Trois courses et du flou

En première ligne, on serait tenté de mettre deux Espagnols, régulièrement désignés avant le rendez-vous néerlandais comme deux des principaux favoris: Joaquim Rodriguez (Katusha) et Alejandro Valverde (Movistar). Ils ont tous deux terminé au-delà de la 20e place dimanche. Pas vraiment là où on les attendait. C'est surtout vrai pour Purito, deuxième l'an dernier derrière Gilbert au sommet du Cauberg, et qui s'était montré à son avantage au Pays Basque. "Je n'étais pas au mieux, a-t-il admis, invoquant le froid comme explication. "J'en ai plus souffert que je ne le pensais, a-t-il ajouté. Je n'ai pas pu faire la différence dans le Cauberg. Nous avons parlé avec Freire et, comme il se sentait bien, nous avons décidé que c'était à lui de passer à l'attaque."

Valverde, lui, n'a pas non plus été en mesure d'accrocher le bon wagon dans le Cauberg. Mais des trois courses ardennaises, l'Amstel était déjà celle qui lui convenait le moins bien du temps de sa splendeur. C'est d'ailleurs la seule qu'il n'ait pas gagnée. Du coup, chez Movistar, on relativise ce semi-échec inaugural. "Il fera mieux dimanche prochain", assure-t-on dans son équipe. Autre déception de l'Amstel, Vincenzo Nibali, vraiment très loin du compte puisqu'il a fini à la 104e place, loin, très loin de son jeune coéquipier Peter Sagan, passé tout près de la victoire. Mais à Liège, dimanche, le rapport de forces entre les deux hommes pourrait s'inverser. Les côtes plus longues de la Doyenne lui conviennent mieux (deux Tops 10 en 2008 et 2011). Nibali passera en tout cas un test important puisqu'il doit décider s'il participe ou non au Giro après les Ardennaises.

Non. Le grand Gilbert, celui de 2011, évoluait dans une dimension qu'il n'approchera peut-être jamais plus. Le Liégeois avait atteint une forme d'état de grâce au printemps dernier. Personne ne pouvait le battre. Mais après un premier trimestre absolument catastrophique (une 15e place au Tour du Haut-Var en guise de meilleur résultat), le champion de Belgique retrouve peu à peu une condition plus que correcte. Sur l'Amstel Gold Race, pour la première fois, il est entré dans les dix premiers d'une course (6e) en 2012. Surtout, il a pesé sur les débats et c'est lui qui a déclenché les hostilités dans le Cauberg. Il lui a manqué 200 mètres. C'est à la fois peu et beaucoup sur le Cauberg. Moralement, il est reboosté. "Ça fait vraiment du bien d'être à nouveau devant", a-t-il confié. S'il continue d'aller crescendo, il peut viser une deuxième victoire de rang dans la Doyenne. Pour la Flèche, ce sera peut-être plus compliqué. Il risque de manquer d'explosivité sur le Mur de Huy. Mais Gilbert est de retour aux affaires, c'est une évidence.

Pas vraiment. Pour la Flèche, un Joaquim Rodriguez au top aurait vraiment le profil idéal pour s'imposer. Mais il devra montre autre chose que dimanche. Reste qu'avant l'Amstel, le jeu apparaissait déjà bien ouvert pour les Ardennaises. Surtout en comparaison des Flandriennes, où Tom Boonen, d'abord avec Fabian Cancellara, puis tout seul, focalisait l'attention. Idem par rapport à la campagne ardennaise 2011, où tout tournait autour du seul Gilbert. Après l'Amstel, c'est… encore plus ouvert. Parce que Gilbert a repointé le bout du guidon. Parce qu'un outsider s'est imposé (Enrico Gasparotto). Parce que certains favoris ont coincé dimanche (Rodriguez et Valverde notamment). D'autre part, aucune équipe ne semble vraiment avoir les moyens de cadenasser la course. Du coup, la Flèche Wallonne, et même Liège-Bastogne-Liège dans une certaine mesure, font l'objet d'une convoitise élargie. Il y a un an, chacun avait le sentiment de courir pour la deuxième place derrière Gilbert. Cette année, personne n'est au-dessus du lot et il n'est pas du tout impossible que ces Ardennaises s'achèvent avec trois vainqueurs différents. Du coup, les appétits s'aiguisent.