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NBA - James Harden (Philadelphie 76ers), une mue réussie… et toujours les mêmes limites ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 01/02/2023 à 22:25 GMT+1

NBA - Le James Harden scoreur et croqueur a évolué pour un meneur altruiste et passeur. Un changement qui devrait l'aider à prolonger sa carrière au plus haut niveau. Et pourtant les mêmes interrogations entourent le barbu et son équipe des Philadelphie Sixers, excellents en ce moment mais peut-être encore un cran en-dessous des principaux favoris pour le titre.

James Harden décisif face aux Lakers

Crédit: Imago

C’est à 33 ans, 34 en août, cinq saisons après avoir été élu MVP de la ligue, que James Harden fait sa mue. Longtemps considéré comme la superstar d’une équipe en lice pour le titre – sans pour autant toucher au but ou même atteindre les finales NBA – le barbu est maintenant la deuxième lame d’une formation des Sixers en pleine bourre et encore une fois classée parmi les trois premières de la Conférence Est. Une transition pas toujours simple, encore plus pour un joueur habitué à disposer de tous les ballons et à marquer plus de 30 points par match. Il pointe désormais à 21 unités. Harden occupe évidemment un rôle central à Philadelphie. Mais dans un registre différent. Il est le principal soutien d’un Joel Embiid phénoménal et sa qualité de passes (11 de moyenne) devient presque son premier atout.

De superstar à super playmaker

Un changement d’attitude déjà entrevu aux Nets, quand il partageait la gonfle avec Kevin Durant et Kyrie Irving, et qui se confirme désormais en Pennsylvanie. Il s’y affirme comme un excellent playmaker. Ce qu’il a toujours été, mais sans autant se reposer sur cet aspect de sa panoplie. Distribuer des caviars à la pelle, il le faisait déjà à Houston. Sauf qu’il évolue de plus en plus comme un "vrai" meneur capable de dicter le tempo, de chercher en priorité à créer pour les autres et de mettre ses coéquipiers – surtout Embiid – sur orbite. Le combo formé par les deux stars sur pick-and-roll est particulièrement dévastateur et il est le moteur de l’attaque des Sixers, qui claquent 115 points sur 100 possessions cette saison (et même 118 quand Harden est sur le terrain).
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Joel Embiid et James Harden, le duo de stars des Philadelphie 76ers

Crédit: Getty Images

L’évolution est intéressante et la métamorphose réussie. Maintenant est-elle vraiment choisie ou plutôt imposée par la perte de vitesse, dans tous les sens du terme, du multiple All-Star ? Sans doute un peu des deux. Les différents pépins physiques, et notamment des problèmes récurrents aux ischios, ont rendu le vétéran plus lent, moins tranchant dans ses attaques vers le cercle et donc plus dépendant de son tir extérieur. Dans ces conditions, il n’est peut-être plus assez fort pour guider une franchise vers les sommets 82 matches par saison, plus les playoffs. Le fait de jouer avec Embiid, l’un des basketteurs les plus dominants du monde, le pousse aussi à changer son jeu. Les deux mis ensemble donnent une autre version de James Harden.
Un joueur fondamental pour les Sixers. Mais paradoxalement, c’est l’ancien profil du MVP qui pourrait être vraiment déterminant en playoffs. Parce que si les équipes adverses décident de verrouiller Embiid du mieux possible, par des prises à deux ou à trois, Harden se retrouvera en première ligne avec pour mission de punir en exploitant les espaces et en scorant à profusion comme il pouvait le faire aux Rockets. Les performances récentes du bonhomme, qui convertit par exemple 38% de ses tentatives derrière l’arc, laissent penser qu’il est encore à même d’assumer son ancien statut par moment. Encore faut-il hausser son niveau de jeu en playoffs. C’est ça la clé. Et jusqu’à présent, il a souvent, voire tout le temps, montré des limites une fois arrivé à un certain stade de la compétition.

Les playoffs comme juge de paix

Sans forcément être mauvais, il n’a pas vraiment su reproduire le même niveau de performances lors des matches les plus importants. Parfois fatigué, parfois trop mis sous pression, il a par exemple été limité à 40% aux tirs et 29% à trois-points lors des finales de Conférence 2018, l’année où Houston est passé proche du titre en sortant en sept manches contre les Warriors de Kevin Durant. Embiid a lui aussi quelques ratés lors des matches à enjeu : 19 points à 42% lors de l’élimination contre le Heat l’an passé ou 17 points à 37% lors de la sortie de route crève-cœur contre les Raptors en 2019. Les deux joueurs majeurs de Philly ont donc un historique qui ne joue pas en leur faveur. Il en va de même pour le coach, Doc Rivers, certes sacré avec les Celtics en 2008 mais aussi battu à trois reprises après avoir mené une série 3 à 1.
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James Harden

Crédit: Getty Images

La dynamique actuelle des Sixers est impressionnante et même excitante. Ils ont gagné 9 de leurs 10 derniers matches et avaient même enchaîné 7 succès de suite. Les ennuis du début de saison semblent derrière eux et la rotation est plus équilibrée maintenant que Tyrese Maxey sort du banc. Sauf que les playoffs seront encore une fois le juge de paix pour une équipe qui ne peut pas se permettre de se contenter de la saison régulière ou d’une ou deux séries victorieuses. Surtout que la pression est de plus en plus forte sur l’organisation et sur James Harden. Le joueur a la possibilité de casser la dernière année de son contrat pour signer un nouveau deal, plus long et plus lucratif, lors de la prochaine intersaison. Lui doit prouver qu’il mérite toujours un salaire mirobolant et les Sixers doivent se montrer à la hauteur de leurs ambitions, à savoir aller au bout.
L’ironie, c’est qu’entre la proximité que partage James Harden avec le GM Daryl Morey et le peu de deuxième option offensive disponible sur le marché, les dirigeants n’auront de toute façon peut-être pas d’autre choix que de le prolonger, quel que soit le prix. Maxey devrait lui aussi hériter d’une extension. Les Sixers vont se retrouver "coincés" avec cet effectif et, s’il s’avère trop juste pour le titre, ils n’auront finalement que très peu de marge de manœuvre. Jusqu’au moment où Embiid finira peut-être par en avoir marre. Du coup, malgré cette reconversion encourageante qui devrait l’aider à garder un rôle prépondérant en NBA, il vaut mieux rester mesuré à propos d’Harden et des Sixers. Ça peut éviter de finir déçu.
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