Lamy-Chappuis intouchable

Jusqu'ici, la campagne mondiale de Jason Lamy-Chappuis était aussi triste que le ciel d'Oslo. 15e en individuel sur le petit tremplin, 5e par équipes avec ses partenaires de l'équipe de France, le champion olympique de Vancouver n'était pas à la fête dans le brouillard norvégien. Tout ça est oublié. Mercredi, lors de l'ultime épreuve, le grand tremplin individuel, il a remis les pendules à l'heure de la plus brillante des manières en décrochant l'or. C'est son premier titre de champion du monde. A 24 ans, il a tout gagné et s'impose comme un des plus grands champions de l'histoire de son sport.

Dès le saut sur le K120, Lamy-Chappuis s'était positionné en favori en prenant la deuxième place, avec un saut à 133,5 mètres. De quoi lui assurer la deuxième place avant l'épreuve de 10 km ski de fond. Le Franc-Comtois savait alors qu'il s'élancerait avec six secondes de retard sur le Norvégien Haavard Klemetsen, mais ce dernier ne constituait pas une menace directe. C'est plutôt derrière que JLC devait regarder. Avec une pointe d'inquiétude. "C'est un bon résultat, mais si la plateforme avait été abaissée, les écarts auraient pu être plus importants", regrettait-il. Sa marge de 30 et 34 secondes sur les Allemands Johannes Rydzek et Eric Frenzel constituait un matelas intéressant, mais pas forcément suffisant.

Sur les coups de 16 heures, quand il s'est élancé, Lamy-Chappuis n'a donc pas temporisé. Un temps accompagné par Klemetsen et l'Autrichien Denifl, le Français a décidé de partir seul peu après les trois kilomètres. Le chemin était encore long, mais il savait ce qu'il faisait. "Au bout de deux trous, raconte-t-il, j'ai senti que les jambes répondaient bien, alors j'ai essayé de partir tout seul." Un pari risqué, mais le titre mondial était à ce prix. Car derrière, Rydzek et Frenzel ont uni leurs efforts pour tenter de revenir sur lui. Déjà sacré sur le petit tremplin samedi, Frenzel rêvait d'un doublé historique.

Toujours relégués à une trentaine de secondes après la mi-course, les deux Allemands ont progressivement réduit l'écart dans les dernières boucles. A moins de deux kilomètres de l'arrivée, ils ne pointaient plus qu'à 17 secondes. "J'ai prié pour qu'ils ne reviennent pas trop vite", confie Lamy-Chappuis, qui a toutefois toujours été maitre de son effort. La clé de son succès mercredi. Sur la ligne, il a préservé 7 secondes sur Rydzek et Frenzel, qui complètent le podium dans cet ordre. "C'est vraiment magnifique.Ils sont revenus à 15 secondes à l'entrée du dernier tour, j'ai eu chaud, mais j'ai mérité cette victoire", juge la star du combiné français. Personne n'aura l'audace de prétendre le contraire, pour l'ensemble de cette journée comme pour l'ensemble de son oeuvre.