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Après des Flandriennes de feu, de l’audace, encore de l’audace sur les Ardennaises ?

Benoît Vittek

Mis à jour 15/04/2017 à 12:04 GMT+2

AMSTEL GOLD RACE - Ce printemps sourit aux audacieux, dont la réussite est incarnée par le numéro de Philippe Gilbert sur le Tour des Flandres. Cet élan peut-il survivre aux classiques ardennaises, dont les vainqueurs se montrent souvent plus attentistes ? Ils sont nombreux à tirer dans ce sens.

Philippe Gilbert (Quick-Step), Greg Van Avermaet (BMC) et Oliver Naesen (AG2R) pendant le GP E3

Crédit: Panoramic

"Cette année, les classiques récompensent ceux qui sont agressifs à l’avant de la course." Samedi dernier, à la veille du départ de son seizième Paris-Roubaix, Mathew Hayman se réjouissait des primes à l’audace régulièrement décernées aux ténors du peloton en ce printemps. L’Australien n’a pas pu en profiter le lendemain sur les pavés de l’Enfer du Nord. Mais le vétéran de l'équipe Orica-Scott est tout de même bien placé pour saluer des courses au scénario débridé. C’est ainsi que l’an dernier, après une échappée initiée à 175 kilomètres du but, il a enfin accroché le succès à Roubaix après lequel il a couru toute sa carrière durant.
Avec un peloton de plus en plus homogène, verrouillé par des équipes à la force collective imperturbable, ces envolées sont pourtant réputées impossible dans le cyclisme moderne. Heureusement, les champions savent s'affranchir des règles établies. Philippe Gilbert n’a eu que faire des augures pour signer son retour parmi les grands du peloton d’un numéro en solitaire d’une cinquantaine de kilomètres sur le Tour des Flandres.
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Philippe Gilbert (Quick-Step Floors) lors du Tour des Flandres 2017

Crédit: AFP

"Parfois, tu as seulement besoin de grosses couilles"

Ce sont également des courses de mouvement qui ont couronné Michal Kwiatkowski à Sanremo (vous savez, le paradis des sprinteurs) et Greg Van Avermaet à Roubaix, après avoir joliment animé Paris - Nice et Tirreno - Adriatico. Et on se dit que tout le monde pourrait se lancer dans pareilles initiatives. Après tout, il n’y a de toute façon pas de place pour tout le monde sur la plus haute marche du podium. Autant se la disputer de façon attractive, pour définitivement convaincre des audiences en nette croissance cette année.
Ou, comme l'a inscrit Tom Boonen sur le cadre de son vélo avant de prendre le départ de sa dernière course, "parfois, tu n'as pas besoin d'un plan, tu as seulement besoin de grosses couilles". Elles peuvent vous faire gagner sur toute la ligne.

Lauriers sportifs et médiatiques

En plus de régulièrement moissonner les succès, ces coureurs "ballsy" se taillent des parts de lions médiatiques. Alberto Contador et Peter Sagan, autres grands secoueurs de peloton, ont certes été sevrés de lauriers en ce printemps. Malgré sa formidable offensive dans Paris - Nice, Contador a encore échoué à renverser la course. Avec ses trois autres places de dauphin, à chaque fois derrière Alejandro Valverde (au style de course nettement plus conservateur), on se dit qu’il faut peut-être s’interroger sur la capacité de Contador à dominer la concurrence, plutôt que sur son style.
Le niveau, Peter Sagan l’a sans aucun doute, mais il a buté sur deux de ses rivaux les plus impitoyables, Kwiatko et GVA, qui savent parfaitement comment manœuvrer le Slovaque - on pourra s'émerveiller longtemps du sprint du Polonais à Sanremo. Saganator s’est consolé en affirmant que "le plus important, c’est le spectacle". Pour une fois, son (déjà très riche) palmarès ne s’est que modérément enrichi (un premier KBK et deux étapes de Tirreno, tout de même). Sagan, comme Contador, n’en a pas moins été l’un des acteurs les plus en vue de ce début de saison. Loin de faire le show gratuitement, il réjouit ses sponsors, les organisateurs de courses et ses très nombreux supporters.
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Slovakia's Peter Sagan drinks as he rides during the 115th edition of the Paris-Roubaix one-day classic cycling race, between Compiegne and Roubaix, on April 9, 2017 in Roubaix, northern France.

Crédit: AFP

Le spectacle dont on se régale, on l’attribue essentiellement à ces coureurs et quelques autres. Les organisateurs proposent, les géants (et parfois les nains) de la route disposent. Cette sentence, ou sa version en forme de lapalissade ("ce sont les coureurs qui font la course") enterre souvent tout débat. On ne fait pas attaquer un coureur qui n’a pas envie. Mais on peut créer les conditions favorables à l’initiative. Chez le géant ASO, on a développé une cellule se réunissant pour chercher à rendre la course plus attractive. Il est facile d’imaginer que cette réflexion anime d’autres organisateurs de course, quand ils en ont le luxe (comprenez : quand la précarité financière qui accompagne certains acteurs du cyclisme leur offre un break).

Varier les parcours, réduire le nombre de coureurs : les clefs du bonheur ?

Le parcours est l’un des principaux leviers actionnés pour tenter de donner un nouveau souffle à une course. Ce sera tout particulièrement le cas cette semaine sur les classiques ardennaises. Il le faut bien, elles souffrent souvent de la comparaison avec des flandriennes bien plus débridées. Malgré un final plus dense en difficultés, la Flèche wallonne devrait encore offrir mercredi son pur sprint en côte, cet exercice si particulier, mais finalement si proche d’un emballage massif, dont Alejandro Valverde est le roi.
À Liège, des travaux de réfection de la route ont obligé les organisateurs à remplacer la trilogie Wanne-Stockeu-Haute Levée. Ils ont surtout revu leur copie dans le final : exit l’ascension de la rue Naniot à Liège, brièvement introduite l’an dernier et accusée d’avoir freiné toute ardeur offensive de par sa difficulté ajoutée tout près de l’arrivée. Et dès dimanche, sur l’Amstel, oubliez un règlement de comptes sur le Cauberg : l’ascension dont Gilbert est devenu le maître a été repoussée à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. Le principe est intéressant, bien plus que le raisonnement simpliste selon lequel une multiplication des difficultés dans le final décantera nécessairement la course : avec des parcours échappant aux stéréotypes, les coureurs ne peuvent que mieux disposer.
L’autre possibilité évidente est de réduire le nombre de coureurs par équipe, pour limiter la capacité des grosses formations à rappeler à l’ordre des tempéraments fougueux. Les organisateurs de Grands Tours mettent la pression à ce sujet, ajoutant l’argument de la sécurité des coureurs dans le débat. L’UCI n’est pas opposée au principe de cette réforme, c’est plutôt du côté des coureurs et des équipes que se concentrent les esprits récalcitrants. Mais dans la coulisse, pas sûr que les coureurs disposent.
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La Sky mène le peloton maillot jaune avec Julian Alaphilippe

Crédit: AFP

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