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Harden parti, l'expérience Brooklyn a tourné court : la NBA a-t-elle (enfin) tiré un trait sur l’ère des "Superteams" ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 14/02/2022 à 15:52 GMT+1

NBA - Kevin Durant, Kyrie Irving et James Harden ne remporteront pas de bague ensemble. La "Superteam" de Brooklyn, auto-décrétée par ses stars, a volé en éclats jeudi à l'occasion de la trade deadline. L'expérience ratée va-t-elle enfin vacciner la ligue et redonner le pouvoir que les directions de franchises n'auraient jamais dû céder aux joueurs ?

James Harden, Kevin Durant et Kyrie Irving sous le même maillot

Crédit: Getty Images

A peine débutée, l’histoire est déjà terminée. Elle ne fut ni belle ni vilaine. Elle restera une parenthèse aux atours pathétiques dans l’histoire de la NBA et même des Nets. Le trio Durant - Irving - Harden n’a pour ainsi dire pas existé, tant sa durée de vie et sa coexistence sur les parquets fut courte. Elle servira possiblement et paradoxalement les desseins des Nets et des 76ers qui paraissent plus forts et plus cohérents maintenant que Ben Simmons a filé à Brooklyn et que James Harden va seconder Joel Embiid en Pennsylvanie. D’un point de vue purement basket, les deux rosters bâtis ainsi ont plus de sens.
Brooklyn décrochera peut-être un jour la timbale, si tant est que Kyrie Irving redevienne un jour un basketteur à temps plein, que Steve Nash fasse mieux qu’accompagner son équipe et que Ben Simmons apporte son altruisme, sa polyvalence et sa défense à l’édifice jusqu’ici brinquebalant. Mais à l’instant présent, les Nets restent une franchise qui s’est pliée en quatre pour faire plaisir à ses stars, qui les a accueillies sans trop avoir le choix et pris le risque de brader son avenir en lâchant des tours de draft à gogo pour attirer Harden dans ses filets, avec le résultat que l'on connaît.
Kevin Durant lors du match opposant les Brooklyn Nets aux 76ers de Philadelphie, le 16 décembre 2021 en NBA
La prise de pouvoir inconsidérée des joueurs depuis le début de la décennie 2010 a, ici encore, montré ses limites. Si LeBron James avait initié le mouvement en décidant de rejoindre Dwyane Wade à Miami et en apportant Chris Bosh dans sa valise - pour quatre finales NBA de suite et deux titres -, la suite n’a pas donné raison au modèle des “Superteams”. On a coutume de dire qu’il n’y a pas de raccourci vers les sommets. ça reste vrai. LBJ peut en témoigner : le Heat avait perdu sa première finale face à Dallas en 2011 et Miami a eu besoin de se construire pour gagner en cohérence. Claquer des doigts ne suffit pas. Gagner ne se décrète pas.

Le Heat, véritable trompe-l'oeil

L’expérience Heat, véritable trompe-l’oeil avec le recul, a pourtant fait des petits. Trompe-l'œil parce que le trio constitué à South Beach était complémentaire, dans ses rôles sur le terrain, dans l’acceptation de la répartition des tâches et, plus important, n’était pas livré à lui-même. Il est bon de se souvenir des débuts chaotiques de ce Heat et du fait que tout n’était pas naturellement dû aux stars de l’effectif. Quand celles-ci, doutant du talent et de l’épaisseur d’Erik Spoelstra, étaient venues toquer à la porte de Pat Riley pour demander à ce dernier de virer le jeune coach et de le remplacer sur le banc, le président de la franchise s'était permis ce que peu de franchises osent désormais devant les stars du parquet : il avait dit “non” et ne s’était pas couché devant "los tres amigos".
Depuis le Heat, les rosters auto-constitués par les stars de la Ligue se sont régulièrement pris les pieds dans le tapis. Et ce n’est sans doute pas un hasard si les équipes sacrées après Miami sont le fruit d’une construction réfléchie, lente et parfois douloureuse.
Le Heat, version LeBron
Celles-ci sont surtout des franchises qui fonctionnent comme elles le devraient toutes. Chacun reste à sa place. Les joueurs jouent. L'entraîneur entraîne. Et la direction dirige. Du côté de Golden State ou de Milwaukee, pour ne citer qu’elles, Stephen Curry et Giannis Antetokounmpo font le job sur le parquet et ne se prennent pas pour des General Managers. Ces derniers - Bob Myers aux Warriors et Jon Horst aux Bucks - ont une mission claire : construire un effectif cohérent et avoir une vision dont la portée diffère de celle des joueurs, qui visent le temps court quand les GM rêvent de situations pérennes.
Et si la mission informelle des GM est de rendre leurs stars heureuses, parce qu’on ne gagne pas dans un environnement toxique, elle n’est en aucun cas de céder à tous leurs desiderata et autres caprices. Ce que certains ont oublié, pour les résultats que l’on connaît.

Le grand vainqueur : Daryl Morey

A Brooklyn, le duo Durant - Irving avait toqué à la porte des Nets et fait fi de ce qui avait été construit avant leur arrivée. Tout le monde s’est couché. Durant voulait Harden, qui ne souhaitait plus rester à Houston ? Le barbu a débarqué sur les bords de l'Hudson. Aux Clippers, Kawhi Leonard et Paul George ont pensé à revenir chez eux, en Californie, avant de réfléchir à l’éventuelle cohérence de leur association. Cette saison, les Lakers, enfin, rappellent que LeBron James n'est toujours pas un grand GM.
Finalement, le grand triomphateur de cette séquence s'appelle Daryl Morey. Le General Manager des 76ers n’a pas cédé à la panique quand le boudeur Ben Simmons a décidé de mettre la flèche. Il a patienté et appuyé sur le bouton au moment opportun : quand sa nouvelle franchise ne perdrait pas au change et qu'un joueur du calibre de James Harden serait disponible. Morey connaît bien Harden, pour avoir décelé ce que les autres n’avaient pas vu avant lui. Morey connaît bien Harden, pour l’avoir côtoyé pendant huit années à Houston. Morey connaît bien son boulot. Et le fait plutôt bien. La preuve.
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