Vaugrenard sort du bois

Benoît Vaugrenard s'est adjugé jeudi à Aurillac le titre de champion de France du contre-la-montre, sa première victoire en cinq ans de professionnalisme, pour avoir su laisser au vestiaire la pression qui le paralysait les années précédentes. "Avant, je me mettais trop de pression sur les Championnats de France et je me plantais", a expliqué cet éternel espoir de 25 ans, dont la 5e place dans la même épreuve en 2003 avait fait naître quelques illusions, jamais confirmées.

"Cette fois je n'avais pas du tout préparé ce chrono, je suis arrivé sans pression, en ayant de bonnes jambes", a avoué le Breton de la Française des Jeux, qui a devancé Dimitri Champion et Nicolas Vogondy au terme des 41,5 km de la course. En guise de mise en bouche, Vaugrenard avait participé la semaine dernière au Tour de Suisse, en se classant 8e du prologue et 24e dimanche d'un contre-la-montre de 33 km disputé sur un circuit vallonné un peu semblable à celui du Cantal.

"Ensuite, j'ai bien récupéré pendant deux jours, et aujourd'hui, je manquais encore de jus mais j'avais la force nécessaire", a-t-il admis. Vaugrenard, jeudi soir, confiait qu'il espérait bien étrenner son maillot tricolore tout neuf lors du prologue du Tour de France le 7 juillet à Londres. Car Marc Madiot, son manager à la Française des Jeux, a décidé d'attendre dimanche soir et les résultats des Championnats de France pour délivrer les dernières places sur le Tour.

"Je devais montrer que j'avais ma place au Tour de France ", a dit Vaugrenard, en racontant: "Hier soir (mercredi), j'ai préféré ne pas demander à Marc si j'étais sélectionné pour le Tour, j'ai voulu aller chercher cette sélection à la pédale". Nul doute que la médaille d'or pèsera lourd dans la balance au moment du choix. A la pédale, mais également à l'énergie et à l'expérience. Sur le sinueux et difficile circuit auvergnat, Vaugrenard est passé en tête à tous les temps intermédiaires. "Je me suis dit, si tu veux gagner il faut partir fort. Tant pis si tu t'écroules avant l'arrivée, mais il ne faut pas avoir de regrets. J'avais observé que Chavanel (vainqueur en 2005 et 2006) passait en tête de tous les temps intermédiaires..."

Les jambes ont été à la hauteur de la volonté et Champion, déjà considéré à23 ans comme un spécialiste de l'effort solitaire, a été relégué à 35 secondes. "Y'avait pas photo, aujourd'hui c'était Benoît le plus fort", a-t-il sportivement admis après la course. Le grand vaincu du jour est Christophe Moreau, présenté comme favori de ce chrono en l'absence de Sylvain Chavanel, qui avait préféré se préserver pour la course en ligne de dimanche. Moreau termine dixième, à plus de deux minutes du vainqueur. Il aura dimanche une chance de se rattraper, mais il sera, ce jour-là, l'un des hommes les plus surveillés du peloton.