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Russell Westbrook aux Los Angeles Clippers : Et si c'était sa dernière chance de faire taire ses détracteurs ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 23/02/2023 à 22:21 GMT+1

NBA - Transféré pour la cinquième fois en six ans, Russell Westbrook débarque aux Los Angeles Clippers avec une ultime opportunité de gagner en NBA. Mais pour ça, il faudra qu'il puisse embrasser un rôle qu'il peine à accepter. De sa capacité d'adaptation dépendra en partie le succès de la franchise californienne mais aussi la suite de sa carrière dans le plus grand championnat du monde.

Russell Westbrook avec les Lakers en 2022

Crédit: Getty Images

Russell Westbrook va découvrir une quatrième équipe en cinq saisons. Un constat glaçant pour l’ancien MVP, qui n’arrive plus à s’inscrire durablement dans un projet depuis qu’il a quitté le Thunder pour les Rockets en 2019. Houston l’a ensuite transféré à Washington, où il n’est resté qu’un an avant d’être envoyé à Los Angeles. Les Lakers s’en sont finalement séparés il y a deux semaines, mettant ainsi fin au passage le plus compliqué de la carrière du multiple All-Star. Coupé par le Jazz, il va rester dans la cité des anges puisqu’il s’est engagé avec les Clippers pour la fin de la saison. Le voilà avec une opportunité de contribuer pour une équipe considérée parmi les favorites pour le titre. C’est sans doute sa dernière occasion de gagner une bague. Peut-être même aussi sa dernière chance en NBA.
Son arrivée fait suite au forcing opéré par plusieurs cadres de la formation californienne, notamment Paul George, auprès des dirigeants pour offrir le dernier spot de l’effectif au vétéran de 34 ans. PG se souvient de son passage à Oklahoma City, quand il jouait le meilleur basket de sa carrière auprès de Westbrook, et il est persuadé que sa venue peut aider les Angelenos à sortir vainqueurs de la Conférence Ouest. Les dernières saisons tendent à prouver le contraire. Les Clippers ont rencontré Tyronn Lue et Kawhi Leonard pour en discuter et se sont entretenus au moins trois fois avec le meneur avant de le signer.
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Paul George et Kawhi Leonard lors de Los Angeles Clippers - Boston Celtics en NBA le 21 novembre 2019

Crédit: Getty Images

Encore des nouvelles superstars au côté de Russell Westbrook... pour le même résultat ?

L’ironie, c’est que son profil ne correspond pas tout à fait avec le portrait-robot du joueur que le GM Lawrence Frank cherchait. Il parlait d’un homme "qui ne doit pas être perçu comme un point faible en défense, quelqu’un qui peut créer mais sans avoir tout le temps besoin de la balle. Le ballon sera de toute façon essentiellement dans les mains de Kawhi et Paul." C’est bien tout le problème avec Russell Westbrook, et ça depuis plusieurs années.
Il a eu l’occasion de partager la gonfle avec de nombreuses stars, ce qui pourrait laisser penser qu’il sait comment jouer à leurs côtés. Kevin Durant. Paul George. Carmelo Anthony. James Harden. Bradley Beal. LeBron James et Anthony Davis récemment. Des associations glorieuses mais… surtout des échecs retentissants. Hormis ses meilleures années au Thunder, Westbrook n’a plus jamais passé le premier tour des playoffs même en étant entouré de certains des plus grands joueurs du championnat. Parce qu’il tend à conserver le ballon et à monopoliser les possessions, notamment dans les moments importants, malgré un manque de réussite flagrant. Sa maladresse (41% aux tirs et 29% à trois-points) le plombe au point où il est devenu presque inutile quand il n’est pas aux commandes de l’attaque. Sachant que ce n’est pas un gestionnaire et que ses décisions sont parfois, souvent, hasardeuses car centrées uniquement sur ses instincts.
Ça ne marchait pas, enfin pas assez, avec James et Davis et il est peu probable que le trio formé avec Leonard et George soit beaucoup plus performant. "Nous avons assez de bons shooteurs autour pour que Russ soit pleinement Russ", assure pourtant PG. C’est une donnée importante. L’effectif des Clippers est beaucoup plus complet et beaucoup mieux construit que celui au sein duquel Westbrook a évolué aux Lakers. Il y a effectivement des spécialistes du tir longue distance comme Norman Powell, Eric Gordon, voire même Nicolas Batum. Leonard et George sont eux aussi adroits de loin. Il y a effectivement les pièces pour lui permettre de jouer sur ses qualités.

