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"Ça fait 16 ans et je m'épuise" : Bassons quitte l'Agence française de lutte contre le dopage

Maxime Battistella

Mis à jour 12/12/2019 à 14:22 GMT+1

Engagé dans la lutte anti-dopage depuis 16 ans, l’ancien coureur cycliste Christophe Bassons va quitter l’Agence française de lutte contre le dopage le 1er janvier prochain. Dans un entretien accordé au site Spe 15, le Français explique son choix mercredi.

Christophe Bassons en 2017 à Périgueux

Crédit: Getty Images

Il avait osé briser l’omerta du peloton en 1999. En vingt ans, Christophe Bassons est devenu l’une des figures fortes en France de la lutte anti-dopage. Mais à partir du 1er janvier 2020, il ne diligentera plus de contrôles sur des sportifs de haut niveau au nom de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Dans un entretien accordé au site Spe 15, spécialisé sur le sujet, l’ex-coureur cycliste donne les raisons de cette décision lourde, au moins symboliquement.
Alors que sa mise à disposition auprès de l’instance s’achève le 31 décembre prochain, Bassons explique avoir fait un choix. "Soit j’optais pour un détachement auprès de l’AFLD pour un contrat de 5 ans, soit je restais au sein de la Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports, et de la Cohésion sociale de Nouvelle Aquitaine. J’ai fait le choix de laisser l’AFLD, car les missions proposées ne me satisfaisaient pas", expose-t-il en début d’interview.
La prévention et l'information n'intéressent pas l'AFLD
Puis, il entre dans les détails, estimant que son périmètre d’action jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 allait être réduit aux seuls contrôles. "Je me rends compte de l’évolution de la lutte anti-dopage au niveau international, de plus en plus vers le haut niveau. La prévention et l’information n’intéressent pas l’AFLD, ou l’Agence Mondiale, qui s’orientent vers ces sportifs internationaux. Moi, je suis convaincu que j’ai des choses à apporter en termes de prévention auprès des plus jeunes, par mon expérience. Notamment les âges précoces, où la personnalité change. Je ne me voyais pas lâcher ça."
Cette décision est aussi le fruit d’une frustration. Après 16 ans de combat, Bassons estime ne pas être assez efficace contre des sportifs de haut niveau désormais protégés par la judiciarisation des cas de dopage. "Aujourd’hui, ça fait 16 ans que je suis dans la lutte anti-dopage, et je m’épuise. Je reste évidemment sur quelques déceptions, de me rendre compte que des gens ont triché toute leur carrière et ne se seront jamais fait attraper. Ça me gêne, cela veut dire que je ne suis pas capable de faire apparaître la vérité. Ils sont sur des performances fausses", regrette-t-il.
"Les procédures sont beaucoup plus sur des détails, et au final, les affaires de dopage se jouent plus sur tapis vert, sur le plan juridique, plutôt que de savoir si la personne a triché ou pas. Ce qui m’importe, c’est l’acte de faire. C’est sûr qu’il faut le faire avec le juridique. Je laisse ça aux personnes compétentes dans ce domaine. Moi, je veux agir sur l’acte."
Si Christophe Bassons n’abandonne pas le combat contre le dopage, il ne sera donc plus sur celui des contrôles des sportifs de haut niveau. Sa lassitude, comme celle de tant d’autres avant lui, est le signe que le rapport de forces entre intégrité et enjeux financiers est plus que jamais d’actualité dans le sport de haut niveau.
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