NBA - Premiers à l'Est, grands favoris et sortis par la petite porte : les Milwaukee Bucks ont craqué, séisme en NBA

C’est l’une des images sympas de la dernière Coupe du Monde de football : Kylian Mbappé qui chambre Mattéo Guendouzi à l’entraînement parce qu’il "tire avec la peur." Une référence à la mollesse de ses frappes timides. Quel est le rapport avec la NBA et les Milwaukee Bucks ? Mercredi soir, les champions 2021, grands favoris pour le titre, meilleur bilan de la ligue avec 58 victoires en saison régulière et donc premiers de la Conférence Est, ont "joué avec la peur." Sans retirer du crédit au Miami Heat et à l’énormissime (et c’est un euphémisme) Jimmy Butler, Giannis Antetokounmpo et ses coéquipiers se sont eux-mêmes sabordés.

Avec un scénario très similaire au match précédent. Les joueurs de Mike Budenholzer ont tout bien fait ou presque pendant 40 minutes avant de s’étouffer sous la pression lors des moments les plus chauds et les plus tendus. Après avoir gaspillé 14 points d’avance lors du Game 4, ils ont dilapidé un avantage de 16 points dans le quatrième quart-temps la nuit dernière. 16 points partis en fumée en l’espace de 12 minutes alors qu’ils tenaient une nouvelle fois la rencontre en main. Ils n’auraient jamais dû perdre !

Milwaukee est devenue seulement la sixième équipe à finir en tête de sa Conférence avant de se faire éliminer par le huitième. Une première en NBA depuis 2012, quand les Philadelphie Sixers ont sorti les Chicago Bulls suite à la blessure de Derrick Rose. Sortir par la petite porte, au premier tour, est déjà très embarrassant en soi pour un favori déclaré pour le titre. Mais le pire concernant les Bucks, ça reste la manière. Le déroulement de cette série. L’autopsie de cet échec cuisant.

Ils ont joué avec la peur. C’est la façon la plus parlante – et sans doute la plus juste – de résumer la fin de match catastrophique d’Antetokounmpo, Jrue Holiday et compagnie. Entre le coach qui ne prend aucun temps mort quand son équipe coule, entre les passes hasardeuses, les balles perdues, les lancers-francs ratés, Grayson Allen qui oublie de tirer pour l’égalisation lors de l’ultime possessions de la saison… les Bucks ont été dépassés par les événements. Ils ont subi. Ils ont subi le match et chaque panier donnait l’impression d’un coup de poignard planté dans la carcasse de moins en moins animée d’une équipe paralysée. Encore plus à chaque panier de Butler.

La dernière action illustre tellement bien la débâcle de Milwaukee. Les stars se sont refilés la patate chaude sans réussir à faire la différence et Allen a fini par driver vers le cercle sans faire attention au chronomètre. Il n’a même pas tiré alors qu’il pouvait égaliser et décrocher une deuxième prolongation. Mais les Bucks devaient gagner avant ! Encore une fois, 16 points d’avance. Ils n’ont marqué que 24 points en cumulé sur le quatrième quart-temps et l’OT, le tout en ratant 20 de leurs 25 tentatives.

Ils avaient même encore 4 points d’avance à 14 secondes du buzzer. Mais une mauvaise passe d’Holiday pour Khris Middleton suivi d’un lancer raté par le meneur ont offert à Butler une nouvelle opportunité de jouer les héros en arrachant les cinq minutes supplémentaires sur un alley-oop improbable, conclu à une main de manière spectaculaire. "Est-ce que cette saison est un échec ? Oh mon dieu. Vous m’avez posé la même question la saison dernière. Est-ce que vous obtenez une promotion chaque année au boulot ? Non, n’est-ce pas ? Mais est-ce que chaque année c’est un échec ? Non. Chaque année, vous bossez en ayant un but en tête. Avoir une promotion ou prendre soin de votre famille, je ne sais pas. Ce n’est pas un échec. Ce sont des étapes vers le succès. Michael Jordan a joué 15 saisons. Il a gagné 6 titres. Est-ce que les 9 autres années étaient des échecs ? (…) Vous ne pouvez pas toujours gagner. Cette année, quelqu’un d’autre gagnera", lâchait un Giannis Antetokounmpo évidemment touché.

Son raisonnement se tient mais, encore une fois, c’est la manière qui amplifie le sentiment d’échec. Les Bucks ont tiré presque 30 lancers de plus que leurs adversaires. La superstar en a raté 13 en 23 tentatives. Ils ont craqué mentalement. Ils reviendront peut-être plus fort. Mais il y aura des décisions à prendre concernant le staff et les joueurs. Middleton est d'ailleurs libre de signer où bon lui semble cet été. Les Bucks vont sans doute garder la même ossature. Après tout, les Mavericks de Dirk Nowitzki sont aussi passés à la trappe après avoir gagné 67 matches en 2007. Quatre ans après, ils finissaient champions. Antetokounmpo et les siens auront d'autres opportunités. Mais oui, une autre équipe va gagner cette année. Boston et Philadelphie se frottent sans doute déjà les mains. Celles des joueurs de Milwaukee, en revanche, sont encore moites de peur.