Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Mondiaux biathlon, Antholez-Anterselva : Jacquelin, au bon souvenir du vélo... et de Nans Peters

Julien Chesnais

Mis à jour 17/02/2020 à 09:22 GMT+1

MONDIAUX - Passionné de cyclisme, Emilien Jacquelin a couru dans son enfance avec Nans Peters, et ils sont restés proches depuis. Son sacre à Antholz-Anterselva est un savoureux double clin d’œil. À son passé cycliste, qui lui a bien servi pour se jouer de Johannes Boe ce dimanche. Et au coureur d’AG2R La Mondiale, qui s’était aussi révélé dans la station italienne, en s'imposant sur le Giro.

Emilien Jacquelin sur le podium protocolaire des Mondiaux d'Antholz-Anterselva après sa victoire lors de la poursuite

Crédit: Getty Images

Le 22 décembre dernier, Nans Peters se rend en voisin au Grand-Bornand pour assister aux mass-starts de la Coupe du monde, avec cinq de ses coéquipiers d’AG2R La Mondiale. L’Isérois, désormais installé à Chambéry, est un vrai fan de biathlon. Et ce pour deux bonnes raisons. Il pratique le ski de fond depuis son enfance, une discipline qu’il utilise désormais en complément d’entraînement l’hiver. Et il a pour vieille connaissance un certain Emilien Jacquelin.
Ce jour-là, Peters lui porte chance. Jacquelin signe le meilleur résultat de sa carrière. Une deuxième place lors de la mass-start. Juste derrière l’imbattable Johannes Boe. Malgré la pluie glaçante, derrière la balustrade, le cycliste ne manque pas une miette de la scène de joie du biathlète dans l’aire d’arrivée. Et il ira le féliciter à l’issue de la conférence de presse, au chaud dans la salle réservée aux journalistes. La démarche n’était pas forcée, il est un vrai supporter : "La veille, la première chose que j’ai faite à l’issue du cyclo-cross que je disputais, c’était de regarder ses résultats. Je les suis toujours à bloc."
Un peu plus tôt dans la journée, Peters nous expliquait les liens multiples qui l’unissaient avec le biathlète. Une histoire de vélo, d'abord. "Avec Emilien, on a couru ensemble dans les jeunes catégories, jusqu’en cadets (15-16 ans). On était dans deux clubs de la banlieue grenobloise, lui au club de Seyssinet-Seyssins (C2S), moi à l'Union Sportive Jarrie-Champ."

Les mères de Peters et Jacquelin ont travaillé ensemble

D'autres cyclistes pros l'ont côtoyé. Également présent au Grand-Bornand, Aurélien Paret-Peintre qui évolue chez AG2R La Mondiale, se rappelle du "cadre bleu alu Lapierre" du biathlète et de son physique déjà "stock" (costaud, ndlr). Eddy Finé a couru dans le même club, et il demeure "assez proche" de Jacquelin.
"Il avait deux ans de plus que moi, se souvient le néo-pro de l'équipe Cofidis, 22 ans. Un jour d'avril, après sa saison de biathlon, il nous avait rejoint en stage. Il sortait de coupure, et avec une semaine à peine d'entraînement de vélo, il était allé gagner le GP de Charvieux ! Problème, il l'avait caché à ses entraîneurs de biathlon. Il m'avait alors sorti : 'J'espère qu'il n'y aura pas d'article dans les journaux !" Pas un petit coureur ce Jacquelin donc. Et il a d'ailleurs ça dans le sang, sa famille ayant compté d'anciens champions cyclistes.
Entre Peters et Jacquelin, le lien n'est pas que cycliste. Il est aussi familial. Natifs de Grenoble et séparés d'un an à peine, les deux gamins se côtoient d’autant plus que leur grands frères respectifs font aussi des courses ensemble. Et leurs mères partagent le même travail. "Sa mère a formé la mienne, décrit Peters. Je crois que c’était dans le secteur de l’ADMR, l’Aide à Domicile en Milieu Rural." Jacquelin bifurque ensuite vers le biathlon. Mais les deux hommes ne perdent pas contact. Et le destin finira par leur trouver un nouveau point commun : Antholz-Anterselva.
picture

