Cyclisme - Critérium du Dauphiné : Paul Seixas (Décathlon-AG2R La Mondiale), une promesse après son top 10 sur le chrono et de l'excitation

Paul Seixas est pressé. Aligné sur le Critérium du Dauphiné, à seulement 18 ans, plutôt que sur des épreuves espoirs, le Lyonnais n'a pas de temps à perdre, et il l'a une nouvelle fois démontré sur le contre-la-montre mercredi, premier gros rendez-vous pour les leaders du Critérium du Dauphiné. Comme souvent, depuis que le coureur de la Décathlon-AG2R La Mondiale est entré chez les grands cette année, il n'a pas déçu. Avec une 10e place à 1'12". Un top 10 sur un chrono en World Tour, qui plus est sur une course comme le Dauphiné, ce n'est pas rien.

"Le chrono, ça ne triche pas. Quand tu marches en chrono, tu marches, c'est l'épreuve de vérité", a salué Steve Chainel, consultant Eurosport sur le plateau des Rois de la Pédale. A l'aise dans l'exercice - il est champion du monde juniors du contre-la-montre, en 2024 - il a fait parler la puissance, au point même de réaliser le 2e meilleur temps provisoire sur la ligne à Saint-Péray. Finalement, il reste un delta assez important avec les cadors, mais à seulement 18 ans, on a envie de dire "heureusement". Plus d'une minute sur Remco Evenepoel, le maître absolu du chrono, mais seulement 23 secondes sur Tadej Pogacar - certes pas dans son meilleur jour - mais cela suffit à classer la performance du jeune Français, qui est désormais 11e au général à 1'13" du Belge.

Après une première partie d'épreuve bien gérée, il a pu faire parler la puissance et les bonnes jambes qui sont les siennes en ce moment. "Je ne sentais pas mes jambes dès le départ, a expliqué la pépite française. Je me suis dit, il ne faut pas que je parte trop fort non plus, même si j'ai des bonnes sensations, je peux avoir un coup de mou." Il a en effet un peu flanché dans la dernière partie du parcours, sur le plat et avec le vent de face et a concédé du temps sur un rouleur comme Tobias Foss, ancien champion du monde de la discipline, qui le devance de seulement deux secondes au classement de l'étape.

Bien sûr, le parcours vallonné proposé ce mercredi avec la côte en plein milieu lui a aussi permis de faire parler sa polyvalence et ses talents de grimpeur. Jusqu'à se surprendre lui-même. "Je me sentais tellement bien dans la bosse que je pensais que mon capteur de puissance était faux", a-t-il plaisanté au micro de nos confrères de Direct Vélo. N'y voyez pas de l'insolence, juste un jeune coureur qui n'en finit plus d'épater, d'impressionner et de franchir les paliers les uns après les autres. 31e sur son premier chrono World Tour à l'UAE Tour en février dans des conditions défavorables, il a fait largement mieux sur le Dauphiné, signe d'un coureur en progression et en forme.

Sa performance sur le chrono est de très bon augure avant le week-end très montagneux qui se profile. Très en vue sur le non-moins escarpé Tour des Alpes, Paul Seixas a déjà prouvé qu'il pouvait jouer parmi les meilleurs chez les professionnels. Mais face aux Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard ou Remco Evenepoel, cela sera une autre paire de manches. "J'espère qu'il pourra jouer avec les leaders en haute montagne", a opiné Jacky Durand. Paul Seixas, lui, reste serein et confiant dans ses capacités. "Quand je vois les sensations d'aujourd'hui, j'espère que ça va continuer ainsi. Et puis après, je vais faire ce que je pourrais et je vais essayer de bien encaisser les étapes."

Ses capacités, on les connaît, mais on ne sait pas vraiment où fixer ses limites. Mais entre les chiffres à l'entraînement et la réalité d'une course d'usure, de résistance face aux meilleurs coureurs du monde, il y a un pas à franchir et peut-être qu'il atteindra un plafond de verre. L'enchaînement de cols comme la Madeleine, puis la Croix de Fer samedi sera déjà un bon révélateur d'où il en est aujourd'hui. Comme depuis son arrivée chez les grands, il a toujours répondu présent. Comme sur sa première arrivée au sommet à Jebel Jais sur ce même UAE Tour, il a obtenu une 11e place, à seulement 4 secondes de Tadej Pogacar. On peut espérer du très bon Paul Seixas, et si jamais la marche est trop haute, ce n'est pas grave. Rappelez-vous, il n'a que 18 ans.