Mondial 2023 | 2e titre en 2 courses pour Boe intouchable au sprint, Fillon Maillet loin du compte

Rien n’y a fait. Ni les conditions dantesques d’Oberhof (brouillard épais, forte humidité), ni la course parfaite de son grand frère Tarjei. Il n’y a pas grand-chose à faire ce samedi face à ce Johannes Boe-là, époustouflant de puissance sur les skis, à l’image d’un dernier tour stratosphérique, pour s’offrir sa deuxième médaille d’or dans ces championnats du monde 2023.

Un sprint mondial aux airs du championnat de Norvège, avec cinq norvégiens dans le top 6. Tarjei Boe (+ 14''8) et Sturla Holm Laegreid (+ 39''9) accompagnent sur le podium un Johannes Boe qui s’offre le 14e titre mondial de sa carrière. Si Quentin Fillon Maillet (9e) et Antonin Guigonnat (10e) ont limité la casse en vue de la poursuite, les Français sont globalement passés à côté de leur sprint.

De suspense, il y a bien eu. Au moins jusqu’à la dernière balle du tir debout. Jusqu’ici, Johannes Boe semblait presque prenable. Il faut dire que le Norvégien avait fait le choix de partir prudemment sur une piste d’Oberhof très difficile et exigeante qui avait fait craquer plusieurs filles vendredi sur le sprint dames. Une gestion parfaite qui lui aura permis d’exploser la concurrence dans le dernier tour, avec 11 secondes reprises à Tarjei Boe, 16 à Dale mais surtout 33 à Laegreid, encore dans le coup à la sortie du stade. Sauf qu’il n’a pu lutter sur les skis, comme il avait su le faire dans le deuxième tour.

Mais s’il a décroché un deuxième titre en deux épreuves dans ces Mondiaux, Johannes Boe pourrait aussi remercier la réussite. Une réussite qui lui a permis de tirer à 9/10 sur ce sprint, malgré des balles plus que limites. Que ce soit sur le couché comme sur le debout. Des balles qui ont accroché la cible de justesse à chaque fois pour limiter la casse et lui offrir une chance de faire la différence sur les skis, où le Norvégien est sur une autre planète (36’’ de mieux sur le 2e plus rapide). Invaincu en 2023, Johannes Boe n’est toutefois pas à l’abri d’une défaillance sur la poursuite, lui qui n’a jamais été sacré en poursuite, même après ses titres en sprint en 2015 et 2019. Et il sait déjà de qui se méfier : de ses compatriotes, mais pas seulement.

Véritable homme de championnat (21 médailles, 2 titres individuels), Tarjei Boe n’a toujours pas réussi à décrocher ce titre sur le sprint mais le Norvégien de 34 ans s’offre son meilleur résultat dans la discipline aux Mondiaux avec une 2e place (+ 14''8) et l’un des quatre 10/10 au tir parmi le top 10. Sturla Holm Laegreid a, lui, longtemps cru pouvoir créer la (petite) surprise, étant en tête à l’entrée du stade pour le tir debout, avec 12''4 d’avance sur Johannes Boe.

Mais le 2e du général de la Coupe du monde a raté sa dernière balle avant d’exploser physiquement dans le dernier tour. Une "craquante" qui lui a même donné une sueur froide avec le gros retour de Johannes Dale, qui échoue au pied du podium (4e, + 43"6). Attention également pour Johannes Boe à l'Ukrainien Dmytro Pidruchnyi (5e, + 53"4) : c'est lui qui avait privé Boe du titre en poursuite en 2019...

Le podium, les Français n’y ont jamais cru. Impeccable derrière la carabine, Antonin Guigonnat prend une belle 10e place (+ 1'09"00), juste derrière un Quentin Fillon Maillet (9e, + 1’08"9) qui n’a jamais fait illusion sur les skis (11e temps de skis, plus d‘une minute lâchée sur Boe), à l’image de son année globalement. Déception également pour Fabien Claude, seulement 16e (+ 1'46"9). Et que dire d’Emilien Jacquelin ? Complètement à la rue au tir (6/10, 3 tours au debout), le champion du monde 2021 de la poursuite a d’ores et déjà dit adieu à son titre avec une 36e place et 2'31’" de retard à l’issue du sprint. Un calvaire.