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Des stars qui scorent à tour de bras : y a-t-il trop de points en NBA ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 26/01/2023 à 17:56 GMT+1

NBA – Des cartons offensifs tous les soirs, des stars qui scorent à tour de bras : cette saison 2022/2023 est celle de l'explosion statistique en NBA. On n'a jamais marqué autant de points dans la ligue nord-américaine que depuis le début du mois de novembre. Comment s'explique cette évolution ? Et, surtout, est-elle une bonne chose pour le jeu ? Explications.

Klay Thompson au duel face à Luka Doncic

Crédit: Getty Images

Klay Thompson ne court plus après les distinctions individuelles. Sa place dans l'histoire est globalement assurée, lui le membre éminent des Golden State Warriors, aux côtés de Stephen Curry qui aura récolté le plus logiquement du monde l'essentiel des lauriers tressés aux deux compères. Néanmoins, le 2 janvier dernier, sans chef Curry, Klay a fait monter la sauce face à Atlanta et collé 54 points sur la tête des Hawks (143-141, après deux prolongations).
Ça faisait bien longtemps que le shooteur de San Francisco attendait une telle envolée. Elle est arrivée quasiment un an après son retour sur les parquets, lui qui avait manqué deux saisons et demie de compétition en raison d'une rupture du ligament antérieur croisé du genou gauche lors des NBA Finals 2019 puis une autre rupture, au tendon d'Achille, en 2020.
Bref, ç'aurait dû être la fête à Klay. Or, l'explosion de l'arrière est presque passée inaperçue. Parce que Donovan Mitchell, un indélicat de Cleveland, avait cru bon de planter 71 points sur la tête des Bulls quelques heures auparavant (145-134). Depuis Kobe Bryant et ses 81 points en janvier 2006, personne n'avait tapé aussi haut. Une soirée à 125 points à deux, pas mal. Remarquable, même. Mais des actes de moins en moins isolés en NBA.

Le talent ? Oui mais pas seulement

Cette saison est partie sur les chapeaux de roue. A la moitié de l'exercice, la plus mauvaise attaque de la Ligue - Miami - score 108,4 points par match. La saison dernière, elle se serait classée au 23e rang. Les meilleures attaques ? Sacramento et Boston, 120,3 et 117,6 unités par rencontre. L'an dernier, Minnesota récoltait la palme avec 115,9 points. Cette saison, 115,9 points fait de vous la 11e attaque de la Ligue.
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Jayson Tatum face aux Milwaukee Bucks le 25 décembre.

Crédit: Getty Images

Si l'explosion offensive ne date pas d'hier, si la NBA s'était déjà émue de scores amples et surtout déséquilibrés il y a quelques saisons, la tendance s'est spectaculairement accentuée en 2022/2023. Grâce à qui ? Au talent des joueurs, entend-on ici et là. A raison. Du moins en partie.
Actuellement, six joueurs planent au-dessus de la barrière des 30 points de moyenne : Luka Doncic (Dallas Mavericks, 33,8), Joel Embiid (Philadelphie 76ers, 33,6), Jayson Tatum (Boston Celtics, 31), Giannis Antetokounmpo (Milwaukee Bucks, 30,9), Shai Gilgeous-Alexander (Oklahoma City Thunder, 30,7) et LeBron James (Los Angeles Lakers, 30,2). Derrière ces messieurs, Kevin Durant (Brooklyn Nets) et ses 29,7 unités flirte avec cette barre.
La liste est belle. Mais est-elle plus prestigieuse que ce que l'on pouvait aligner lors des années Jordan, notamment ? La réponse est… non. Suffit de se pencher sur l'identité des confrères Hall of Famers de MJ à l'époque. Néanmoins, il est vrai que les "skills" des intérieurs, notamment, ont évolué dans le bon sens. Si Olajuwon, Robinson et compagnie n'étaient pas des manchots alors qu'ils culminaient à 2,13m ou 2,16m, la finesse technique s'est aujourd'hui répandue chez les grands. Elle s'est démocratisée, quasiment. Le basketteur de 2023 est sans doute plus complet, pour faire simple, et donc mieux armé techniquement et offensivement.
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Nikola Jokic durant Denver Nuggets-Boston Celtics

Crédit: Getty Images

La perception et le rôle donné aux stars a aussi grandement évolué, avec des taux d'usage (usage rate) stratosphériques. Le taux d'usage, kezako ? C'est une formule mathématique qui calcule l'influence d'un joueur sur le jeu offensif de son équipe quand il est sur le parquet, avec les stats de ses tirs, de ses ballons perdus et de ses lancers francs obtenus.

