Championnats du monde | Sprint Dames | Julia Simon, un statut à assumer, des rêves à imaginer

Mais où Quentin Fillon Maillet avait-il la tête ? L'ex-boss de la Coupe du monde a failli connaître une drôle de mésaventure mercredi lors du relais mixte. Son erreur fut sans conséquence, la France conservant sa médaille de bronze mais "QFM" était-il perturbé par un relais qu'il aurait aimé plus performant de sa part ? Il ne fut, une nouvelle fois, pas la pièce majeure du quatuor tricolore, rôle désormais dévolu à Julia Simon. Meilleure biathlète de la saison, elle a débuté ces Mondiaux à Oberhof comme attendu avant de se frotter aux épreuves individuelles.

A 26 ans, Simon a atteint une forme de maturité que son âge supposait. Personne, ou presque, ne pouvait en revanche assurer que celle-ci serait immédiatement accompagnée de résultats tels que la Savoyarde se retrouve être l'athlète la plus régulière de la saison (9 podiums), la plus victorieuse (à égalité avec Elvira Öberg avec 3) et donc la leader de la Coupe du monde. Pensez que jusqu'ici, ses qualités ne l'avaient portée "qu'à" la 8e place du général, au mieux (2019/2020). Évidemment pas une performance à sous-estimer mais s'il existe des paliers dans le sport, celui qui sépare le Top 10 mondial de la première place figure parmi les plus difficiles à passer.

Elle l'a fait avec un naturel déconcertant, au moment où l'équipe de France féminine se cherchait une nouvelle leader après la retraite d'Anaïs Bescond et l'absence de la bientôt maman, Justine Braisaz-Bouchet. "Ça fait du bien au groupe féminin, notait-elle avant le début des Mondiaux à Oberhof. Il y a eu Martin Fourcade, Quentin Fillon Maillet qui a fait un hiver monstrueux, avec le groupe masculin qui suivait, performait. Les filles, on n'avait pas de mauvais résultats mais on n'avait pas leur régularité". Les rôles se sont nettement inversés puisque les hommes subissent l'outrageuse domination de Johannes Boe.

"Il n'y a pas de secret, c'est le résultat d'années de travail qui enfin se met en place, poursuit-elle. On est dans une bonne dynamique, il y a une émulation, et ce dossard jaune aussi, qui montre que c'est possible : je ne pense pas avoir quelque chose de plus que les autres, donc ça montre que c'est accessible, ça pousse tout le monde vers le haut." Oui, c'est accessible et les choses étant ce qu'elles sont, que ne pourrait pas viser Julia Simon sur les épreuves individuelles en Allemagne ?

Sa marge, mince, il faut le dire, sur la concurrence, ne lui permet sans doute pas de rêver d'une razzia telle que celles déjà réalisées par Martin Fourcade dans le passé ou Quentin Fillon Maillet aux JO de Pékin. Repartir sans titre serait, à l'inverse, un petit échec pour Simon qui dit préférer se concentrer sur le contenu plutôt que sur le résultat. Oui, elle assume viser "au moins une médaille individuelle" mais elle rêve surtout de "réussir à sortir une course pleine de A à Z le jour d'un grand événement".

A vrai dire, et la leader de la Coupe du monde le sait, si elle devait faire la course pleine, elle ne serait pas loin du titre. En sprint dès ce vendredi ? Cette saison, Simon brille plutôt dans les confrontations directes, en poursuite et en mass-start. Son ski, solide sans être le plus performant, et peut-être surtout son tir couché sur lequel elle n'a lâché que huit balles (sur 115) depuis le début de saison, la placent bien souvent dans une position idéale pour dérouler. Mais les courses d'un jour sont faites pour rêver. Cette saison, Julia Simon s'est arrogé ce droit.