Sprint - Hochfilzen - "J'en avais un peu marre" : Fabien Claude, la fin d'une longue frustration

A quoi ça tient, le bonheur ? Six dixièmes de secondes, pourrait répondre Fabien Claude. Troisième du classement provisoire du sprint, le Français a dû attendre fébrilement l'arrivée d'Endre Stroemsheim pour savoir si le provisoire deviendrait définitif. La réponse a été positive, pour six dixièmes. Mais il a eu peur. "C'est vrai que quand j'arrive et qu'on me dit qu'il y a Stroemsheim qui me repasse devant au dernier inter… Je sais que j'ai fait un gros finish mais lui aussi c'est un gros finisseur", a confié le Tricolore sur La Chaine L'Equipe.

Un énorme ouf de soulagement pour lui, sur ce sprint de Hochfilzen et, plus globalement, sur l'ensemble de ces quatre dernières années. Car cela faisait quatre ans que Fabien Claude attendait. Après un premier podium en Coupe du monde à Rupholding en janvier 2020, il avait enchainé en décembre de la même année une deuxième place sur la poursuite de Hochfilzen et une troisième lors du sprint du Grand-Bornand. Depuis, plus rien en individuel. Décembre 2020, décembre 2024. L'attente a été longue.

Si longue que l'intéressé lui-même ne savait plus à quand remontait exactement sa dernière boîte. "Enfin ! Enfin le podium, dit-il. Je ne me souviens même plus de la dernière fois.Je pensais que c'était 2021 mais apparemment c'était 2020. Depuis le temps..." A neuf jours de son 30e anniversaire, ce gros travailleur resté un peu dans l'ombre des leaders du groupe bleu s'offre avec un peu d'avance un joli cadeau.

C'est dire si la pilule aurait été difficile à avaler pour lui s'il avait échoué au pied du podium pour une poignée de dixièmes. "Je suis tellement heureux, sourit le Vosgien de naissance. Voilà, ça bascule pour moi cette fois, la petite seconde. Et tant mieux parce que, la quatrième, j'en avais un peu marre. Je suis heureux d'avoir pris ma revanche." C'est vrai qu'il a accumulé les places dans le Top 5, mais toujours 4 ou 5. Depuis son précédent podium, il avait fini quatre fois 4e et cinq fois 5e. Au total, pas moins de 26 résultats dans le Top 10 en Coupe du monde avant de retrouver enfin le podium ce vendredi en Autriche.

La roue a donc fini par tourner et Fabien Claude (sous les yeux de toute sa famille, en prime) est tombé à pic ce vendredi, alors que les principaux ténors tricolores, Eric Perrot, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon Maillet, sont passés un peu à côté, notamment au tir. Claude, lui, a signé un 10 sur 10 salvateur, même s'il a tremblé au tir debout :

"Le tir, c'est toujours dur. C'est rare que je fasse le plein sur le couché en sprint et quand je le passe, c'est souvent 9 ou 10 au final. Sur ce dernier tir, après les trois premières, je commence à avoir des pensées. Je ralentis un peu sur la quatre, et je la mets à peine en haut, je vois qu'elle passe. La der, elle est de nouveau en haut. Ce n'est pas un tir libéré, ce ne sont pas des super balles mais je me suis accroché pour qu'elles passent et ça a fait la différence."

Ce sprint de Hochfilzen a marqué le retour aux affaires des Norvégiens, qui n'ont presque rien laissé en plaçant quatre des leurs dans le Top 5 après deux victoires françaises consécutives. Mais Fabien Claude a ramassé la miette du bonheur avec ce podium, derrière Johannes Boe et Sturla Laegreid, mais devant Endre Stroemsheim et Vebjoern Soerum.

Pour le biathlon français, mine de rien, c'est un quatrième podium en quatre courses cette saison chez les hommes et, plus intéressant encore, avec un quatrième athlète différent. C'était donc le tour de Fabien Claude. Un juste retour des choses, au bout de quatre ans.