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NBA - Karl-Anthony Towns et Rudy Gobert ensemble : Pourquoi le plan des Timberwolves est déjà voué à l'échec

Antoine Pimmel

Mis à jour 08/11/2022 à 20:37 GMT+1

NBA - La saison n'a commencé que depuis deux semaines mais l'association entre Karl-Anthony Towns et Rudy Gobert montre déjà ses limites. Les deux intérieurs peinent à exprimer pleinement leurs qualités et cela rejaillit sur l'ensemble du collectif. Les Minnesota Timberwolves sont en difficulté et ils vont devoir rapidement se poser les bonnes questions.

Rudy Gobert a porté les Wolves pour sa première apparition avec sa nouvelle franchise

Crédit: Getty Images

Le transfert de Rudy Gobert pendant l’intersaison n’a pas vraiment surpris les insiders et les suiveurs assidus de la NBA. Un démantèlement du Jazz semblait inévitable après une nouvelle désillusion en playoffs pour la franchise de Salt Lake City, éliminée dès le premier tour. En revanche, le point de chute, Minneapolis, a fait froncer quelques sourcils. Parce que les Timberwolves sont déjà construits autour d’un pivot All-Star depuis qu’ils ont drafté Karl-Anthony Towns en première position lors de la draft 2015. Mais la franchise tenait à franchir un cap le plus rapidement possible après avoir atteint le top-8 de la Conférence pour la deuxième fois seulement depuis 2004.
Les dirigeants ont étudié le marché pour dénicher une star susceptible d’être échangée et ils se sont ensuite jetés sur le Français en n’hésitant pas à céder quatre joueurs et quatre tours de draft, une contrepartie absolument massive pour un joueur certes dominant défensivement mais au profil atypique. Gobert, lui, n’a pas tardé à afficher ses ambitions : "Je vais arriver et tout faire pour aider cette franchise à aller où elle veut. Le titre, c'est l'objectif. C'est ce que cet échange suggère. Towns a encore de la marge de progression, il va gagner en maturité. Nous allons rendre cette équipe meilleure. On veut y arriver vite. L'objectif, ce n'est pas seulement de jouer les play-offs, c'est d'être un candidat au trophée. Je n'y vais pas pour prendre la température."

Pas d'espace, pas de panier

Il n’est pas venu prendre la température mais si jamais le natif de Saint-Quentin s’est déjà habitué au grand froid du Minnesota, il a sans doute été refroidi par les débuts très délicats de sa nouvelle équipe. Il n’imaginait pas les Wolves avec un bilan de 5 victoires après 11 matches. Surtout avec un début de saison très abordable en termes de calendrier. Au final, la seule fois où ils ont fait forte impression, c’était en l’absence de leur recrue majeure de l’intersaison, malade, quand ils se sont imposés contre les Rockets (129-117).
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Rudy Gobert

Crédit: Getty Images

Cela dit, ils ont aussi perdu contre les Knicks (107-120) sans lui lundi soir. Le groupe semblait tout de même plus relâché lors du match contre Houston. Anthony Edwards y a par exemple claqué son tout premier dunk de la saison après 9 rencontres. Une série anormalement longue pour un joueur aussi athlétique et autant porté vers le cercle que lui. Quelques jours auparavant, il se défendait avec une déclaration certainement pas anodine. "La raquette est bouchée, tout le monde est dedans… Je mesure 1,98 m. Je ne peux pas juste sauter par-dessus tout le monde. On me demande de dunker comme si c’était aussi facile. Il me faut de l’espace et une ligne de pénétration claire vers le panier pour dunker."
Le premier choix de la draft 2020 a bien choisi ses mots. Il y a une légère forme d’hypocrisie d’ailleurs. Il sait qu’il peut dunker dans le trafic, même avec des défenseurs en face. La dernière phrase est sans doute la plus importante. Edwards a tenu à souligner l’étroitesse du jeu des Timberwolves depuis qu’ils ont décidé d’aligner deux intérieurs ensemble sur le terrain. Là encore, c’est un peu malhonnête puisque le jeune homme ne se retrouve pas toujours en compagnie de Gobert ou Towns au cours des rencontres. Mais c’est bien la preuve qu’il essaye surtout de faire passer un message. Nouvel exemple quand, après un match perdu contre les Suns, il montre à son coéquipier Jordan McLaughlin les piètres performances collectives du cinq majeur. Le tout à voix haute devant les journalistes en sachant pertinemment que la scène est filmée.
Si l’attitude et le langage corporel d’Anthony Edwards sur ce début de saison sont deux points inquiétants, le fait est que l’arrière de 21 ans met en lumière ce qui ressort à chaque fois que la franchise de Minneapolis fait cohabiter ses quatre joueurs majeurs. Le quatuor composé de Gobert, Towns, Edwards et D’Angelo Russell affiche un différentiel de -9,4 points sur 100 possessions. L’équivalent du pire rating de toute la NBA (les Detroit Pistons). Ce groupe encaisse 106 points sur 100 possessions, ce qui montre un début d’impact défensif du pivot tricolore, mais n’en marque que 97. Pas d’espace, pas de panier. Les 129 points passés aux Rockets – l’une des plus mauvaises défenses de la ligue cela dit – tendent à montrer que les Timberwolves sont plus à l’aises dans un système plus moderne avec une tour de contrôle et des extérieurs autour.

