NBA | Stephen Curry contre LeBron James : Cinquième acte d'une affiche de légende

Sacrée coïncidence ou non, deux des plus grandes légendes de l’Histoire du basketball sont nées dans le même hôpital. Si LeBron James se revendique fièrement comme un "enfant de l’Ohio", Stephen Curry est plutôt attaché à sa Caroline du Nord et plus particulièrement à Charlotte, où il a grandi quand son père Dell portait la tunique des Hornets. Mais il a lui aussi vu le jour à Akron au moment où son paternel jouait pour les Cavaliers lors de son passage express à Cleveland. Deux icônes de leur sport au destin lié depuis la naissance en quelque sorte.

Huit ans après leur tout premier duel en finales NBA et cinq ans après s’être affrontés pour la dernière fois en playoffs, James et Curry vont faire leurs grandes retrouvailles. Plus tôt qu’ils en ont eu l’habitude puisque Golden State et Los Angeles se défient dès ce mardi soir pour le compte du deuxième tour de la Conférence Ouest. "C’est très spécial de pouvoir se jouer à nouveau", admet le meneur des Warriors à propos du choc avec le King. "Depuis cette série contre Cleveland en 2015, nous avons eu la chance de pouvoir continuer à évoluer à ce niveau. Je suis excité par ce prochain chapitre. Nos deux équipes vont tout tenter pour rester en vie."

Curry peut essayer du mieux possible de ne pas faire de cette affiche un duel à distance entre lui et LeBron, le match dans le match entre les deux quadruples champions NBA est inévitable d’un point de vue historique. C’est une nouvelle page de leur légende commune, débutée en 2015 avec les finales remportées par les Warriors contre les Cavaliers. Les deux équipes se sont ensuite jouées trois autres années de suite, avec deux sacres pour les Californiens et un pour Cleveland, après avoir remonté un déficit de 1-3, en 2016.

L’avantage est donc à Stephen Curry. Les Warriors partiront d’ailleurs favoris après s’être détachés des Kings in-extremis au cours d’une septième manche décisive remportée grâce à la performance magistrale de leur superstar. Même à 35 ans, le double-MVP est encore aujourd’hui l’un des trois ou quatre meilleurs basketteurs au monde. Peut-être même simplement le meilleur. En tout cas, il est au sommet de son art. Encore plus fort que lors des titres décrochés contre les Cavaliers.

Les Lakers sont solides et ils l’ont démontré en ramenant les Grizzlies sur terre lors du premier round gagné en six manches, dont une victoire éclatante de 40 points pour terminer la série. Les mouvements réalisés en cours de saison ont sensiblement renforcé cette formation, toujours emmenée par James et Anthony Davis.

Mais le King y occupe un rôle presque… secondaire. Il est évidemment toujours essentiel mais il porte moins le ballon qu’à l’accoutumée – Austin Reaves étant même devenu le joueur qui exploite le plus de pick-and-roll – et son taux d’usage n’a jamais été aussi bas en playoffs. Ce serait exagéré (et faux) de le considérer comme un joueur de devoir de luxe, surtout qu’il a pris le jeu à son compte dans certains moments clés, notamment lors du Game 4.

Il apporte encore plus de 22 points par match, avec aussi 11 rebonds et 5 passes (mais 19% à trois-points), sans pour autant être le joueur ultradominant qu’il a pu être tout au long de sa carrière. Mais c’est justement ce mâle alpha dont les Lakers ont besoin pour prendre le dessus sur les champions en titre. Celui qui a si souvent poussé les Warriors dans leurs retranchements en s’affirmant comme le meilleur joueur sur le terrain.

Bien que dominant, LeBron James s’est cassé de nombreuses fois les dents contre Stephen Curry et ses coéquipiers. Au point de le frustrer et de mépriser, au moins un peu, son rival. Au début de l’ascension de ce dernier en tout cas. Quand le numéro 30 de Golden State a été élu premier MVP à l’unanimité de l’Histoire, une récompense qui aurait dû revenir à son aîné si un journaliste (sur 100 !) n’avait pas donné une voix à Carmelo Anthony en 2013. Mais la jalousie ou l’animosité – on se souvient de certains échanges vocaux musclés en finales ou du regard plein de dédain de James – a vite laissé place au respect.

Parce qu’entre légendes, on se comprend. "J’ai le plus grand respect pour Steph et pour tout ce qu’il a accompli sur et en dehors du terrain. C’est génial d’avoir un gars comme lui qui montre l’exemple aux prochaines générations." James n'appréciait pas forcément l'immense popularité naissante de son rival au début, surtout après que les Warriors ont battu les Cavaliers en finales. Mais les valeurs partagées par son adversaire sont similaires aux siennes et il ne peut que se reconnaître en lui, bien qu'ils soient issus de deux milieux différents avec des parcours différents. LeBron est même allé jusqu'à avouer ensuite que s'il devait jouer avec une autre star, ce serait Steph.

Surtout, qu'au final, Curry n’a pas complètement pris le relais de James en 2015. Les deux ont coexisté ensemble au sommet de la planète basket. Et ça en dit beaucoup sur la longévité du premier choix de la draft 2003. Ils se sont tous les deux imposés comme les visages d’une même génération. Ils ont révolutionné le basket comme personne d’autre, hormis Michael Jordan. Un jour, ils seront détrônés par des jeunes aux dents longues. Que ce soit les Kings, les Grizzlies, le Thunder ou une autre équipe menée par une jeune star prête à s’affirmer et à prendre leur place. Mais en attendant, ce sont encore eux qui pèsent.

Au grand bonheur de la NBA, qui se frotte évidemment les mains du choc entre les Warriors et les Lakers. C’est une série de rêve en termes de marketing : deux des produits les plus vendeurs du championnat face à face, avec deux Hall Of Famers qui se retrouvent. "Ça va être épique. Bron et Steph à nouveau l’un contre l’autre", annonce déjà Draymond Green. C’est tout ce que demande le peuple.