a 36 ans et il peut se retrouver sur le marché cet été. Les Lakers et les Clippers risquent de revenir très forts. Luka Doncic est un prodige qui ne devrait pas tarder à cracker la formule pour mener ses Mavericks tout en haut. Les Bucks sont présents mais leurs parcours ne doit pas faire oublier leurs difficultés chroniques. Et les Nets de KD, Irving et Harden seront de retour l’an prochain, peut-être enfin au complet. Alors profitons de ces finales atypiques qui ont le mérite de changer de l’ordinaire.
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