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Team USA, France, Espagne, Argentine… Un titre olympique, des dizaines de scénarios

Loris Belin

Mis à jour 24/07/2021 à 20:57 GMT+2

TOKYO 2020 – D'ordinaire chasse gardée des Etats-Unis, le tournoi olympique masculin de basket n'a peut-être jamais été aussi ouvert que cette année au Japon. Si Team USA part favorite, elle est loin d'avoir son étiquette d'intouchable. D'autant que les prétendants ne manquent pas.

Damian Lillard (Team USA) au milieu de la défense espagnole durant le match de préparation aux JO de Tokyo Etats-Unis - Espagne

Crédit: Getty Images

Et s'il était temps de ne plus utiliser le terme d'hégémonie pour évoquer la domination des Etats-Unis sur le basket mondial ? Si l'équipe féminine de Team USA continue de dominer assez confortablement les grandes compétitions – médaille d'or garantie depuis 1996, cinq des six derniers titres mondiaux – et de faire l'honneur de toutes les joueuses en activité au moment d'être convoquées, leurs homologues masculins ne peuvent autant faire les fiers.
Certes, ils aborderont l'édition 2021 des Jeux Olympiques dans la posture du tenant du titre. Mais par leurs prestations récentes, leur incapacité à séduire les grandes stars de la discipline et leur préparation chaotique, la porte n'a jamais semblé aussi ouverte à un retournement de situation.
Que l'on ne s'y trompe pas, le réservoir de talent de l'équipe américaine reste sans comparaison possible avec les onze autres sélections présentes à Tokyo. L'entraîneur Gregg Popovich a, un peu, moins peiné à pouvoir constituer une escouade après le bide retentissant de la Coupe du monde 2019, abordée avec un effectif de troisième zone par rapport au vivier dont devrait pouvoir jouir Team USA et terminée par une sortie de route dès les quarts de finale contre la France.
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"Ce Team USA, ce n’est pas la crème de la crème… mais seul Gobert y serait titulaire"

Avec Kevin Durant (Brooklyn Nets) comme leader et détonateur offensif et avec le meneur de Portland Damian Lillard pour alimenter la marque, les Etats-Unis bénéficient d'un duo capable de marquer 30 points à n'importe quelle défense au monde dans un bon soir. L'équipe de 2019, portée alors par Kemba Walker, ne pouvait en dire autant. La prudence, voire l'inquiétude, reste de mise.

Deux défaites en préparation pour les Etats-Unis, une première

Alors que la saison NBA vient tout juste de se conclure, les Jeux Olympiques ont longtemps semblé être au deuxième rang des priorités du basket américain ces derniers mois. De nombreuses stars ont signalé leur forfait (LeBron James, James Harden, Stephen Curry, Kyrie Irving…), conséquence attendue d'une saison à rallonge, et d'un exercice où les blessures se sont accumulées. Avec la saison 2019-2020 perturbée par le Covid et conclue très tardivement, de nombreux organismes ont trop tiré sur la corde, au point de devenir un motif légitime aux classiques défections pré-compétition estivale. En premier lieu, Durant, seul joueur déjà présent lors des sacres de Londres en 2012 et à Rio en 2016, sera bien présent malgré une saison tronquée (37 matches de saison régulière passés à l'infirmerie) consécutive à une absence d'un an après s'être rompu le tendon d'Achille lors des finales NBA 2019.
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Kevin Durant face à l'Espagne

