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Pozzato : "Sans Boonen, j'aurais gagné Roubaix, les Flandres et un autre Sanremo"

Benoît Vittek

Mis à jour 14/03/2017 à 11:23 GMT+1

MILAN - SANREMO - Onze ans après son plus grand fait d'armes, sur la Primavera, Filippo Pozzato (Willier Triestina) espère toujours récidiver. L'occasion de soigner son statut au panthéon des coureurs de classiques, dans l'ombre de Fabian Cancellara et Tom Boonen. A quelques jours de la Classicissima, il évoque avec nous sa carrière, ses rivaux et sa vision du cyclisme d'aujourd'hui.

Filippo Pozzato et Tom Boonen sur le podium du Tour des Flandres, en 2012.

Crédit: AFP

À défaut de succès, Filippo Pozzato a toujours une aura unique au sein du peloton. Le champion italien n'a plus levé les bras depuis le Grand Prix de Plouay 2013. Mais il reste une attraction, star du récent Tour de Langkawi qu'il découvrait en février dernier, à 35 ans, et invité avec l'équipe Willier Triestina à disputer les prochains Milan - Sanremo et Tour des Flandres. Après tout, Pippo est le dernier Italien à avoir triomphé sur la Primavera, en 2006. Surtout, il fut un fier représentant d'une génération dorée sur les classiques, celle de Fabian Cancellara et Tom Boonen.
Quelles sont vos ambitions dans ce début de saison ?
F.P. : Mon grand objectif, c'est Sanremo, évidemment. C'est la meilleure course pour moi, et c'est la plus importante pour l'équipe. Je l'ai gagnée, j'ai fini deuxième, cinquième, sixième… Parfois j'attaque dans le final, tous les ans je tente ma chance. Cette course, c'est mon rêve depuis que je suis tout petit. Je suis Italien, c'est normal.
Vous pensez toujours avoir les jambes pour l'emporter ?
F.P. : Les jambes vont bien mais il est devenu difficile de s'imposer car il y a trop de sprinteurs dans le final. L'an dernier, je suis resté à l'avant et j'ai fini huitième après une chute devant moi. En 2008, Cancellara était trop fort dans le final. Ce n'est pas un bon souvenir. "Cance" est un bon ami, il m'a encore envoyé trois messages récemment mais je suis heureux quand c'est moi qui gagne et pas lui (rires).
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18 mars 2006 : la consécration pour Pippo Pozzato, triomphant sur Milan-Sanremo, la course de ses rêves.

Crédit: Panoramic

Prendrez-vous votre retraite en cas de victoire à Sanremo ?
F.P. : Je veux gagner cette année et, après, je verrai ce qui est le mieux.
Mon seul problème, c'est que le cyclisme a trop changé
Combien d'années de cyclisme vous reste-t-il ?
F.P. : Normalement, je dois pouvoir faire deux ans et ensuite j'arrête. J'aime trop le cyclisme et les jambes sont toujours bonnes. Tant qu'on a la motivation pour s'entraîner, on n'est pas vieux. Mon seul problème, c'est que le cyclisme a trop changé. La nouvelle génération se comporte différemment en course. La course part très vite et ensuite ils n'ont plus les jambes dans le final. Je suis plus fort qu'il y a cinq ou six ans mais le niveau est trop élevé maintenant. Avant sur Sanremo, il y avait une dizaine de vainqueurs potentiels, maintenant 25 coureurs peuvent l'emporter.
Vous allez bientôt perdre l'un de vos meilleurs ennemis, avec la retraite de Tom Boonen…
F.P. : Je lui ai parlé, il m'a invité à son jubilé du 29 avril. Et on me pose beaucoup de questions sur lui parce que, avec Flecha, Ballan, Freire et Cancellara, je suis l'un des coureurs à être monté le plus souvent sur le podium avec Tom. Il est évidemment un immense champion, l'un des cinq plus grands coureurs de l'histoire des classiques.
C'est un privilège d'avoir couru avec cette génération ?
F.P. : J'aime ça, Boonen et Cancellara sont deux des plus grands champions de l'histoire. Sans Tom, j'aurais gagné Roubaix, le Tour des Flandres et un autre Sanremo. Mais c'est le cyclisme et je préfère être deuxième derrière un grand champion. Gagner devant un coureur qui n'est pas un champion… Je n'aime pas ça.
Quel est votre plus grand souvenir avec Tom Boonen ?
F.P. : Quand j'ai gagné Sanremo, il était très heureux pour moi. Mais je pense que mon meilleur Tour des Flandres, c'est en 2006, quand il a gagné après que j'ai travaillé à l'avant du groupe pendant les 40 derniers kilomètres. Je pense que c'est le Ronde où j'avais les meilleures jambes pour l'emporter mais la meilleure option pour l'équipe était que nous travaillions tous pour Tom. Il était le meilleur coureur belge, dans une équipe belge. C'est normal.
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Filippo Pozzato, lors de sa dernière victoire, au Grand Prix de Plouay, à l'été 2013.

Crédit: Panoramic

Je suis fort, mais il me faut quelqu'un qui me comprenne
Comment se souviendra-t-on de vous ?
F.P. : Je pense que je suis un très bon coureur, mais pas au niveau de Fabian ou Tom, c'est sûr. Ils sont un cran au-dessus. Pas par leur talent, mais du fait des circonstances. C'est le cyclisme, c'est la vie.
Quel genre de circonstances ?
F.P. : Je pense que Fabian a été très chanceux en 2010, quand il a eu ses problèmes avec Riis (NDLR : Cancellara a quitté l'équipe de Bjarne Riis après avoir remporté deux Paris - Roubaix, un Milan - Sanremo, un Tour des Flandres et de nombreux succès sur le Tour de France sous la direction du Danois). Il a trouvé la solution avec Guercilena (Luca, manager de l'équipe Trek) pour rester au sommet.
Pourquoi ces fameuses circonstances n'ont-elles pas été aussi favorables pour vous ?
F.P. : Ç'a été compliqué pour moi, je ne suis pas quelqu'un de facile (rires). Je suis fort, mais il me faut quelqu'un qui me comprenne. Dès 2004, ça s'est mal passé avec Giancarlo Ferreti (manager emblématique de la Fassa Bortolo) et ensuite beaucoup de problèmes en dehors du vélo ont affecté ma carrière. Je ne me cherche pas d'excuses, j'ai un regard objectif sur ma carrière. Je l'accepte parce que j'ai suffisamment d'expérience. J'ai compris le problème et ça peut servir pour d'autres mecs dans le futur.
Vous voulez rester dans le cyclisme après avoir raccroché le vélo…
F.P. : Mon rêve est de construire une grande équipe. Je veux une grande équipe capable de gérer ce genre de problèmes. Trop souvent, on jette à la poubelle des coureurs talentueux dès qu'il y a un problème : "Oh, c'est un coureur de m****, je vais en prendre un autre". Je pense que c'est particulièrement vrai en Italie. Mon rêve, c'est d'amener tous les coureurs de l'équipe, du dernier au plus talentueux, à 110% de leurs possibilités. J'apporterai mon expérience pour cela.
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Filippo Pozzato, en 2017, lors du Tour d'Oman, sous les couleurs de l'équipe Willier Triestina.

Crédit: Panoramic

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