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NBA - Les Golden State Warriors, plus que jamais l'équipe d'une seul homme : Stephen Curry

Antoine Pimmel

Mis à jour 10/05/2023 à 22:04 GMT+2

NBA - Au bord de l'élimination, les Golden State Warriors se reposent essentiellement sur Stephen Curry pour faire la différence en attaque chaque soir. Le système est toujours bien en place mais la superstar n'a jamais été aussi peu entourée offensivement. C'est ce qui fait défaut aux champions en titre avant un Game 5 crucial où ils joueront leur survie dans la compétition.

Stephen Curry

Crédit: Getty Images

La force du nombre. "Strength in Numbers", en version originale. Plus qu’un slogan, c’est une philosophie pour les Golden State Warriors depuis leur ascension au sommet de la NBA en 2015. L’équipe s’est appuyée sur l’association de ses talents d’une part, en se construisant autour de Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green puis ensuite Kevin Durant, mais aussi en misant sur sa cohésion, sa profondeur et le sens du sacrifice de ses vétérans.
Pendant des années, Steve Kerr a misé sur un jeu différent de celui de la majorité des autres franchises de la ligue. Quand tous les coaches multipliaient les picks-and-roll impliquant leur meilleur joueur, lui préférait s’en écarter pour forcer ses joueurs à bouger la balle, à rester investis, créant ainsi un vrai collectif. Plus qu’une philosophie, c’est un état d’esprit pour les Californiens, à l’image d’un Andre Iguodala ou d’un Shaun Livingston, qui ont accepté des rôles réduits pour le bien du groupe.
Mais aujourd’hui, à quelques heures d’un Game 5 avec des champions en titre dos au mur et au bord de l’élimination, la force du nombre s’applique surtout à leurs adversaires, les Los Angeles Lakers. Pour la première fois au cours de ses nombreux affrontements avec Curry, LeBron James se retrouve mieux entouré. Non seulement il dispose d’un Anthony Davis dominant mais aussi surtout de nombreux joueurs de devoir performants, du surprenant Lonnie Walker IV, héros du Game 4, à Austin Reaves en passant par D’Angelo Russell ou Rui Hachimura. Il y a toujours un homme pour sortir du lot chaque soir depuis le début des playoffs à L.A.
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Stephen Curry (Golden State Warriors)

Crédit: Getty Images

Stephen Curry plus utilisé que jamais, plus esseulé que jamais

Pour les Warriors, c’est (presque) tout l’inverse. Ils n’ont jamais été aussi dépendants des performances, et même plutôt des exploits, de Stephen Curry. Les picks-and-roll à outrance dont Kerr essayait de s’éloigner sont devenus essentiels – voire même vitaux – pour une attaque souvent perçue comme flamboyante mais désormais en berne : 109 points marqués sur 100 possessions depuis le début du deuxième tour. Seuls les New York Knicks font pire parmi les 8 équipes encore en lice à ce stade de la compétition.
Tout passe par Curry. Le meneur All-Star n’a jamais été autant mis à contribution offensivement que sur cette campagne de playoffs. Il tourne à 23 tentatives par match, dont 12 derrière l’arc, et maintient tout de même un 47% de réussite assez impressionnant pour le degré de difficulté de ses tirs. Il a déjà pris sa chance 122 fois, soit à peine 15 de moins que lors du titre en 2018… alors qu’il faudrait potentiellement encore 11 matches (au minimum) pour que Golden State finisse à nouveau champion.
Plus de la moitié de ses tentatives sont contestées de près par un défenseur. Plus important encore, 37% des tentatives de Curry se font à l’issue de 7 dribbles ou plus et 39% après un temps de possession supérieur à 6 secondes. Pour la petite comparaison, en 2015, année de son premier sacre, ces chiffres plafonnaient à 26%. Idem en 2016. Avec nettement plus de tirs ouverts. Pour faire plus simple et plus clair : le joueur de 35 ans n’a jamais autant dribblé et n’a jamais été autant utilisé. De quoi l’épuiser à son âge, malgré une condition physique impériale. D’ailleurs, c’est peut-être du jus qu’il lui a manqué sur ses deux derniers tirs (ratés) lors du Game 4. Sa première tentative a roulé sur le cercle et il n’a pas eu la force (ou l’envie) d’agresser Anthony Davis balle en main sur la deuxième.
Le double MVP doit faire beaucoup et il le sait. Il le sent. Rarement le premier à prendre la parole dans le vestiaire malgré son pedigree, il n’a hésité à donner de la voix avant le Game 7 contre les Sacramento Kings au premier tour des playoffs. Il a incité ses coéquipiers à lui faire confiance en leur assurant qu’il allait les porter. La suite ? Une performance surréaliste à 50 points avec des tirs venus d’ailleurs et des efforts surhumains, même à son échelle, pour finalement éviter une élimination prématurée. Mais la défense des Lakers n’est pas celle des Kings et les joueurs de Sacramento, malgré des qualités indéniables, ne pouvaient pas prétendre lutter pour le titre.
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Andrew Wiggins, Stephen Curry, Draymond Green et Jordan Poole (Golden State Warriors)

Crédit: Getty Images

Qui peut s'affirmer comme la deuxième star des Warriors ?

Pourtant, Steph Curry devait déjà se décarcasser pour guider les siens. Parce que la réalité est brutale à San Francisco un an après un sacre assez surprenant : l’équipe manque d’une vraie deuxième star derrière son meilleur joueur. Klay Thompson reste un shooteur redoutable capable de prendre feu très rapidement. Mais il ne peut pas faire la différence balle en main, encore moins que par le passé, et ses performances sont donc fortement liées à son adresse. Il ne crée pas de décalages. Andrew Wiggins est un ton en-dessous par rapport à 2022, peut-être parce qu’il est revenu tard à la compétition. Draymond Green est l’autre playmaker de cette équipe mais les défenses adverses ne craignent absolument pas son tir ou son drive.
Sans même aller jusqu’à chercher un All-Star de plus, juste un Reaves ferait le plus grand bien aux Warriors. Un arrière qui percute et pousse la défense à la faute. Ce rôle, ça aurait dû être celui de Jordan Poole. Facteur X du sacre, le jeune homme a signé un contrat de 140 millions de dollars sur 4 ans dans la foulée. Sa progression a été saluée de tous et Poole a même occupé un rôle majeur par moment, avec Curry relégué sur le banc au premier tour l’an passé. Il aurait dû s’affirmer comme un titulaire cette saison. C’était le plan. Mais les performances décevantes de Golden State ont poussé le staff à le laisser dans son rôle de sixième homme malgré ses 20 points de moyenne.
Le joueur de 24 ans disparaît petit à petit de la rotation. Son temps de jeu est en baisse, ses statistiques aussi. Il est en complète perte de confiance et sa maladresse le rend presque inutile sur cette série. En effet, Poole est l’un des plus mauvais défenseurs de la ligue et il donne très peu d’efforts de ce côté du parquet. C’est éventuellement tolérable s’il brille en attaque. Mais comme ce n’est plus le cas, il n’apporte presque plus rien. La solution pourrait venir de lui s’il se reprend… mais il n’hésite pas à exprimer sa frustration sur son rôle en plein pendant les playoffs. Une attitude en opposition à la culture de la franchise. Du coup, ironiquement, la solution la plus crédible pour sauver les Warriors revient à encore plus de Stephen Curry. Combien d’exploits gardent-ils dans sa manche ? Il en faudrait trois de suite pour permettre aux champions en titre de sortir du trou dans lequel ils sont plongés. Il en est capable, bien sûr, mais ça semble quand même bien mal embarqué.
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