Nans Peters, lors de sa victoire à Antholz-Anterselva sur le Giro 2019

Crédit: Getty Images

Célèbre pour accueillir chaque hiver la Coupe du monde de biathlon, la station italienne accueillait l’an dernier l’arrivée de la 17e étape du Giro. Ce jour-là, Nans Peters se révèle sur la scène mondiale. Il se glisse dans une échappée royale de 18 coureurs, s’échappe seul avant la montée finale et ne cesse de creuser l’écart jusqu’à l’arrivée en s’imposant avec 1’34’’ d’avance sur Esteban Chaves. Un authentique exploit. La toute première victoire de sa carrière. Et ce sur les terres saintes du biathlon. L’arrivée est d’ailleurs jugée exactement au même endroit que celles des courses de biathlon. "Cet automne, Emilien est allé s’entraîner à Anterselva, il m’a envoyé des snapchats, nous confiait ainsi Peters, qui inversement ne manque jamais "d’envoyer un message ou une photo", lorsqu’il fait du vélo du côté d’Autrans et de Villard-de-Lans, où vit et s'entraîne Jacquelin.

Jacquelin a joué tactiquement "comme un cycliste"

Huit mois et demi plus tard, au bout de la même ligne droite à Antholz-Anterserlva, ce fut donc autour de Jacquelin de s’illuminer de bonheur. Comme son pote, c’était la première victoire de sa carrière. Et comme si le clin d’oeil n’était pas suffisant, le scénario de la course est une invitation directe à l’évocation du vélo. Son finish face à Johannes Boe, c’était un duel de pistards. Un vrai. Il en avait les codes. Se retourner pour surveiller son adversaire. Ne pas laisser l’intérieur du virage. Choisir le moment opportun pour démarrer. Garder sa ligne …
Quelque part, Jacquelin a puisé dans son passé cycliste les ressorts de la plus belle joie de sa carrière de biathlète, le petit plus qui lui a permis de mettre au fond ce dimanche. "A la fin, j’ai essayé de jouer tactiquement, comme un cycliste, a-t-il confié juste après l’arrivée. J’ai pensé à Nans, qui a gagné ici. Mais aussi à mes souvenirs du vélo, les entraînements sur un vélo de piste, à essayer de garder une ligne pour piéger l’adversaire tout en le maîtrisant. C’est ce que j’ai essayé de faire. C’est incroyable."
picture

Le chat Jacquelin s'est joué de la souris Boe : les temps forts de la poursuite

Après avoir signé ses trois premiers podiums en carrière, tous obtenus cette saison, le voilà qui fait d’une pierre deux coups. Une première victoire doublée d’un premier titre mondial. "C’est un rêve d’enfant, exulte-t-il. Je fais du ski depuis 5 ans. Mon rêve c’était d’être champion du monde, d’imiter Raphael Poirée. Puis ça a été d’imiter Martin Fourcade. Je n’ai pas encore leur palmarès, mais c’est une belle étape de franchie. Voilà, très souvent, je me fais la réflexion que je ne suis peut-être pas le meilleur fils, le meilleur père, le meilleur petit copain. Mais je vis pour ce sport, et c’est un rêve réalisé. Il va falloir fêter ça avec tout le monde maintenant."
Dimanche soir, il manquera Nans Peters. Le cycliste aurait bien aimé être de la partie – bien que la station italienne n’ait pas pris le soin de l’inviter malgré sa victoire sur le Giro – mais calendrier oblige, il était dimanche sur le Tour de la Provence. Lorsque Jacquelin a levé les bras à Antholz-Anterselva, il pédalait sur les routes de la 4e et dernière étape. Mais une fois la ligne d’arrivée franchie, il ne lui a pas fallu bien longtemps pour le féliciter. Et pointer que, décidément, Antholz-Anterselva leur porte vraiment chance.
Emilien Jacquelin sur le podium protocolaire des Mondiaux d'Antholz-Anterselva après sa victoire lors de la poursuite
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité