Basketball - NBA - Nowitzki, Gasol, Parker : trois Européens au panthéon du basket

Dirk Nowitzki, Pau Gasol, Tony Parker. Sélectionnés samedi pour être intronisés au prestigieux Hall of Fame lors d'une cérémonie qui se tiendra en août prochain, ces trois joueurs européens symbolisent l'internationalisation galopante de la NBA qui n'a cessé de s'ouvrir au monde. En se montrant aussi prépondérants aux succès de leurs équipes, ils ont incarné ce changement d'ère et de paysage dans la durée. A ce titre, ce "Big3" européen fait figure de pionniers ayant tracé la voie aux stars d'aujourd'hui, les Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic et autres Luka Doncic qui imposent leur domination dans la ligue la plus relevée du monde.

"Il y a eu quelques anciens comme (l'Allemand) Detlef Schrempf ou Tony Kukoc qui ont pavé ce chemin et la nouvelle vague que nous représentions avec Tony et Pau est arrivée... On a contribué à rendre ce jeu global, on a inspiré les gamins, c'est une source d'humilité", a réagi Nowitzki.

De ces trois joueurs emblématiques du Vieux Continent, il est sans nul doute le meilleur scoreur. Très respecté durant et après sa carrière longue de 22 saisons en NBA sous le maillot de Dallas (1998-2019), Dirk Nowitzki figure en sixième position du classement des joueurs ayant inscrit le plus de points dans l'histoire de la Ligue (31.560 en 1. 522 matches). Pour parvenir à ce total, Nowitzki disposait d'une arme fatale : son "fadeaway", tir déclenché après un pas ou un saut en arrière pour créer une distance presque impossible à combler pour le défenseur, surtout en étant aussi grand (2,13 m). Son geste lui valut le surnom "Swish", en référence au bruit que fait le ballon lorsqu'il effleure le filet sans toucher l'arceau.

Grâce, entre autres, à ce tir pratiquement indéfendable, Nowitzki fut la première vedette européenne autour de laquelle une franchise - les Mavericks - décida de construire son effectif. Avec succès, car après avoir conduit son équipe en finale en 2006 (perdue contre le Heat de Miami), le "Wunderkid" parvint à remporter le titre suprême en 2011 en prenant sa revanche sur Miami. Entre-temps, il était aussi parvenu à devenir le premier européen à être élu MVP (meilleur joueur) de la saison régulière en 2007, montrant encore la voie au Grec Giannis Antetokounmpo (2019, 2020) et au Serbe Nikola Jokic (2021, 2022).

Au niveau international, "Dirk" a dû se contenter de la médaille de bronze mondiale en 2002 et de l'argent européen en 2005, esseulé au sein de l'équipe d'Allemagne. Malgré cela et ses lacunes défensives notoires, Nowitzki a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de son sport et rejoint logiquement au Hall of Fame deux de ses anciens coéquipiers : Steve Nash et Jason Kidd.

Autre ailier fort de grande taille (2,15 m), Pau Gasol est l'emblème de la génération dorée espagnole qui remporta trois Euros (2009, 2011 puis 2015) et un titre de Champion du monde (2006), faisant de lui l'un des meilleurs joueurs des compétitions internationales de basket. Très mobile pour sa taille, Pau Gasol, qui évolua parfois au poste de pivot, porta la "Roja" aux côtés de son frère Marc, grâce à sa palette offensive complète.

Seul l'or olympique manque à son armoire à trophées, garnie de onze médailles internationales. Si Pau Gasol n'est jamais parvenu à écrire cette ligne à son palmarès, c'est parce que la "Team USA" lui confisquait systématiquement son crayon. En 2008 puis 2012, la génération des "niños de oro" ("garçons en or") échoua en finale contre les Américains.

Aux États-Unis (2001-2019), Pau Gasol eut également une superbe carrière. Sélectionné en troisième position de la draft 2001 par les Grizzlies, le Barcelonais passa six saisons à Memphis, mais c'est bien aux Lakers de Los Angeles qu'il connut sa meilleure période. Lieutenant de Kobe Bryant, son "frère", il conquit deux titres en 2009 puis 2010. Inséparables, les deux hommes auront leur noms associés pour toujours au Hall of Fame, puisque l'arrière a été intronisé en 2021, à titre posthume.

Ironiquement, c'est aux côtés de son pire ennemi au niveau international, Pau Gasol, que Tony Parker va être célébré comme l'un des plus grands joueurs de l'histoire de son sport. Battus à domicile en demi-finale de l'Euro-2015, en finale de l'Euro-2011 et en quart de finale de JO-2012, les Bleus de Tony Parker ont longtemps échoué contre leur ennemi honni. Mais "TP" réussit tout de même à porter le basket français à des hauteurs jamais atteintes jusqu'alors, en glanant l'or européen en 2013, triomphant cette fois de la "Roja" en demies.

Comme ses deux illustres pairs, Parker est le meilleur joueur de l'histoire de son pays. Il les dépasse même au palmarès dans la NBA, grâce à ses quatre bagues (2003, 2005, 2007 et 2014) remportées avec les Spurs de San Antonio, aux côtés de Tim Duncan et Manu Ginobili. Avec ses deux meilleurs coéquipiers, il a formé l'un des meilleurs trios ayant foulé un parquet, et ce n'est que justice s'il les rejoint au Hall of Fame, accompagné de l'emblématique entraîneur Gregg Popovich, qui a fait de ces joueurs un orchestre capable de réciter sa partition: le "Beautiful game" (beau jeu).

Élu MVP de la finale en 2007, TP a impressionné lors de ses 19 ans dans la Ligue (2001-2019) par ses fulgurances dans le jeu de transition, son exigence de champion et son teardrop, autre geste indéfendable à condition d'être exécuté à la perfection.