Lefèvre, un pour tous

Sa médaille de bronze, décrochée aux Jeux d'Athènes, Fabien Lefèvre la troquerait bien contre un métal un peu plus précieux à Pékin. L'homme n'a pas oublié l'épisode hellène. Ceux qui l'ont vu en larmes ce jour-là, non plus. Au sortir de deux championnats du monde brillants (titre mondial en K1 slalom à Bourg-Saint-Maurice en 2002 et à Augburg en 2003), l'homme visait mieux sur le bassin grec. Beaucoup mieux. Coupable d'une touche à chacune des manches, synonyme de deux secondes de pénalité à chaque fois, l'Orléanais de naissance est reparti de Grèce avec le bronze, laissant son compatriote Benoît Peschier se parer d'or. Quatre ans ont passé. Les choses ont changé. La déception athénienne fait partie du passé. Et c'est le présent qui intéresse Lefèvre.

Après trois saisons difficiles, le kayakiste de 25 ans semble revenir à son meilleur niveau. Pour preuve, les sélections olympiques françaises disputées du 29 avril au 1er avril à La Seu D'Urgell en Espagne. Vainqueur au terme des trois jours d'épreuve, Lefèvre a décroché son visa pour Pékin, laissant sur le bord de la route Benoît Peschier. Dans moins de 100 jours, le Français s'envolera donc pour la Chine pour y disputer une deuxième olympiade. Le champion olympique d'Athènes, lui, n'aura pas l'opportunité de défendre son titre. Un sort qui n'a pas laissé de marbre l'heureux élu : "Je suis partagé entre ma grande joie et un peu de tristesse par rapport à tous ceux que je viens de battre et qui m'ont mené la vie dure", déclarait-il début avril dans les colonnes de L'Equipe.

Pour ne pas décevoir tout ce monde, le Palois d'adoption s'est fixé un objectif et compte bien tenir ses promesses : "Je serai champion olympique". Pour lui mais également pour ceux qu'il a laissé au bord de la route, son compatriote Peschier en première ligne : "Je jouais ma vie d'athlète ici (en Espagne), mais j'aurai honte de regarder Benoît dans les yeux si je ne rapporte pas l'or des Jeux. Ce n'est pas que pour ma pomme, mais c'est aussi pour lui, pour tous ces partenaires et concurrents qui m'ont poussé et permis de découvrir des ressources insoupçonnées, que je me déchirerai."

Autre source de motivation pour Fabien Lefèvre, son fils Noé. Le jour de la cérémonie d'ouverture, le 8 août prochain, sa progéniture fêtera ses deux ans, pendant que son athlète de père défilera aux côtés du porte drapeau tricolore, Tony Estanguet : "Je me bats pour ma femme et mon fils. Je m'en sens responsable, je ne navigue pas seul." Il ne travaille plus tout seul non plus. Après s'être séparé de son coach de toujours, Sylvain Curinier, et mis de côté ses rancunes envers la fédération, Lefèvre s'est attaché les services de Jean-Yves Cheutin en 2005.

La relation entre les deux hommes s'est rapidement mise en place : "En trois ans, on a établi le contact puis créé des liens, a expliqué le coach national à nos confrères de L'Equipe. Fabien a le caractère trempé d'un champion, il est hyper exigeant, direct, très nature. Comme il a tout dans sa tête et dans ses rêves, une qualité de pagaie hors norme, je suis simplement devenu l'homme des stratégies. Il fallait le rendre plus calculateur pour stabiliser ses bases." A Pékin, dans le bassin de Shunyi – "large, volumineux, il me conviendra bien" – Fabien Lefèvre tentera de succéder à son compatriote Benoît Peschier en slalom. Après avoir mis fin aux rêves de doublé du champion olympique en titre, le Tricolore lui doit bien ça.

K1 HOMMES : Fabien Lefèvre
C1 HOMMES : Tony Estanguet
C2 HOMMES : Martin Braud et Cédric Forgit
K1 FEMMES : Emilie Fer