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NBA - Damian Lillard (Portland Trail Blazers), une superstar unique à contre-courant... mais jusqu'à quand ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 29/03/2023 à 23:00 GMT+2

NBA - Damian Lillard s'inscrit en opposition à la "ring culture" qui domine la NBA. Il mesure son succès dans la ligue de bien des façons différentes. Mais avec la pression populaire et les déboires des Portland Trail Blazers, le meneur All-Star peut-il vraiment rester fidèle éternellement à sa première franchise ? Ou plutôt, pendant encore combien de temps ?

Damian Lillard, le 27 décembre 2021 avec Portland, en NBA

Crédit: Getty Images

Les Trail Blazers ont agité le drapeau blanc. Alors que la course aux playoffs fait encore rage à l’Ouest, la franchise de l’Oregon s’est fixée un nouvel objectif sur ces dernières semaines de compétition, à savoir lancer les jeunes dans le grand bain, leur donner des minutes à la pelle et… perdre des matches pour maximiser les chances de récupérer un choix très haut placé à la draft. Comme un certain Victor Wembanyama... Portland reste sur trois revers consécutifs et même 9 défaites au cours des 10 dernières rencontres. Damian Lillard, qui n’a plus joué depuis le 22 mars en raison d’une blessure au mollet qui paraît presque diplomatique à ce stade, ne devrait plus refouler les parquets avant le prochain exercice. C’est même à se demander si le meneur All-Star n’a pas porté le maillot des Blazers pour la toute dernière fois.
En tout cas, les rumeurs autour de son avenir pourraient une nouvelle fois rythmer une partie de l’intersaison du côté de Portland. Comme depuis de nombreux mois. Parce que la direction prise par l’organisation et l’état d’esprit du joueur à ce stade de sa carrière ne sont pas forcément compatibles. Déjà parce que les Blazers déçoivent, avec une deuxième saison de suite sans qualification en playoffs, mais aussi parce qu’ils se comportent comme une équipe sur le point de se reconstruire. Les dirigeants ont cédé deux joueurs confirmés – Josh Hart qui fait des merveilles aux Knicks et Gary Payton II qui devrait peser aux Warriors – pour faire venir des prospects au talent brut comme Cam Reddish ainsi que des tours de draft lors de la dernière deadline. Accumuler les jeunes prometteurs et les picks est généralement le signe d’une nouvelle ère qui s’annonce.

Damian Lillard, une superstar qui ne sort pas du même moule que les autres

Ça ne fait pas les affaires de Lillard. Sauf si le front office compte finalement compiler ces atouts pour les inclure dans un transfert de grande envergure visant à faire venir un deuxième All-Star (Pascal Siakam ?) pour l’épauler. Mais quoi qu’il en soit, la probabilité de voir la superstar décrocher un trophée avec les Blazers un jour s’amincissent saison après saison. Elle est presque inexistante. Lui s’en fiche. C’est ce qu’il répète année après année à chaque fois que la question revient inlassablement dans les discussions. "Je comprends bien évidemment que nous jouons pour gagner des titres. Nous le voulons tous. Mais nous ne pouvons pas nous comporter comme si tout le reste ne comptait pas. Comme si l'aventure vécue ne comptait pas", confie l’intéressé.
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Damian Lillard face à Utah, le 29 novembre 2021

Crédit: Getty Images

Ça peut ressembler à des belles paroles prononcées pour rassurer les supporters ou gagner leur amour. Nombreux sont les joueurs majeurs à avoir promis une fidélité sans limite à leur franchise pour ensuite changer d’optique et, en conséquence, d’équipe. Mais ça fait déjà un long moment que Damian Lillard joint les actes à ses promesses. Sa loyauté, il l’a prouvé, il l’a expliqué et presque théorisé. En ce sens, il s’inscrit totalement à contre-courant de son époque. Sur quasiment tous les sujets.
Alors que la plupart de ses pairs ont été bercés par les débats sur le G.O.A.T, endoctrinés par la culture de la bague, lui voit tout ça d’un œil complètement différent. Il est même agacé par cette obsession. "Je ne sais pas si je vais pouvoir jouer encore très longtemps. Car je n'apprécie pas ce que la NBA est en train de devenir dans l'ensemble. Je joue pour l'amour du jeu, mais les gars parlent uniquement des titres." Depuis la retraite de Michael Jordan, avec la place prépondérante prise par les réseaux sociaux, les athlètes les plus populaires ont tendance à être mis très rapidement dos au mur dès que leurs équipes ne performent pas assez. Ils ont grandi en écoutant les heures d’émissions et débats où sont classés les plus grands individualités de l’Histoire en fonction de leurs accomplissements collectifs, parfois au détriment complet du contexte. Souvent, c’est ce qu’il reste. Le nombre de bagues.
Mais Lillard, à 32 ans, mesure le succès autrement : "J’ai tiré le meilleur de mon potentiel. Je n’ai pas été recruté à ma sortie du lycée. Je suis allé dans une petite faculté. Tout ce que j’ai accompli sur le terrain, en dehors, financièrement, j’ai tout maximisé. Pour moi, tout ça, ça représente le succès. La bague, c’est le niveau ultime. Je veux vraiment gagner. Je ne deviendrai pas fou si je ne gagne pas de titre mais je le veux vraiment. Si je devais arrêter aujourd’hui, j’aurais le sentiment d’avoir eu une carrière pleine de succès. Je serai épanoui. Je n’ai pris aucun raccourci. Je n’ai trahi personne. C’est plus difficile à notre époque parce que les équipes qui gagnent comptent plusieurs superstars. Ça ne veut pas dire que je déteste les ‘super teams’ chacun fait ce qu’il veut."

Un transfert inévitable ?

D’une manière ou d’une autre, cette atmosphère pesante, cette culture de la bague, a sans doute joué sur la décision de Kevin Durant de quitter le Thunder pour rejoindre les Warriors de Stephen Curry. Ça a probablement aussi eu son influence sur le choix fait par LeBron James au moment de s’associer avec Dwyane Wade et Chris Bosh au Heat. Ces deux superstars ont ensuite été des modèles pour les générations suivantes. Lillard, lui, est en dehors du moule. Un peu comme Curry ou Giannis Antetokounmpo. Sauf que ces deux-là ont déjà été au bout. Lui attend encore un tour qui ne viendra peut-être jamais s’il attend sur le même quai, celui de Portland.
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Damian Lillard, campeón de concurso de triples del All-Star.

Crédit: Getty Images

"L'herbe n'est pas toujours plus verte quand vous quittez une franchise. Regardez Russell Westbrook. Il est parti du Thunder pour aller aux Rockets puis James Harden a décidé de s’en aller et Russ s'est retrouvé à Washington. Il a ensuite été transféré aux Lakers. Le voilà dans une quatrième équipe en quatre ans. C'est sa deuxième saison dans cette équipe et tout le monde dit qu'il faut le faire partir. Il sort du banc. Ce mec est un Hall of Famer, un MVP. Il est un exemple qui prouve que l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs", racontait Lillard avant que Westbrook soit justement envoyé au Jazz puis coupé pour rejoindre les Clippers.
Sa mentalité lui joue-t-elle des tours ? Peut-elle impacter la trace qu’il laissera en NBA ? Il serait dommage qu’un talent aussi grand que le sien se retrouve coincé dans des équipes en reconstruction. Même si lui répète justement qu’il n’est pas dans son intérêt de jouer pour une franchise dans cette situation à ce stade de sa carrière. Des petits coups de pression publics fréquents destinés à ses dirigeants, histoire de rappeler que la fidélité peut avoir certaines limites. Même la sienne.
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