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Fourcade : "Le tir, ce n'est pas un sport de gros qui fument des clopes"

Laurent Vergne

Mis à jour 12/02/2018 à 17:59 GMT+1

JO PYEONGCHANG 2018 – Martin Fourcade s'était noyé au tir dimanche. Ses trois fautes au couché avaient creusé sa tombe lors du sprint. Lundi, c'est en verrouillant lors de ses deux tirs debout que le Français a fait la différence dans la poursuite pour s'offrir une troisième médaille d'or olympique. Il y a laissé une énergie folle, soulignant la dimension physique de l'exercice.

Après son dernier tir debout, Martin Fourcade sait qu'il va conserver son titre olympique de poursuite.

Crédit: Getty Images

Parmi les innombrables qualités qui placent Martin Fourcade au-dessus du commun des champions, sa capacité de réaction est sans doute une des plus sous-estimées. Et pour cause. C'est si rare de le voir passer au travers. Le Français possède ce mélange de confiance et d'orgueil qui lui permet de rebondir presque systématiquement après un échec, même quand il n'est que relatif.
Dimanche, sa huitième place sur le sprint aurait pu lui couper les jambes. Avec trois fautes dès son premier passage sur le pas de tir dans ces Jeux de Pyeongchang, il avait signé la pire entame possible. La manière dont il a tapé du poing sur la table lundi dans la poursuite est un nouveau témoignage de sa force.
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Fourcade avec Samuelsson et Doll sur le podium de la poursuite.

Crédit: Getty Images

J'ai tout mis dans ce tir
Pour Fourcade, ce n'était pas une question de forme. On l'avait vu dans le sprint, sa condition était excellente. Mais en biathlon, un naufrage au tir est souvent rédhibitoire. Le tir, dans les conditions si délicates de Pyeongchang, aura constitué la clé de ces deux premières épreuves. Sa perte dimanche, son tremplin vers le paradis lundi, avec ce 19 sur 20 et surtout ce double sans-faute au tir debout. Ce dernier tir debout, alors qu'il était seul en tête de la poursuite, l'a mis complètement à plat.
Le Catalan a peut-être eu l'impression de revivre la même scène qu'à Sotchi quatre ans plus tôt. En Russie aussi, il s'était pointé seul aux commandes avant de lâcher ses cinq dernières balles. Comme il y a quatre ans, il n'a pas commis la moindre faute. "J'ai tout mis dans ce tir", avoue-t-il, avant de manier la métaphore pour tenter d'expliquer la dimension physique de cet exercice : "On a l'impression que le tir, c'est un sport de gros qui fument des clopes. Mais finalement, c'est un sport qui coûte une énergie folle. Aujourd'hui, je l'ai vraiment ressenti. Ce dernier tir m'a totalement vidé."
Il y a quatre ans, je jouais ma vie pour être champion olympique, aujourd'hui j'étais déjà champion olympique
On a alors revu l'image de Sotchi, avec un Martin Fourcade se tournant vers ses entraîneurs. Une première forme de célébration. Mais le sextuple vainqueur de la Coupe du monde l'assure, si le scénario a des airs de ressemblance, le contexte, lui, était radicalement différent. "Ce n'est pas du tout pareil, assure le porte-drapeau français. Les deux sprints ne se ressemblent pas du tout. Il y a quatre ans j'étais déçu, mais j'avais donné presque 100% de ce que je pouvais faire, j'avais fait une belle course. Hier, j'étais déçu, en ayant eu l'impression d'avoir fait la course parfaite, et d'être passé à côté de ce couché que je ne comprenais pas."
L'autre différence, c'est qu'à Sotchi, au moment de lâcher ces dernières balles, Martin Fourcade savait que l'impact de sa réussite ou de son échec serait colossal. Il tirait alors pour entrer dans la constellation des champions olympiques. Ce n'était pas le cas lundi, comme il a tenu à le souligner : "Il y a quatre ans, je jouais ma vie pour être champion olympique, aujourd'hui j'étais déjà champion olympique. C'est un contexte totalement différent. On n'est pas la même personne en quatre ans." Ce qui n'a pas changé, en revanche, c'est qu'il reste le patron du biathlon.
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Martin Fourcade JO Pyeongchang

Crédit: Getty Images

Le relais, son grand objectif

Elle va lui faire un bien fou cette médaille d'or car, quoi qu'il advienne désormais, il n'aura pas raté ses Jeux. Il dit ressentir un "mélange de soulagement, de joie, de fierté et de fatigue." Mais cette libération ne doit pas devenir un piège. Les Jeux sont réussis. Ils ne sont pas finis.
Là encore, l'expérience de Sotchi n'est pas très loin. "Ce titre qui va rendre beaucoup plus facile la suite, reprend le triple champion olympique. Mais je ne veux pas retomber dans un excès de relâchement. Il y a quatre ans, j'avais payé mes titres sur la fin des Jeux en tombant malade. Ce sont des erreurs que je vais essayer de ne pas refaire." Après la capacité à rebondir, la volonté de ne pas lever le pied de l'accélérateur.
Avec cet or autour du cou, Fourcade a déjà son gâteau. Il lui reste quatre occasions de le parsemer de quelques cerises. Deux tout seul, et deux en équipes. Des quatre, la course à laquelle il tient le plus, c'est le relais masculin. Il rêve d'une consécration collective, la seule chose qui manque encore dans sa carrière. "La médaille en relais, dit-il, c'est maintenant mon objectif prioritaire de ces JO, devant l'individuel et la mass start." Et ce que Fourcade veut...
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Martin Fourcade

Crédit: Getty Images

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