Peter Sagan tient sa victoire en arc-en-ciel

Ça, c'est fait. Peter Sagan n'avait plus levé les bras depuis son titre de champion du monde à l'automne dernier. Le Slovaque a pour la première fois gagné avec le maillot arc-en-ciel sur le dos, dimanche, en enlevant Gand-Wevelgem pour la deuxième fois de sa carrière, trois ans après sa première victoire. Sa pointe de vitesse a fait la différence dans le final à quatre avec Sep Vanmarcke (Lotto-Jumbo), Andrey Kuznetsov (Katusha) et Fabian Cancellara (Trek), devancés dans cet ordre sur la ligne d'arrivée par le coureur de la Tinkoff.

Comme prévu, c'est dans le Kemmel que la course a basculé, sous le double coup de force imposé par Cancellara puis Sagan, qui ont fait exploser le peloton. Les deux hommes forts se sont isolés à l'avant avec Vanmarcke et Kuznetsov. Ce quatuor a gagné son duel à distance avec ce qui restait du peloton, prenant 30 puis 45 secondes d'avance. "On a très bien collaboré dès le début avec Fabian", a noté Peter Sagan. Derrière, personne n'a vraiment pu organiser la poursuite, à l'image des Etixx-Quick Step, battus et piégés, notamment leur leader Tom Boonen.

On a longtemps redouté pour Sagan qu'il n'en fasse trop dans les 20 derniers kilomètres. Le champion du monde a assuré l'essentiel des plus gros relais avec Cancellara, jusqu'à ce que les deux hommes décident de couper leur effort dans les deux derniers kilomètres. Le grand bluff a alors commencé et ni Vanmarcke ni Kuznetsov n'ont voulu relayer. "On a ralenti mais on l'a fait parce que nous avions beaucoup d'avance sur le peloton", a expliqué le vainqueur.

Battu dans un mano a mano par Michal Kwiatkowski vendredi lors du Grand Prix E3, le maillot arc-en-ciel n'a cette fois pas laissé filer sa chance. Mais il a dû s'employer face à Kuznetsov qui, après être resté au chaud, a lancé le sprint en puissance aux 200 mètres. Le Russe a entrevu la victoire mais il a finalement été débordé par Sagan puis Vanmarcke. "Je suis vraiment très heureux de finalement gagner avec le maillot arc-en-ciel", a souri le champion du monde, avant de dédier sa victoire "au père de mon (son) amour, qui traverse une période difficile".

Le peloton est finalement venu mourir à quelques encablures du groupe de quatre et c'est Arnaud Démare qui a dominé ce sprint pour la 5e place, devant Fernando Gaviria, dont la 6e place ne consolera certainement pas les Etixx. S'il a été trop juste dans l'infernal Kemmel pour emboîter le pas de Sagan et Cancellara, Démare confirme huit jours après sa victoire sur Milan-Sanremo qu'il est un des clients de ce début de printemps. Paris-Roubaix, dans deux semaines, s'annonce bien pour le Picard. Sagan, lui, se tourne déjà vers le Tour des Flandres, où il briguera dimanche prochain son premier monument.