Le ballon aux stars

Prenez MJ, toujours lui : en 1993, il plafonnait à un taux d'usage de 34,7%. C'était déjà beaucoup et c'est le plus haut que l'on ait enregistré pour un joueur sacré champion NBA en fin de saison. Mais ce n'est, aujourd'hui, que le 43e taux d'usage le plus haut de l'histoire. Le recordman du genre ? Facile : Russell Westbrook en 2016/2017 (41,65%), l'année de son titre de MVP en triple-double et de ses 47 victoires avec le Thunder.
Cette saison et s'ils tiennent ce rythme, Giannis, Doncic et Embiid entreront d'un coup dans le Top 10 historique, aux 6e, 7e et 8e places. Ces dernières années, le jeu s'est donc surtout individualisé. Mais si les stars ont le ballon entre les mains, encore faut-il qu'ils en fassent quelque chose. De bien, si possible.
Leur talent les aide grandement, l'évolution du jeu et des règles voulues par la NBA est une aide non-négligeable, également. Comme la dernière règle, instaurée cette saison, consistant à donner un lancer franc et la possession à un joueur victime d'une faute sur une contre-attaque. Ne surtout pas casser la fluidité du match. Tout est fait pour promouvoir le jeu offensif (et le spectacle qui va avec).
Ces dernières années, le jeu s'est horizontalisé, également. Est-ce parce que les grands talentueux ont disparu au fil du XXIe siècle ? Ou est-ce l'évolution du basket qui les a fait disparaître ? Une chose est certaine : moins de grands, plus de vitesse, plus de rythme et donc moins d'attaques sur demi-terrain. L'ère des pivots dominants qui ralentissaient le jeu a laissé au fil du temps place aux shooteurs à huit ou neuf mètres qui (d)étendent les défenses et ont ringardisé le shoot à mi-distance.
Cette ère du trois-points roi, qui a pris son envol au tournant des années 2010, a été validée et magnifiée par les Golden State Warriors, quatre titres depuis 2015, et une empreinte majeure sur le jeu. Steve Kerr, heureux coach de l'équipe de la baie de San Francisco, est aux premières loges pour en témoigner. Et savourer. Jusqu’à une certaine limite néanmoins
"Je pense qu'il y a eu une évolution au cours des cinq ou six dernières années et que cela est dû en partie au rythme de jeu. Tout le monde a décidé de jouer plus vite", a-t-il confié à NBC. "Une partie est due à l'influence de Stephen Curry, qui tire de partout. Aujourd'hui, on voit beaucoup de gars qui traversent le milieu du terrain et qui tirent depuis le logo. C'est assez commun de voir cela dans n'importe quel match. C'est aussi dû aux règles (…) Je pense que nous sommes allés un peu trop loin et que nous avons retiré du pouvoir à la défense."
Cette inflation galopante des points marqués est-elle une bonne chose pour le basketball ? Pour le marketing, l'image et les highlights, oui, assurément. Mais pour le jeu ? Qu'en pense le grand manitou de la Ligue, Adam Silver ? De passage à Paris pour la rencontre entre les Chicago Bulls et les Detroit Pistons, le commissionnaire de la NBA ne s'en est pas ému. Même s'il assure suivre cette évolution du jeu.
"Le talent actuel est énorme et explique en grande partie ce que l'on voit aujourd'hui, assure-t-il. L'augmentation du nombre de tirs à trois-points fait aussi qu'on marque plus, les intérieurs shootent également. Ce n'est pas seulement un problème de défense. que les défenses ne soient pas concernées. A une époque, on disait qu'il y avait trop de dunks…"
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