Comment il peut faire passer un cap aux Clippers

Parce que sur le papier, ça reste une bonne recrue. Tout dépend dans quel rôle et avec quels niveaux d’attente. Les dirigeants de Los Angeles lui ont déjà fait savoir qu’il ne serait pas forcément titulaire. Et c’est sans doute ce qu’il y a de mieux. S’il sort du banc, il peut faire des étincelles en étant aligné par exemple avec Powell, Gordon, Batum mais aussi un pivot comme Mason Plumlee, partenaire idéal pour lui sur pick-and-roll. Le deuxième cinq des Clippers est plus talentueux que celui des Lakers. Westbrook se retrouverait alors en leader d’une escouade à même de creuser des écarts chaque soir.
Il a encore des qualités de percussion qui semblent importantes pour les Clips. Après tout, il compile encore 16 points, 6 rebonds et 7 passes de moyenne cette saison, même si les statistiques sont parfois trompeuses au sujet de son impact sur le jeu. Contrairement à l’idée reçue, les Californiens n’ont vraiment besoin d’un pur meneur. George et Leonard sont les dépositaires du jeu, un peu comme Jayson Tatum et Jaylen Brown à Boston. Il leur faut plutôt un complément défensif, leur Marcus Smart, pour les accompagner. C’est pourquoi ça marche aussi bien avec Terance Mann dans le cinq. C’est pourquoi il serait préférable de faire sortir Westbrook du banc.
Mais ça ne veut pas dire que ce dernier n’a pas du tout sa place. Il peut assurer le même rôle que John Wall ces derniers mois – un échec – en étant tout de même bien plus performant à ce stade de leur carrière. "C’est vrai que ça n’a pas marché avec John mais on a besoin d’un gars qui peut pousser le tempo et marquer des paniers faciles en transition", admet Paul George. Tyronn Lue aurait aussi fait comprendre qu’il cherchait un slasheur dynamique pour booster l’une des attaques les plus lentes de toute la NBA. Russell Westbrook peut donc apporter un aspect nouveau à une équipe déjà très complète.
Surtout qu’il sera probablement déterminé à montrer à ses détracteurs qu’ils avaient tort. Déterminé à montrer que l’échec aux Lakers – qui sont à 2 victoires et 6 défaites sans lui cette saison – n’était pas uniquement de sa faute alors qu’il a été vivement critiqué et même qualifié de "vampire du vestiaire." Le dernier derby de Los Angeles, prévu en avril, promet d’être explosif.
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Russell Westbrook lors du match opposant les Los Angeles Lakers au Thunder d'Oklahoma City le 27 octobre 20221 en NBA

Crédit: Getty Images

La dernière chance avant de disparaître ?

Sa signature peut tout de même faire grincer des dents. C’est à se demander si les Clippers ont vu ce qui s’est passé aux Lakers. C’est presque comique de penser que ça va beaucoup mieux marché ici alors que ça ne fonctionnait pas chez les autres. Surtout que l’équipe reste sur une excellente dynamique avec 10 victoires lors des 14 derniers matches et des automatismes qui se créent. L’arrivée de Westbrook peut mettre à mal cette alchimie, notamment pour des joueurs comme Mann, Powell ou encore les nouveaux arrivants Eric Gordon et Bones Hyland. Les vétérans du groupe et le coach vont devoir veiller de près pour satisfaire tout le monde et s’assurer que chacun est bien intégré.
Ça peut marcher. De toute façon, si ça ne marche pas, la franchise peut se contenter de le mettre au placard. Il est payé au minimum et ça fait toute la différence avec les Lakers, qui lui filaient 47 millions de dollars et avaient donc intérêt à trouver une solution. Là, Lue peut se permettre beaucoup plus facilement de le laisser sur le banc et d’abandonner le projet s’il sent que ça ne fonctionne pas.
Mais pour que ça marche vraiment – c’est-à-dire pour que les Clippers aillent vraiment tout au bout, jusqu’au titre – il faudrait que Westbrook fasse ce qu’il n’a encore jamais fait en NBA : assurer les tâches ingrates comme un joueur de devoir, défendre avec acharnement chaque possession sans être distrait ou carrément paresseux une fois sur trois, jouer dur même quand il n’a pas la balle, couper fort et intelligemment vers le cercle pour compenser son manque de tir extérieur, etc.
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Pourquoi Michael Jordan reste le GOAT

Il peut briller en sortie de banc. Il peut être efficace au côté de l’une des deux stars quand l’autre se repose. Mais si les Clippers le voient encore comme le MVP de 2017 ou comme un joueur majeur en NBA, s’ils décident de l’aligner dans le money time avec Leonard et George, alors ils seront confrontés aux mêmes problèmes que les autres. Parce que Westbrook reste un joueur irrégulier des deux côtés du terrain, qui n’apporte aucun spacing et qui prend des décisions loufoques dans les fins de matches.
C’est difficile de changer de rôle en NBA. Surtout après avoir été une superstar. Quelque part, il a encore cette étiquette. Et c’est ce qui peut causer sa perte, comme d’autres avant lui. Les Wall, les Anthony, les Cousins. Disparus des radars malgré un talent certain. Russell Westbrook est plus fort individuellement que tout un tas de joueurs dans cette ligue. Mais ces gars là savent comprendre et accepter leur rôle réduit. S’il n’y parvient pas, il pourrait ne plus jamais retrouver d’opportunités malgré ses qualités. Ce n’est donc pas seulement sa dernière chance de montrer qu’il peut gagner. C’est peut-être surtout sa dernière chance de montrer qu’il a encore sa place en NBA.
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