Crédit: Getty Images

Et si KD semble désormais sur pied, après des play-offs de haute volée, le spectre du Covid-19 n'est jamais bien loin. Ces derniers jours, Zach LaVine et Jerami Grant ont dû être placés à l'isolement. Plus tôt, c'est un des fers de lance attendus de la sélection, l'arrière Bradley Beal, 31,3 points de moyenne avec Washington cette saison, qui avait dû céder sa place à cause du coronavirus. Alors, Team USA bricole. Et fait de la casse.
Pour ses deux premiers matches de préparation, elle s'est inclinée successivement contre le Nigeria et l'Australie. Pour l'équipe des Etats-Unis, une défaite est une rareté, presque un gros mot. Alors s'incliner à deux reprises – ce qui n'était jamais arrivé dans son histoire depuis 1992 et l'introduction de joueurs professionnels - contre des sélections ne faisant même pas partie de ses plus gros concurrents annoncés à Tokyo a fait mauvais genre.
Une telle sensation était pourtant à prévoir. L'équipe de France l'a parfaitement montrée lors de la dernière Coupe du monde : le reste de la planète ne fait – enfin – plus le moindre complexe face à la formation à la bannière étoilée. Avec l'internationalisation de la NBA, nombreux sont les talents d'ailleurs devenus des joueurs qui comptent dans la grande ligue. Et comme Team USA semble s'évertuer à ne jamais se faciliter la tâche – on est loin de la Dream Team de 92 ou de l'équipe revancharde de 2008 et 2012 -, tout est réuni pour banaliser l'exploit de faire tomber l'ex-armada invincible.
Autre croche-pied qu'elle s'est fait à elle-même, l'équipe américaine va récupérer in extremis un quart de son effectif (l'arrière des Phoenix Suns Devin Booker et les joueurs des Milwaukee Bucks Jrue Holiday et Khris Middleton), qui sort tout juste de la douche après avoir disputé les finales NBA. L'état de fraîcheur des trois hommes pose clairement question, avec seulement 72 heures de coupure pour digérer le sacre ou la déception de ne pas l'avoir conquis (victoire 4-2 de Milwaukee), mais aussi le décalage horaire entre le Wisconsin et le Japon.

Au moins sept prétendants crédibles au podium

La saison a été longue pour tout le monde, même sur le Vieux Continent. Mais la majorité des autres sélections a au moins pu disposer de toutes ses armes avant même de prendre l'avion pour Tokyo. Et la préparation n'a pas rendu plus facilement lisible la hiérarchie du moment dans la quête vers la médaille d'or.
Championne du monde il y a deux ans, l'Espagne partira favorite pour la dernière danse d'une génération dorée. A 40 ans, Pau Gasol disputera sa dernière grande compétition. Son frère Marc, Rudy Fernandez (tous deux 36 ans), Sergio Rodriguez (35 ans) ne seront pas non plus de l'édition 2024 à Paris. L'opportunité est trop belle de leur offrir le seul titre qui manque à leur palmarès (argent en 2008 et 2012).
Derrière ces deux principaux favoris, la course à la breloque s'annonce dense. En bronze lors des deux dernières Coupes du monde, l'équipe de France visera sa première médaille olympique depuis Sydney 2000. La continuité est de mise autour du socle NBA Gobert - Fournier – Batum. Mais la montée en puissance devra être rapide après une préparation correcte, mais sans éclats (défaites à deux reprises contre l'Espagne puis contre le Japon).
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L'équipe de France masculine de basket après son match de préparation aux JO de Tokyo contre l'Espagne, à Bercy le 10 juillet

Crédit: Getty Images

L'Argentine, finaliste mondiale il y a deux ans, n'a rien perdu de son côté poil à gratter autour de son vétéran Luis Scola. Les Boomers australiens et leur porte-drapeau Patty Mills ont également de sérieux atouts à faire valoir, leur qualité de tir et leur dureté en premier lieu. Attention également au Nigéria, seul représentant du continent africain mais en vraie progression ces dernières années. Que dire enfin de la Slovénie et son petit génie Luka Doncic (22 ans), un poison presque suffisant à lui seul pour faire du champion d'Europe 2017 un candidat à la médaille.
Dire que le bazar des calendriers internationaux, et le nombre réduit de places aux Jeux (12 participants) ont été fatals à de nombreuses grandes nations du basket européen comme la Serbie, la Lituanie, la Russie ou encore la Grèce, absentes du rendez-vous de Tokyo. Le signe d'une densité toujours plus grande dans le basket international. Et autant de raisons de voir d'un nouvel œil le nouvel ordre mondial des arceaux, un peu moins centré sur l'Oncle Sam.
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