Basso fortissimo !

A vrai dire, on attendait un peu plus de suspense de la part du Monte Zoncolan. Symbole du Giro moderne pour certains, ascension la plus difficile d'Europe pour d'autres, il devait, avec ses pentes monstrueuses, être le théâtre d'une explication de texte entre les prétendants à la victoire finale. Au lieu de ça, c'est plutôt un one-man-show auquel ont assisté les dizaines de milliers de tifosi massés sur les bords de la route. La star du spectacle? Ivan Basso, vainqueur de l'épreuve en 2006 et sevré de victoires d'étape sur celle-ci depuis, si on excepte le contre-la-montre par équipes de cette édition.

Son succès, Ivan Basso l'a construit sur trois ou quatre accélérations seulement, chacune écrémant un peu plus ses adversaires. Trois kilomètres après le début de l'ascension, à 7 km de l'arrivée, son coéquipier Vincenzo Nibali (Liquigas), Alexandre Vinokourov (Astana) et David Arroyo (Caisse d'Epargne), le maillot rose, lâchent. Les cinq échappés dont Jérôme Pineau, décidemment très en verve, sont gobés. Seuls Cadel Evans (BMC) et Michele Scarponi (Androni) se cramponnent. Ce dernier lâche à la deuxième couche tandis que l'Australien résiste encore. Il rend les armes à 4km du but, cède 30 secondes sur 500m à Basso, inexorablement lancé vers la victoire.

Au final, Basso termine avec 1'19 d'avance sur Evans et se replace en 3e position au général (à 3'33), toujours dominé par David Arroyo. L'Espagnol a fait l'ascension à son rythme et n'a pas perdu grand-chose sur le vainqueur du jour (3'50). En revanche, son maillot rose ne devrait pas résister au contre-la-montre de mardi, l'ascension du Plan de Corones (12 km). Si l'on excepte Richie Porte (Saxo Bank), toujours dauphin, tous les favoris se sont rapprochés derrière Basso: Carlos Sastre 4e à 4'21, Cadel Evans 5e à 4'43, Alexandre Vinokourov 6e à 5'51 et Vincenzo Nibali 7e à 6'08.

Ce succès d'Ivan Le Terrible risque de faire couler un peu d'encre. Pourquoi? Parce qu'il y a encore deux ans, Ivan Basso était suspendu et sans équipe. Parce que l'an dernier, il traversait l'épreuve dans un relatif anonymat malgré une cinquième place au général. Cette année, la Liquigas est sur tous les fronts et lui avec, même si Nibali le cachait quelque peu jusque-là. Le Varésan n'est plus masqué. Il devrait encore être l'objet de toute les attentions sur le Plan de Corones mardi et lors des dernières étapes de montagne. S'il n'a pas encore Giro gagné, Ivan Basso a montré ce dimanche qu'il était bien le mieux placé pour arriver en rose à Vérone le 30 mai.