Rudy Gobert se cherche encore, les Wolves aussi

C’est tout simplement dans leurs habitudes. Rudy Gobert peine lui aussi à trouver sa place en attaque. Ses coéquipiers l’ont cherché au début, histoire de l’aider à s’intégrer. Mais il est de moins en moins servi depuis. Il n’a pris qu’un seul tir lors du match contre Phoenix. Il est descendu sous la barre des 10 points à 4 reprises en 9 sorties. Au final, il n’est pas plus alimenté au poste bas à Minnesota qu’il ne l’était à Utah. 12,6 points de moyenne pour 8 tentatives par rencontre. Avec un impact offensif encore plus limité. Quelque part, c’est évidemment normal que son arrivée demande un temps d’adaptation, pour lui comme pour ses coéquipiers. C’est tout de même à se demander s’ils auront envie de faire les efforts pour que ça marche ou s’ils resteront braqués sur l’idée qu’ils préfèrent jouer autrement.
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Rudy Gobert lors de sa présentation à Minnesota en juillet 2022.

Crédit: Getty Images

Et même en cherchant à maximiser les points forts de l’effectif ainsi que cette association atypique dans la peinture, le basket actuel en NBA montre chaque saison les limites du "Tall Ball", philosophie contraire du "small ball", à savoir quand les coaches jouent avec le plus d’éléments mobiles et polyvalents sur le terrain. "Il faut être fou pour penser que la taille ne compte pas au basket", rétorquait Gobert. Oui, elle compte. Mais ce qui compte encore plus, c’est la manière dont cette taille est exploitée.
Les Bucks peuvent se permettre de faire jouer Giannis Antetokounmpo et Brook Lopez ensemble parce que le moins doué des deux offensivement peut se contenter de rester au large et d’étirer les lignes. Aux Wolves, c’est presque le rôle qui revient à Karl-Anthony Towns. Pour assurer un certain "spacing", il passe son temps derrière la ligne à trois points – ce qu’il adore – et n’exploite donc pas pleinement sa panoplie de scoreur. Et quand KAT va dessous, Gobert est tout simplement ignoré par la défense quand il est loin du panier. Il a même balancé un airball derrière l’arc récemment.
"On se complète. Il couvre mes faiblesses et moi les siennes", assurait Towns avant le début des hostilités. Au final, non, pas vraiment. Cette paire est injouable mais dans le mauvais sens du terme. Défensivement, Towns n’est pas assez rapide pour suivre des adversaires plus petits loin du panier. Offensivement, ils se marchent sur les pieds. L’association ne fonctionne d’aucun des deux côtés du parquet. Et ça pourrait être encore pire en cas de playoffs, où les attaques adverses, plus appliqués qu’en saison régulière, prendront sans doute un malin plaisir à les cibler sur pick-and-roll. Minnesota est la deuxième équipe qui encaisse le plus de paniers à trois-points chaque soir. Parce que ses deux intérieurs ne sont pas assez mobiles et il suffit souvent de deux passes pour déstabiliser la défense et trouver un tir ouvert derrière l’arc.
Alors oui, c’est encore très tôt mais les dirigeants ont déjà des questions à se poser. Vu l’investissement massif, ils n’oseront sans doute pas tourner le dos trop vite à cette équipe. Et ce sera probablement une erreur. Il y aura de toute façon des changements à opérer avant que les Wolves reprennent leur marche en avant. Peut-être que ce sera via un nouveau transfert de Rudy Gobert. Ou peut-être que ce sera carrément via un départ de Karl-Anthony Towns, dont l’absence de leadership s’avère problématique saison après saison.
Un joueur de sa trempe pourrait permettre à la franchise de recouper une partie des atouts envoyés au Jazz. Une équipe construite autour d’Edwards et Gobert avec des bons vétérans autour peut faire bonne figure. Mais il n’est jamais simple de sacrifier un All-Star. Les talents comme KAT finissent rarement à Minnesota. Les Wolves en savent quelque chose puisqu’ils ont fait sauter la banque pour mettre la main sur un autre All-Star pas plus tard qu’en juillet dernier…
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