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Deux courses pour le prix d'une ? Pas de dilemme, c'est fromage ET dessert !

Béatrice Houchard

Mis à jour 07/09/2018 à 13:04 GMT+2

Quelle belle époque que la nôtre ! L'abondance des images et des diffuseurs confère à l'amoureux du cyclisme un appréciable don d'ubiquité. Quitte à finir la journée presque aussi épuisé que les coureurs...

De Marchi sur la Vuelta, Greipel en Grande-Bretagne, les deux gagnants du jour.

Crédit: Eurosport

Béatrice Houchard était devenue journaliste pour pouvoir suivre le Tour de France. Hormis quelques étapes, elle a surtout fait le tour des meetings et des circonscriptions en suivant notamment six campagnes présidentielles pour La Nouvelle République, La Vie, Le Parisien, Le Figaro et l’Opinion. Auteur notamment de "Faut-il arrêter le Tour de France?" (Larousse, 2008) et de "Le fait du Prince" (Calmann-Lévy, 2018), elle renoue ici avec sa passion d’enfance.
Qu’on ne compte pas sur moi pour dire que c’était mieux avant. Dans aucun domaine. Et surtout pas dans celui des retransmissions des épreuves cyclistes à la télévision !
Mes premières courses, je les ai regardées sur l’écran en noir et banc des années soixante. En juillet, le direct venait casser en deux l’ennui des après-midis de vacances. Mais on était loin des étapes en intégralité ! Après le générique de l’Eurovision de Marc-Antoine Charpentier, on avait droit à la retransmission des vingt derniers kilomètres, re-générique et la suite le lendemain.
L’image était médiocre mais je revois bien l’échappée de Roger Pingeon à Jambes en 1967, la défaillance fatale de Tom Simpson (il fallut attendre le 20h pour apprendre qu’il était mort), le nez en sang de Poulidor en 1968, les premiers coups de massue de Merckx sur le peloton en 1969, la chute d’Ocana dans la descente du col de Mente en 1971, quelques jours après son exploit d’Orcières Merlette…
Bref, pas de regrets. Avec la couleur, internet, la fibre, la concurrence et la multiplication bienvenue des écrans, on est aux premières loges. Il arrive même qu’on puisse suivre deux courses en même temps. Fromage ET dessert. C’est la fête. On découvre même des courses comme le Tour de Grande-Bretagne, qu’on snobait par ignorance quand il s’appelait le Kellogg’s Tour ou le Milk Marketing Board. Au siècle dernier.
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Rythme fou, Pinot à l'attaque, De Marchi en solo : les moments-clés de la 11e étape

Mercredi après-midi, j’ai tenté l’expérience : suivre en même temps la 4e étape du tour de Grande-Bretagne (183,5 kms) et la 11e de la Vuelta (208,8 kms). L’une sur l’écran de télé, l’autre sur l’ordinateur. Tous les champions étaient là, pédalant en stéréo, Jungels, Greipel et Alaphilippe d’un côté ; Pinot, Yates et Mollema de l’autre. Quand il restait 55,9 kms à parcourir dans les Midlands, il fallait encore en faire 68,8 en Galice. Puis 28,9 d’un côté et 39,4 de l’autre. Et ainsi de suite jusqu’aux deux lignes d’arrivée. D’un écran à l’autre, on en avait le tournis, on confondait quelque peu les deux courses, voyant le prometteur Paul Ourselin progresser en Espagne et Vincenzo Nibali attaquer chez les Anglais. Seul point commun : les Quick Step, comme la veille (avec les victoires de Viviani et d’Alaphilippe) jouaient la victoire. Mais ça ne marche pas à tous les coups.
En Grande-Bretagne, entre Nuneaton et la station balnéaire de Royal Leamington Spa, le temps était couvert avec éclaircies. En Espagne, entre Mombuey et Luintra (St Jacques de Compostelle est à 120 kms) c’était soleil avec une superbe averse d’orage, qui vit le déluge s’abattre sur les hommes de tête alors que la ligne d’arrivée (3 kms plus loin) et le peloton (moins de 3 minutes derrière) restaient au sec.
En Espagne, on a surtout eu une fausse joie : très tôt, Thibaut Pinot avait attaqué, on le vit maillot rouge virtuel, on le rêva vainqueur d’étape. En vain. Dans les paysages encastrés des Canines del Sil, c’est De Marchi qui fit céder Restrepo. Dans les dix derniers kilomètres, le réalisateur avait même complètement oublié Pinot, invisible jusqu’à la ligne d’arrivée. Mais le Français n’était pas mécontent : il a eu "de bonnes sensations…"
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Pinot : "C'était un coup de poker, ça n'a pas marché, tant pis..."

En Grande-Bretagne, on ne voit pas beaucoup Chris Froome, très loin au général, mais les Sky ont mis les mains en bas du guidon à 5 bornes de l’arrivée. Par habitude, et pour préparer le contre-la-montre par équipes de jeudi. Et André Greipel, la bonne prise de l’équipe Fortuneo-Samsic pour la saison prochaine, l’a emporté comme dimanche dernier. Il restait 19 kms à pédaler sur la route de la Vuelta, où la victoire finale est loin d’être jouée.
Devant les deux écrans, à force de passer de l’un à l’autre, j’avoue que j’étais peut-être plus épuisée que les coureurs. Tant pis, demain je remets ça. J’aurais tellement aimé, en 1966, au retour du lycée, regarder en même temps le Tour d’Italie gagné par Gianni Motta et le critérium du Dauphiné Libéré où s’imposa Raymond Poulidor !
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