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Quentin Fillon Maillet avant les Mondiaux d'Oberhof : "J'ai du mal à vivre cette période-là"

Gilles Della Posta

Mis à jour 08/02/2023 à 12:42 GMT+1

MONDIAUX - Avant de mettre le cap sur les Mondiaux d'Oberhof, Quentin Fillon Maillet a fait le point. Au-delà de sa première partie de saison frustrante, et avant-même d’évoquer ses ambitions pour les Championnats du monde, le Jurassien aux cinq médailles olympiques se projette déjà sur la suite de sa carrière. A 30 ans, il a envie de changement, et le fait savoir.

Une arrivée entre deux Boe : la belle 2e place de Fillon Maillet en poursuite en images

"J’ai envie d’avoir envie" : La phrase en dit long sur la motivation de Quentin Fillon Maillet. Mais elle laisse également pointer le besoin, désormais, d’entretenir voire même d’alimenter cette envie. Les ambitions d’un détenteur du gros globe, double champion olympique, sont évidentes : gagner. Ce ne sera pas la nouvelle du siècle. Or, sevré de succès depuis le 10 mars 2022 et une victoire sur le sprint d’Otepaeae, Fillon Maillet se languit clairement de ce sentiment et il n’y aurait évidemment pas de meilleur moment que les Championnats du monde pour mettre fin à cette disette.
Quatrième du classement provisoire, avec un seul podium à son actif, le Français endure cette saison une domination écrasante de la délégation norvégienne et notamment de son chef de file, Johannes Boe. Un bilan parfaitement honorable pour le commun des biathlètes, mais loin d’être satisfaisant quand on a régné sur la Coupe du monde l’hiver précédent, avec 8 victoires en 22 épreuves. "Mes performances depuis le début de saison sont loin d’être catastrophiques mais j’ai du mal à en parler positivement parce que je n’ai fait que deux bonnes courses… L’année dernière, le podium était presque un minimum et la victoire était l’objectif sur chaque épreuve. Aujourd’hui, l’objectif de la victoire, il est un peu loin et ça me frustre, c’est dur. J’ai du mal à vivre cette période-là."
Cette période, c’est celle d’un Quentin Fillon Maillet qui ne gagne plus. Et face à lui, le Français voit virevolter un Johannes Boe plus fort que jamais, crédité de 11 victoires sur les 14 épreuves disputées cet hiver. Largement plus rapide que tous ses rivaux en ski, le Norvégien culmine à 89% de réussite au tir, et se retrouve régulièrement hors de portée de tous ses rivaux. Une domination rare que ses proches ont du mal à expliquer. "Je ne suis même plus sûr que ce soit mon frère tellement il est fort !", a d'ailleurs confié Tarjei Boe, grand frère de l’homme fort au Français.
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Fillon Maillet : "Même Boe a des difficultés à expliquer pourquoi ça marche aussi bien"

Repos forcé à Anterselva

Johannes a aussi entraîné dans ses pas deux de ses compatriotes à des niveaux actuellement inaccessibles à tous leurs adversaires, Sturla Laegreid et Vetle Christiansen. Le relais norvégien a cannibalisé les 4 épreuves inscrites au calendrier, ne laissant aucune chance aux autres nations. Cette réussite collective ahurissante oblige Quentin, et avec lui tout l’encadrement du biathlon masculin, à remettre la préparation en question.
Un épisode survenu cet hiver a marqué son esprit. En arrivant à Anterselva fin janvier, le Français a été quasiment mis au repos forcé par ses entraîneurs. "J’avais le droit de sortir seulement pour marcher, mais pas pour skier. Je n’avais jamais eu 3 jours de repos consécutifs en milieu de saison". Et ses temps de ski s’en étaient trouvé améliorés dans la foulée.
Cette expérience inédite a, semble-t-il, ouvert les yeux de Quentin, pourtant réputé comme étant un stakhanoviste de l'entraînement. "Le but d’un athlète de Coupe du monde n’est pas de remplir son carnet d'entraînement et de compter les heures, c’est de gagner (…) Est-ce que les gros entraînements de début mai jusqu’à fin novembre sont nécessaires pour gagner des courses ? Je pense que j’aurais des changements radicaux pour la saison prochaine, notamment au niveau du repos, en se disant que les périodes d'entraînements sont très intenses et que les périodes de repos sont très cool aussi".
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Fillon Maillet : "Casser la routine pour me redonner l'envie d'aller à l'entraînement"

Travailler moins pour gagner plus ?

Il est donc question de volume d'entraînement, et aussi d’un élément qui paraît plus profond mais dont les sportifs parlent désormais plus volontiers : la difficulté à retrouver l’envie et le plaisir. L’ambition du tricolore n’est pas bêtement de travailler moins pour gagner plus, mais de changer les méthodes, de briser la monotonie des semaines et des mois de travail à tourner autour d’un pas de tir. "A la fin de la saison dernière, l’idée était de casser la routine, de me donner de l’envie d’aller à l'entraînement, et pas d’y aller comme certaines fois, à reculons".
Les prestations de Vincent Vittoz, l'entraîneur des Français, ne sont pas remises en cause. Mais à 30 ans passés, le gros globe en poche, il y a désormais un besoin de changement. L’arrivée de Cyril Burdet en tant qu'entraîneur du groupe féminin à l’intersaison a agi comme une sorte de révélateur : "Il a amené beaucoup de nouvelles choses dans la préparation des filles… nous on est repartis dans la même dynamique".
Tout le mal que l’on peut souhaiter à Quentin Fillon Maillet, ainsi qu’à toute la délégation masculine, c’est effectivement de se propulser dans la dynamique du groupe féminin. Et si tel est le cas, les supporters français pourraient vivre une quinzaine éblouissante à Oberhof.
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La joie de Quentin Fillon Maillet, une image à vite revoir

Crédit: Getty Images

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